Marie-Reine Beaumesnil : “Je me suis prise au jeu du sport automobile et du Mans”

Avec un mari qui a fait une bonne partie de sa carrière en sport automobile au Mans et un fils passionné qui est devenu Directeur des Sports à l’ACO, Marie-Reine Beaumesnil baigne depuis longtemps dans l’univers des 24 Heures du Mans. Déléguée Générale du Club des Pilotes, Marie-Reine Beaumesnil est le lien entre le passé et l’avenir des pilotes des 24 Heures du Mans. Rencontre avec une passionnée…

Votre passion pour le sport automobile remonte à votre enfance ?

“Pas du tout ! Je suis originaire d’Agen et j’ai rejoint Le Pouliguen en Loire-Atlantique en tant qu’institutrice. La vie a fait que je me suis retrouvé au Mans où j’ai rencontré Michel, mon mari, qui était passionné de course automobile, ce qui me barbait royalement (rires). Je ne m’y intéressais pas du tout. Le seul souvenir de sport automobile que j’avais en tête remonte au moment où j’ai passé mon baccalauréat. Avec mes parents, nous avions fait une pause en buvant un café dans un bistrot. Il y avait une télévision qui passait une course. Une fois mariée, j’ai fait un effort pour m’y intéresser car tout le monde m’a expliqué les choses. Je me suis prise au jeu et je suis devenue mordue de sport auto et des 24 Heures du Mans. Nous sommes aussi allés voir la Formule 1 en famille, en France, en Italie, en Espagne.”

Vous avez ensuite un rôle actif ?

“Michel, mon mari, était chef de stand au Mans. Marcel Mignot, qui pilotait, cherchait quelqu’un pour panneauter à Mulsanne et je me suis mis en tête de relever le défi. J’ai aussi chronométré Harry Jones en 1974 et 1975, Preston Henn, Inaltera, Jean-Luc Maury-Laribière.”

Panneauter à Mulsanne, ça devait être quelque chose…

“On partait avec une auto chargée jusqu’au toit. Il fallait emmener à manger et tout le matériel nécessaire. L’époque était totalement différente. On avait mis un téléphone sur la butte pour prévenir le stand mais on n’entendait rien. Il fallait arrêter de parler à chaque passage d’une voiture. J’ai même chronométré en compagnie de Hervé Poulain avec qui j’ai lié une vraie amitié. A Mulsanne, nous étions les seuls liens avec les pilotes. On mettait du plastique au-dessus de notre tête quand il pleuvait, un parasol pour se protéger de la chaleur. C’était une époque extraordinaire. Quand je panneautais Marcel Mignot, il s’arrêtait dans le dernier tour pour me faire la bise. On allait panneauter avec un rond et une ficelle en guise de pass. Une fois que l’auto abandonnait, on pouvait rentrer chez nous car nous n’avions pas accès au circuit mais à cette époque, il y avait toujours le moyen de rentrer (rires). Quand les voitures tombaient en panne à Mulsanne, les pilotes nous demandaient de l’aide, ce qu’on ne pouvait pas faire ou alors discrètement. Une fois, je chronométrais Anny-Charlotte Verney et j’ai oublié un tour. Ma crainte était qu’elle tombe en panne d’essence.”

A la maison, on ne parlait que sport auto ?

“La course revenait souvent dans les conversations même si mon mari n’a pas eu la chance de voir Vincent évoluer en sport auto. Je n’aurais jamais voulu que mon fils soit pilote car je trouve cela bien trop dangereux mais mon petit-fils est bien parti pour aimer le sport auto.”

Vous devez être fière du parcours de votre fils ?

“Vincent a gravi les échelons petit à petit. Il a commencé chez DAMS avant de rejoindre l’ACO. Jean-Paul Driot lui a appris beaucoup de choses. Je suis fière de Vincent car il s’est fait tout seul et malgré son poste, il n’a pas la grosse tête. Il resté naturel et simple.”

Le Club des Pilotes vous permet de conserver un rôle actif…

“On doit cette réactivation du Club des Pilotes à Jean-Claude Plassart, Pierre Fillon et Vincent lors d’une visite sur le circuit de Silverstone. Nous avions vu sur place que le BRDC avait des locaux adaptés et nous au Mans, nous n’avions rien. Plusieurs solutions ont été étudiées et Pierre Fillon a oeuvré pour rénover une tribune. Henri Pescarolo a présidé le Club avant que Gérard Larrousse n’en prenne les commandes. Thierry Perrier est arrivé dans l’organigramme et le Club ne cesse de se développer. Il grandit petit à petit. Les jeunes pilotes sont de plus en plus sensibilisés par le Club des Pilotes car je ne souhaite pas que ce soit un club des anciens pilotes.”