Loïc Duval (part 2) : “Sur la liste de Peugeot, il y a beaucoup de pilotes, mais il y a aura peu d’élus !”

Après les chapitres ELMS avec Algarve Pro Racing et IMSA avec Mustang Sampling Racing traités dans la première partie (ICI), Loïc Duval aborde les sujets du DTM, de l’importance de sa victoire au Mans en 2013, de son avenir et de la catégorie Le Mans Hypercar dans laquelle Peugeot sera bientôt impliquée…

En IMSA, on voit plus souvent la Cadillac DPi  #31 d’Action Express Racing devant la votre. Vous avez pourtant un super équipage. Qu’est ce qui fait la différence ?

« Certes, il y a du travail car nous ne sommes pas à la hauteur d’Action Express Racing pour le moment. Les différences sont au niveau du développement et de la connaissance de la voiture. Ils ont une équipe technique qui est en place depuis longtemps. Chez JDC Miller, nous sommes en train de travailler là-dessus pour essayer de nous renforcer. Le problème a été identifié et est connu chez nous, mais il reste du travail. Il ne faut pas oublier que c’est une base Dallara, une auto que je connais moins. Pour guider l’équipe, j’ai aussi besoin d’un petit peu de temps. Il y a beaucoup de paramètres à mettre en place. Action Express Racing est une structure qui est là depuis très longtemps. On ne peut pas arriver comme cela et gagner. Soit les mecs sont mauvais et une nouvelle équipe arrive avec de nouveaux pilotes et ils sont tout de suite plus vite. Soit les mecs sont bons, et c’est justement le cas d’Action Express, et comme ils connaissent la caisse par cœur, ils ont une certaine avance. C’est à nous de bosser pour combler le retard. »

Vous avez manqué une manche de DTM cette année pour pouvoir faire Petit Le Mans. Est-ce que cela veut dire qu’on va vous revoir l’an prochain en IMSA, peut être même comme pilote à temps complet ?

«Il y a beaucoup plus de pourcentages de chance de me voir en IMSA qu’en DTM. La version du DTM qui sera adoptée l’année prochaine n’est pas quelque chose qui m’intéresse, même si j’aurais peut être la possibilité de le faire. Cela ne me branche pas, je veux rouler dans des voitures qui me plaisent. L’IMSA est un championnat qui m’attire et il est vraiment qu’il y a des chances que j’y sois l’année prochaine. »

Troisième chapitre, le DTM. Que pensez-vous de l’arrêt d’Audi ?   

« L’arrêt d’Audi ne m’a pas vraiment surpris. Le championnat DTM était bancal depuis quelques années maintenant. L’arrêt du programme LMP1 a été dur à digérer car ce fut une très belle période pour moi. Quand on sait qu’on est en mesure de gagner les 24 Heures du Mans chaque année et que tout s’arrête, c’est compliqué. J’ai alors intégré Audi Sport DTM en 2017 et, déjà dans le courant de l’année, on apprend que Mercedes va arrêter. Là, on se dit que le championnat est fini. Finalement, fin 2018, on apprend qu’Aston Martin arrive en DTM, mais fin 2019 c’est déjà fini ! Ensuite il y a l’annonce de l’arrêt d’Audi. Donc, pas une surprise, mais déçu car c’était un beau championnat et un bon programme.

@Audi

Par contre, cette décision a été bien plus facile à accepter et digérer car ce n’est pas un championnat que j’affectionne particulièrement et dans lequel je me suis éclaté ou amusé. Cependant, j’ai beaucoup d’affection pour la marque Audi, pour les gens avec qui j’ai travaillés, mais je trouve que c’est un championnat qui est très faussé. Donc pas déçu de ne plus y être, mais par contre très triste de voir mon histoire avec Audi Sport très vraisemblablement s’arrêter. Maintenant, le seul programme que va avoir Audi sera la Formula E avec deux pilotes (Lucas Di Grassi et René Rast, le champion DTM 2020 qui a remplacé Daniel Abt, ndlr). On est passé de l’époque où nous étions 25 pilotes sous contrat à deux aujourd’hui ! »     

@Audi Sport

Vous verra-t-on un jour en GT3 comme dans la nouvelle mouture du DTM ?      

