Entre Manu Collard et François Perrodo, c’est bien plus qu’une histoire entre un pilote professionnel et un gentleman driver, bien plus qu’une relation pro entre un prof et son élève. Si les deux ont été séparés durant la Super Saison WEC, ils sont à nouveau réunis cette saison sur une Ferrari 488 GTE/AF Corse en compagnie d’un petit jeune talentueux qui n’est plus Matthieu Vaxiviere, mais Nicklas Nielsen.
Que pouvez-vous nous dire sur Manu Collard ?
“Il y a tellement de choses à dire sur Manu. Déjà, il ne faut pas oublier que Manu Collard est un grand nom du sport automobile. Bon, la première fois qu’on s’est vu, il m’a décroché trois mots en 45 minutes. Je me suis dit ‘merde, le gars est quand même pas drôle’. Un peu plus tard, Jean-Pierre Malcher avait organisé un roulage à Monteblanco sur une Porsche GT3-R et Manu faisait office de coach. Le courant est bien passé entre nous même si j’ai vite compris qu’il était relax et pas énervé.”
Vous avez progressé à ses côtés ?
“Il m’a fait énormément progressé aussi bien en technique qu’en approche de la course. Manu a un palmarès long comme le bras. Il avait la vitesse pour aller en F1 et sa carrière en prototype et GT est monstrueuse. Il lui manque juste Le Mans et je lui dois beaucoup sur cette course.”
En fait, vous êtes tombé amoureux de Manu Collard…
“(Rire) Manu est un grand champion très humain. Son approche de la course est incroyable. C’est quelqu’un de carré qui travaille à l’ancienne et pas sur simulateur. Il n’est plus le plus rapide, mais c’est lui le boss. Tu sens qu’il donne le ton dans l’équipage avec un retour d’informations incroyable.”
Sa timidité lui a joué des tours ?
“Son côté timide lui permet d’être détaché. Manu ne se met jamais en colère et il n’explose jamais de joie. J’avoue que c’est assez plaisant. Avec Manu, on se connaît par cœur, il voit quand je suis stressé. C’est aussi ce qui fait la différence car on se dit tout. Nicklas compte beaucoup sur lui aux 24 Heures du Mans. Cette année, l’expérience va encore plus avoir son importance au Mans : pas de Journée Test, une nuit plus longue, un timing réduit, beaucoup de rookies.”
Mais vous arrivez tout de même à travailler ?
“Je sais que cela peut paraître incroyable, mais on arrive à travailler. Quand on roulait avec Matthieu, le souci est quand ils étaient là tous les deux. Un seul ça va, mais alors les deux… C’est à celui qui va faire la plus belle connerie et il faut se méfier de Manu sous ses airs de mec timide.”
Une anecdote à nous raconter ?
“On a beaucoup de temps pour en parler ? J’ai le souvenir d’une sortie à Shanghai où Manu et Matthieu ont pris un taxi pour rentrer à l’hôtel. En route, ils se sont rendus compte qu’ils n’avaient pas d’argent. Il a fallu que Manu sorte un ‘on va courir vite et disparaître’.”
Courir vite et disparaître ?
“Plutôt que d’expliquer au chauffeur de taxi la situation, ils ont eu l’idée de courir en quittant le taxi devant l’hôtel pour aller chercher de l’argent. Bon, en même temps, pas sûr que le chauffeur chinois aurait compris quelque chose. Ce qu’ils n’avaient pas pensé, c’est que le chauffeur leur a couru derrière dans l’hôtel. L’histoire aurait pu très mal se terminer.”