Figure incontournable des paddocks depuis plusieurs décennies, Lucien Monté a connu un paquet d’éditions des 24 Heures du Mans. Fidèle de Jean Rondeau dès l’épopée Inaltera, Lucien a arpenté le paddock du Mans des centaines et des centaines de fois.
Il y a près de 40 ans, il était aux premières loges lors de la victoire de la Rondeau M379. Dix ans plus tard, il voyait les changements sur le circuit avec les nouvelles installations, vingt ans plus tard l’installation de la gigantesque structure R.O.C dans le paddock, trente plus tard l’évolution de la technologie dans les équipes. Quarante ans après le seul et unique triomphe d’un constructeur au volant de sa propre voiture, Lucien Monté va suivre les 24 Heures du Mans Virtuelles depuis sa maison en Italie avant de revenir, il l’espère, en terre sarthoise pour les vraies 24 Heures. Lucien Monté, dont les initiales sont LM comme Le Mans, a remonté le temps avec nous avec une histoire par décennie.
1980, l’année de la victoire avec Rondeau…
“L’équipe était toute neuve et nous avions des Rondeau M379 simples mais fiables. A l’atelier, la consigne était claire : fiabilité. Sur la piste, c’était régularité. Il fallait la détermination de tout le monde pour arriver à nos fins. En 1980, on partait clairement pour gagner. C’était la première année où on y allait pour la victoire. Jean (Rondeau) nous avait donné cette motivation de la gagne. En 1979, une Rondeau aurait pu gagner et tous les espoirs étaient donc permis pour l’année suivante où il y avait peu de grands constructeurs. Pour Rondeau, il n’y avait pas la moindre stratégie anticipée. On était loin de ce que l’on peut constater maintenant avec des ingénieurs qui ne voient pas une seule seconde la piste.
En 1980, j’étais responsable de la Rondeau de Pescarolo/Ragnotti (#15). Jean quittait sa casquette de pilote pour celle de chef d’entreprise et inversement en fonction de la situation. La #15 a connu un problème mécanique et tout a été restructuré. Je suis passé sur la #16 de Jean et Jean-Pierre (Jaussaud). Par voiture, nous étions quatre personnes plus deux pour l’essence. J’ai en mémoire chaque arrêt où il fallait tendre une corde pour faire arriver la voiture et une autre pour la faire repartir.”
1990, pas d’équipe officielle mais deux chicanes…
“Dix ans plus tard, je travaille pour Sauber-Mercedes qui n’est pas au départ des 24 Heures du Mans pour les raisons que tout le monde connaît (Le Mans ne fait pas partie du calendrier du Championnat du Monde des Voitures de Sport, ndlr). Cette année-là, j’avoue être un peu perdu avec l’apparition des deux chicanes dans les Hunaudières qui ont fait grand bruit. Je suis venu aidé Graff Racing qui faisait rouler une Spice SE89C pour Jean-Philippe Grand, Xavier Lapeyre et Michel Maisonneuve. Je connaissais Jean-Philippe qui était basé dans la zone artisanale de Changé où nous étions avec Rondeau. De plus, il connaissait la marque pour avoir roulé au Mans. Depuis 1980, j’ai pu constater les nombreuses évolutions. Les équipes investissaient massivement dans le matériel. Jusqu’en 1989, on panneautait encore à Mulsanne et le paddock avait encore un aspect camping.”
2000 : un réceptif digne d’un grand constructeur…
“Tout le monde a certainement encore en mémoire le réceptif de R.O.C au sein du paddock. La structure de Fred Stadler alignait deux Reynard 2KQ-LM pour Gené/Boullion/Policand et Deletraz/Kelleners/Terrien, mais les deux LMP675 n’ont malheureusement pas rallié l’arrivée. Le réceptif de l’équipe était incroyable pour l’époque. L’équipe avait demandé à l’ACO de bitumer une partie de l’espace pour mettre la plateforme. C’était assez imposant avec trois remorques les unes sur les autres espacées de 20 mètres chacune de chaque côté avec un chapiteau au milieu. On dominait tout le paddock.”
2010 : en spectateur avant l’hybride…
“Je travaillais déjà pour Renault Sport et 2010 était pour moi une année ‘off’ avec une célébration pour les 30 ans de la victoire de Rondeau. En 2007, j’étais chez PSI Experience avant de rejoindre G.A.C avec Karim Ojjeh. Les stands n’avaient pas bougé depuis quelques années, mais tout était bien plus structuré avec un paddock bien plus fermé que par le passé. Juste un mot sur 2011 où Hope Racing a fait rouler le premier prototype hybride au Mans. J’étais dans l’équipe de Benoit Morand qui a souvent de bonnes idées. Le challenge était de pouvoir boucler un tour en hybride. Le système, conçu par des anglais, pouvait se désolidariser sans entraver le bon fonctionnement de la voiture.”
2020 : à la maison avec les 24 Heures du Mans Virtuelles…
“Je vais suivre la course qui reste assez compliquée sur le plan de la technique. J’ai l’impression que les gamers seront les grands vainqueurs. C’est quelque chose qui m’intéresse car c’est Le Mans. Pour avoir un avis, il faut regarder.”