Ils sont trois mais au final ils ne font qu’un. Fred Makowiecki, Patrick Pilet et Nick Tandy ont réalisé la passe de deux aux 12 Heures de Sebring dans la catégorie GTLM. Depuis sa victoire au Petit Le Mans 2015 sous la pluie, le duo de choc Pilet/Tandy (avec Richard Lietz en 3e pilote) est inséparable. Depuis 2018, c’est Fred Mako qui fait le mercenaire sur les courses longues en IMSA. Les résultats du trio parlent d’eux-mêmes : Sebring 2018, Petit Le Mans 2018, 24 Heures du Nürburgring 2018, Sebring 2019. Les trois compères se connaissent bien, se respectent et roulent en toute intelligence sans le moindre ego. Vous mettez les trois dans un shaker, vous secouez le tout et vous obtenez un seul pilote qui a toutes les qualités requises pour se sortir de toutes les situations.
Pourtant, cette édition 2019 des 12 Heures de Sebring était plutôt mal entamée pour les trois compères avec une #911 repoussée dans les profondeurs du classement à cause d’un manque d’adhérence sous la pluie. Le trio a longtemps roulé pour revenir dans le tour du leader et recoller aux hommes de tête. La stratégie mise en place par l’équipe a parfaitement fonctionné et les pilotes ont fait le travail en piste.
Fritz Enzinger, vice-président de Porsche Motorsport, se souviendra longtemps de cette course : « Je suis dans le sport automobile depuis longtemps, mais je n’avais encore jamais rien vécu de tel. En 48 heures, nous avons remporté une course de 1000 miles et une course de 12 heures avec nos équipes d’usine sur un même site. C’est phénoménal. C’est ce qui distingue Porsche. Et nous ne devons pas oublier les performances de nos équipes clientes. Ce fut l’un des meilleurs week-ends de course automobile auquel j’ai pu assister. »
Avant les 12 Heures de Sebring, Porsche était déjà la marque la plus victorieuse sur cette course avec 18 victoires au général et 71 succès de catégorie. « Peut-être devrions-nous renommer l’événement le ‘Porsche Super Sebring’ », s’est enthousiasmé Pascal Zurlinden, responsable de Porsche Motorsport. « Trois poles, trois victoires, alors que demander de plus ? Notre équipe a tout fait correctement. Au bout du compte, lorsque les choses se sont détériorées, nous étions là. Le moment clé a été lorsque nous avons repris l’avantage après un arrêt au stand parfaitement maîtrisé sur le plan du timing. Notre stratégie consistait à attendre et à frapper au bon moment. »
La Porsche 911 RSR #911 a mené seulement 30 des 330 tours, dont les 18 derniers, mais cela a suffi pour franchir l’arrivée en vainqueur. En fin de course, Nick Tandy n’a pas ménagé ses efforts pour contenir la concurrence. Le Britannique a tenté une manœuvre de dépassement audacieuse à un peu moins d’une heure du terme sur la Ford GT de Ryan Briscoe qui venait de reprendre la piste après un ravitaillement. Il fallait encore se défaire de la Corvette d’Antonio Garcia qui s’est arrêtée à 35 minutes du damier. La #911 a contrôlé la fin de course pour terminer 1.951s devant la Ford GT #66 et 2.224s devant la Corvette. La Ford de Briscoe, qui pouvait elle aussi revendiquer la victoire, a été gênée par un autre concurrent dans le final, d’où une 6e place.
« C’était une course totalement folle que l’on vit rarement », a confié Nick Tandy à l’arrivée. « Nous avons tout eu : beaucoup de pluie en début de course, une piste sèche, une pluie prévue qui n’est pas arrivée. Nous sommes partis de la pole avant de chuter au classement pour reprendre la tête en fin de course. Vous n’obtenez de telles choses que sur une course de longue distance. Et c’est précisément le type de discipline dans laquelle Porsche excelle. Ne jamais abandonner, pousser et s’arrêter au bon moment. »
« Cela semble irréel », a déclaré Patrick Pilet. « Nous sommes partis depuis la pole avant de passer dernier, et maintenant nous célébrons notre deuxième victoire de rang. C’est incroyable. Notre équipe a tout simplement quelque chose de spécial. Nous n’avons jamais baissé les bras en pensant que nous avions toujours une chance et nous sommes maintenant les vainqueurs du jour. C’est indescriptible. »
« Je n’ai pas de mots », a confié Fred Mako à l’arrivée. « Nous avons connu de gros soucis sous la pluie en début de course, mais nous nous sommes battus d’une façon incroyable. Comme l’année passée, le travail de toute l’équipe a été parfait. Avec de tels succès, il est clair qu’on voit à quel point il est important que tout le groupe fonctionne parfaitement. »