D’après le site ORECA : Qu’elle agisse en qualité d’écurie de course, en tant que constructeur de prototypes LMP ou en tant qu’agence évènementielle, ORECA entretient une indéfectible relation passionnée et passionnante avec les 24 Heures du Mans. Une histoire qui a démarré voici très exactement 40 ans.
Ce 11 juin 1977, lorsque l’Alpine A442 bleue et blanche #16 se présente sur la grille de départ des 24 Heures du Mans, Hugues de Chaunac est très loin d’imaginer qu’il vient d’écrire la première page du plus important chapitre de l’histoire d’ORECA. Car si le fondateur du Groupe ORECA a toujours eu en tête de disputer cette épreuve, il n’imaginait pas à quel point l’épanouissement à venir de son entreprise serait aussi lié à cette mythique compétition. Cette année, ORECA sera présent pour la 23ème année aux 24 Heures du Mans au travers du support opérationnel avec le Toyota Gazoo Racing et de la présence de quatorze prototypes sortis de ses ateliers. Une fierté pour l’entreprise mais avant tout un grand bonheur pour le passionné de défis qu’est Hugues de Chaunac. L’occasion de revenir avec lui sur cette première participation aussi historique…qu’expéditive !
Dans quelles circonstances est née cette toute première participation en 1977 ?
« Personnellement, j’ai toujours eu un intérêt pour cette épreuve, pour ne pas dire une fascination, tout particulièrement autour de l’époque Matra. C’est très certainement cette belle histoire qui a fait que j’ai voulu à mon tour m’impliquer dans cette épreuve. Mais l’envie est une chose, le faire une autre… Et il y a eu cette opportunité au printemps 1977 avec Renault. Avec eux, ainsi qu’avec Elf, nous étions partenaires sur le programme en Formule 2 depuis deux ans et cette année-là, nous faisions rouler Didier Pironi et René Arnoux, avec de très bons résultats d’ailleurs. Quelques semaines avant l’épreuve, Renault a décidé d’engager une voiture supplémentaire. Compte tenu de la proximité de nos liens, ils m’ont proposé d’aligner cette voiture, ce qui était une opportunité exceptionnelle. Même si nous n’étions qu’à six semaines de l’épreuve, j’ai bondi sur l’occasion. »
Quel souvenir gardez-vous de cette première participation ?
« La décision a été prise très tard, peut-être même trop tard. L’organisation a dû être mise en place de manière très rapide, ce qui nous a probablement pénalisés dans notre préparation, même si à l’époque, la gestion d’une voiture pour les 24 Heures du Mans n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Nous sommes arrivés au Mans avec presqu’aucune expérience mais avec un enthousiasme débordant que seule une opportunité exceptionnelle comme celle-ci peut vous procurer. C’était un peu osé, mais je ne regrette pour rien au monde d’avoir plongé dans cette aventure certes un peu précipitée !»
Un enthousiasme qui aura pris fin dès le premier tour…
« En effet, l’aventure s’est terminée peu après le départ, dans le premier tour… et avec une voiture en feu ! A l’époque, nous étions en charge de l’exploitation de la voiture et Renault avait délégué des ingénieurs et des mécaniciens pour s’occuper de la partie moteur. Après investigation, il s’est avéré qu’un de leurs mécaniciens motoriste n’avait pas serré une durite d’huile et sitôt le départ de la course donné, celle-ci commençait à couler le turbo, ce qui a logiquement provoqué un début d’incendie. Forcément, cela a été une grosse désillusion pour nous car nous n’avons même pas eu le temps de participer à la course, ce qui était évidemment très frustrant. L’équipe n’y était pour rien mais d’une certaine manière cela nous a encore plus motivé à revenir dans cette épreuve quelques années plus tard, avec la BMW M1. Quelle qu’ait été l’issue de cette première participation, nous serions revenus de toute façon, cette course m’intéressait vraiment. »
40 ans après, comment percevez-vous l’évolution de cette course ?
« A l’époque, nous étions venus avec notre petit commando de Formule 2, une douzaine de personnes, avec les gens de Renault. Ça n’avait rien à voir avec aujourd’hui où les moindres détails font l’objet de beaucoup d’attentions et nécessitent donc plus de personnes, plus de compétence et donc plus de moyens. On a l’habitude d’entendre qu’aujourd’hui, les 24 Heures sont vraiment un sprint et je mesure à quel point c’est juste car aujourd’hui, la priorité des priorités est de passer le strict minimum de temps aux stands, alors qu’à l’époque, les voitures étaient beaucoup moins fiables et la gestion du temps de réparation était une partie intégrante de la course. Il fallait évidemment limiter ce temps, mais d’un autre côté, on savait que nous allions devoir rester aux stands à un moment ou à un autre, ne serait-ce que pour changer les freins par exemple. Aujourd’hui, le niveau est tellement élevé que la fiabilité doit être à l’avenant. La moindre voiture qui est reculée dans son stand perd généralement de grosses chances de l’emporter. S’il y a une constante par contre, c’est l’engouement autour de cette épreuve. Les duels mythiques avec les grandes marques, Ford, Porsche, Ferrari, Matra, Renault, Toyota, Peugeot, Audi… Les voitures changent, la technologie évolue mais l’intérêt pour le grand public ne faiblit aucunement. »
Si l’on vous avait dit ce 11 juin 1977 que 40 ans plus tard, 14 voitures sorties des ateliers d’ORECA seraient au départ des 24 Heures 2017, comment auriez-vous réagi ?
« Tout d’abord, j’étais loin d’imaginer qu’ORECA aurait une aussi longue vie ! Nous avons depuis cette époque structuré, consolidé l’entreprise pour qu’elle soit pérenne dans le temps, ce qui n’est pas simple dans un milieu tel que celui du sport automobile. Grâce à cela, nous avons pu atteindre des objectifs sportifs, ce qui était un premier but pour moi. L’un de mes autres rêves, c’était de construire des voitures de course, des voitures qui puissent gagner. Nous avons fini par y arriver. Il y a eu des victoires dans d’autres courses avec l’ORECA 01, puis la 03… et avec la 05 nous avons gagné les deux dernières éditions des 24 Heures du Mans en LM P2, mais de là à penser que nous en arriverions là… Il y a un an encore, jamais je n’aurais pensé que nous aurions quatorze voitures au départ. C’est une magnifique surprise, qui nous donne aussi des responsabilités et dans ces moments-là, pas question de se reposer sur nos lauriers. »