Loïc Duval, de par son programme DTM avec Audi Sport, s’est fait un peu plus rare dans les paddocks d’Endurance ces dernières années. Après une belle saison 2018/2019 en WEC avec TDS Racing, il était de retour cette année en European Le Mans Series sur l’ORECA 07 #24 d’Algarve Pro Racing en compagnie de Henning Enqvist et Jon Lancaster. Endurance Info l’a rencontré pour aborder tous les sujets du moment avec lui : ELMS, IMSA, DTM, 2021 et Peugeot avec Le Mans Hypercar. Il y a répondu en toute franchise…
Qu’est ce qui vous a amené à intégrer Algarve Pro Racing en ELMS cette saison ?
« J’ai déjà toujours eu la volonté de garder un pied en Endurance parce que c’est ce que j’aime faire le plus. Quand le programme Audi LMP1 s’est arrêté fin 2016, j’avais très certainement une opportunité avec Toyota Gazoo Racing pour les rejoindre en 2017. Cependant, cela ne s’est pas fait car j’avais une course de DTM le jour des 24 Heures du Mans. A la fin de cette année-là, j’ai pu rouler avec G-Drive Racing à Bahreïn et, à cette occasion, j’ai rencontré François (Perrodo) et Matthieu (Vaxiviere) qui m’ont demandé si j’étais disponible pour la saison 2018/2019 du WEC.
J’ai accepté, cela m’a permis de continuer à rouler en Endurance dans une bonne équipe, TDS Racing, et on avait de la performance. On savait que, sur le papier, on ne pouvait pas gagner par rapport aux équipages de pointe, mais on signe une belle 3e place aux 24 Heures du Mans 2019 à la régulière. Je crois que c’est le seul podium d’un pilote Bronze en LMP2 au Mans. Ce fut en tout cas une très belle aventure humaine et, comme on avait une super voiture, on a pu montrer ce que l’on savait faire. Je réalise la pole position en 2018 en LMP2 au Mans avant qu’elle ne me soit retirée car je n’étais pas passé à la pesée au bon moment. Après, j’ai eu la pole en 2019 car cette fois-ci c’est un autre concurrent qui n’était pas passé à la pesée ! En tout cas, deux belles qualifications, de beaux relais et surtout cette belle performance au Mans l’an dernier.
Ensuite, François a décidé d’arrêter le LMP2 pour retourner en GTE. En parallèle, j’avais le DTM et Goodyear m’a alors contacté car le manufacturier souhaitait que je les rejoigne eux et Algarve Pro Racing pour les aider un petit peu sur le développement. Je savais qu’il y avait tout à faire avec l’équipe car elle est jeune, qu’il n’y a pas beaucoup de moyens par rapport aux meilleurs teams. J’étais conscient qu’il n’y avait pas grand-chose à gagner, qu’il n’y aurait pas d’opportunité de remporter des courses, mais cela me permettait de rouler, d’être dans le paddock Endurance et de faire du développement. Et puis, il y a eu les Etats-Unis et je suis hyper content de ma saison car c’est ce que j’aime faire !»
Êtes-vous satisfait ou déçu de votre saison même si vous avez manqué une course ?
« Le bilan en termes de résultats est décevant parce que, en toute honnêteté, nous ne sommes pas encore au niveau des Michelin. C’est toujours dur de se déplacer sur un week-end de course en sachant que cela va être compliqué. Chaque meeting peut être différent en fonction des conditions de piste, de la météo, des températures, mais quand on regarde sur l’année, les Goodyear ont été en-dessous des Michelin. C’est dommage, mais en même temps nous étions là aussi pour faire progresser les choses et le travail a été intéressant. Au niveau sportif, ce n’est donc pas top, mais au niveau du travail fourni, c’était plutôt bien. Je le rappelle, c’est une équipe jeune. Sur les deux premières courses, j’ai eu un ingénieur, sur la 3e je n’en avais pas et à Portimão, c’était un autre ingénieur. A l’atelier ce sont des freelances et il est difficile d’avoir les mêmes personnes sur la préparation de la voiture.