« Ah l’option GT3… Pendant des années, on m’a demandé si je voulais disputer les 24 Heures de Spa, les 24 Heures du Nürburgring, je n’ai jamais accepté car ce ne sont pas des voitures qui m’attirent. Le championnat GT3 est très beau, il y a de belles bagarres, de belles courses, je trouve cela plaisant à regarder, mais cela ne m’attire pas d’être derrière le volant d’une GT3. Il y a donc des choses, par rapport à ce que j’aime, plus intéressantes comme en sport prototype. C’est pour cela que je préfère cela ou du Super GT au Japon, ces catégories me font plus vibrer que le GT3. »

Quatrième chapitre. Le sport prototype et Le Mans sont deux choses qui vous tiennent à cœur. Peugeot revient en WEC et aux 24 Heures du Mans via Le Mans Hypercar. Où vous placez-vous dans tout cela ? Avez-vous déjà eu des contacts ?

« C’est forcément quelque chose qui m’intéresse par rapport à tout ce que j’ai pu dire avant. Comme je l’ai mentionné, l’Endurance, c’est ce qui me plait le plus. J’ai eu la chance de gagner les 24 Heures du Mans au général avec Audi (2013), je sais ce que c’est et j’ai tout simplement envie de les regagner car je connais ces sensations et ce sentiment de satisfaction. Après, chez Peugeot, ils ont plein de gens compétents en place pour analyser et prendre des décisions. Ils feront leurs choix au niveau des pilotes. Il n’y a pas grand-chose de plus à faire pour nous, pilotes, pour le moment. Les chronos, les relais, l’expérience parlent d’eux-mêmes et tout cela rentre en ligne de compte. Il y a aussi un critère important qui est la relation humaine avec des gens qui ont envie de travailler avec toi. Je pense que sur la liste de Peugeot, il y a beaucoup de pilotes, mais il y a aura peu d’élus ! On verra bien ce qui en ressortira ! »

Le Mans 2013

Vous faites souvent référence à votre victoire aux 24 Heures du Mans 2013. A quel point a-t-elle été un booster, un déclencheur dans votre carrière ?

«Elle a été dans la continuité. J’ai eu beaucoup de belles années aux 24 Heures du Mans. Cela a commencé en 2008 avec ORECA qui venait de racheter Courage Compétition. Ils m’ont convié à disputer cette course, c’était ma première, je me suis rendu compte de ce que c’était. Ce fut une très belle épreuve où l’objectif de terminer a été atteint (8e au général avec Soheil Ayari et Laurent Groppi, ndlr). On n’avait peu d’expérience, peu de connaissances et on faisait face aux Pescarolo. Je remets cela en 2010 sur la Peugeot 908 HDi d’ORECA. On fait un très bon Le Mans (avec Olivier Panis et Nicolas Lapierre, ndlr) et je pense que c’est plus cette édition qui est un déclencheur ! Cette année là, malheureusement, la course s’arrête pour nous alors que je suis au volant. Je venais de signer le meilleur temps au tour en course et on remontait sur les Audi. Pour Nico (Lapierre) ou moi, je pense que 2010 a fait décoller notre carrière.

Je refais Le Mans une 2e fois sur cette Peugeot en 2011. Je dois dire d’ailleurs qu’en neuf participations, la 908 est la meilleure auto que je n’ai jamais pilotée. Ensuite, ce qui se passe avec Audi Sport est la continuité parce que j’avais plutôt une bonne côte au Mans et je l’ai toujours. C’est comme cela, ça arrive parfois, il y a des circuits qui te correspondent bien et c’est vrai qu’au Mans, je m’y sens à l’aise, un peu comme dans mon jardin.

Même en LMP2, le niveau est, au moins, aussi élevé qu’en LMP1, et c’était un risque pour moi de revenir dans cette catégorie car j’aurais pu me faire balayer. Au final, ca a confirmé que j’adorais l’Endurance et qu’avec ce j’ai réussi à faire au volant de l’ORECA 07 de TDS Racing, je faisais partie d’un groupe de pilotes en Endurance qui avaient des choses à réaliser en sport prototypes. Ce fut une grosse satisfaction au final de me mettre en danger comme cela, mais j’ai pris beaucoup de plaisir ! »