Cela manque un peu de régularité, il y a eu quelques cafouillages et c’est ce que l’on retrouve souvent dans des équipes jeunes où il y a énormément de bonne volonté, mais où, au niveau structure, il n’y a pas de constance, on est en-dessous au niveau budget par rapport à certaines autres écuries et c’est un point important. Tout cela fait que ça a été compliqué. Il y a eu des choses intéressantes, mais cela a été énormément en dents de scie. Ce fut assez dur pour moi aussi car ce n’est pas quelque chose à laquelle j’ai été habitué avec les équipes usines que j’ai connues auparavant. Ce fut une belle saison néanmoins, mais je n’en referai pas d’autres comme cela ! »
Deuxième chapitre, l’IMSA. Vous étiez le 3e pilote chez Mustang Sampling Racing sur la Cadillac DPi #5 en Michelin Endurance Cup. Vous n’avez pas beaucoup roulé dans ce championnat dans votre carrière. Aimez-vous cette série ?
« C’est tout simplement top et pour plusieurs raisons. C’est tout d’abord un championnat qui est hyper relevé. Ensuite, avec les courses à l’américaine, on est toujours dans le match. Pour finir, ils ont des circuits à l’ancienne et ça, c’est génial. Il est vrai que je ne connaissais pas beaucoup l’IMSA.
Daytona s’est globalement bien passé. Il faut savoir que, au tout début lorsque les choses se sont mises en place, j’étais en discussion avec Action Express Racing qui faisait rouler cette auto avec Mustang Sampling. Finalement, le sponsor est parti d’Acton Express et, au dernier moment, au mois de décembre, ils m’ont recontacté en me demandant si je voulais faire les courses d’Endurance IMSA. Tout s’est donc fait assez tard. L’objectif fixé était de faire un podium cette année et on en a fait plusieurs dont un à la course la plus importante pour eux, Daytona ! Pour ma part, j’avais un bon rythme, c’était bien et cela s’est très bien passé avec l’équipe.
Je suis ensuite arrivé à Petit Le Mans, à Road Atlanta, en étant rookie (rire) et ce n’est pas le circuit le plus simple au monde à découvrir. Me retrouver dans la peau d’un débutant, sur un tracé pas simple alors que tout le monde le connait, m’a remis dans une situation particulière, je n’étais pas dans ma zone de confort et, ça, c’était très intéressant. Petit Le Mans a plus été une phase d’apprentissage pour moi, un peu moins bien en vitesse pure, mais j’ai fait de bons relais. Content car j’avais beaucoup de choses à apprendre dont le circuit et il y a eu peu de roulage avant la course. Ce fut génial même si on ne fait que 4e et qu’on rate le podium de peu.
Il y a plein de choses à développer avec cette écurie. Si l’on compare Algarve Pro Racing et JDC Miller, ce sont deux équipes jeunes qui n’ont jamais eu beaucoup de moyens. Clairement chez JDC, qui fait rouler une voiture performante, la Cadillac DPi, il y a des sponsors qui sont en place comme Cadillac, via le support financier de la marque, et Mustang Sampling, mes coéquipiers sont tous des pilotes professionnels. Voilà, il y a une dynamique qui fait qu’il y a des choses intéressantes à prévoir. »
Et votre relation avec vos deux coéquipiers IMSA, Sébastien Bourdais et Tristan Vautier…
« Cela se passe très bien, il y a une bonne dynamique. Sébastien est hyper professionnel et il y a de la frustration quand cela ne gagne pas, c’est certain. Mais il est content du travail qui a été fait tout au long de l’année. En plus, il vient de finir 4e en IndyCar Series à St Petersburg et c’est cool. Tristan est un mec top qui connait très bien la voiture et l’équipe car cela fait un moment qu’il roule là bas. Il a un peu plus la chance de montrer ce qu’il sait faire, donc c’est bien pour lui. Maintenant, pour moi, ce sont les 12 Heures de Sebring ce week-end… »
A suivre…