Mark Goddard dirige l’équipe Eurasia Motorsport depuis des années. Bien connue en Europe pour ses apparitions en ELMS et ses participations aux 24 Heures du Mans (la dernière en 2017 avec les Nicolet père et fils), on retrouve l’écurie des Philippines en Asian Le Mans Series, mais cette fois ci avec deux Ligier JS P217 LMP2, nouvelle génération.
Vous êtes de retour en catégorie LMP2 après un passage l’an dernier en LMP3…
« Nous avons toujours été impliqués en Asian Le Mans Series. Nous avons commencé en GT, puis avons fait du LMP2 puis du LMP3 seulement l’an dernier. Certaines fois, nous étions en soutien de Jackie Chan DC Racing, mais c’était bien Eurasia Motorsport qui se cachait derrière. En 2018, nous voulions courir en LMP2, mais le deal ne s’est pas fait à la dernière minute, ce sont des choses qui arrivent en sport automobile. Nous avons donc aligné une seule auto. Nous avons travaillé très dur depuis et avons réussi à engager deux toute nouvelles Ligier JS P217. Notre but est clair : être de retour aux 24 Heures du Mans dès 2020. »
Comment ce retour en LMP2 s’est-il orchestré ?
« Nobuya Yamanaka est venu à nous il y a un an et demi et nous a dit qu’il souhaitait faire de la compétition automobile et de faire un jour les 24 Heures du Mans. C’est un gentleman driver, il veut le faire avant qu’il ne soit trop âgé. Nous sommes donc arrivés avec un plan bien établi en tête : commencer en LMP3. C’est ce que nous avons fait à travers l’Asian Le Mans Series 2018 /2019 et pas mal d’essais ensuite avant de refaire une nouvelle saison en Asie. Il est aussi allé en European Le Mans Series rouler avec Nielsen Racing. Ensuite, notre plan a toujours été de faire du LMP2 en Asian et c’est ce que nous faisons maintenant et, comme je l’ai dit, notre but est de faire Le Mans en 2020. Nous voulons aussi montrer qu’à travers ce championnat, vous pouvez atteindre votre rêve : faire les 24 Heures ! »
Pensez vous que l’Asian Le Mans Series est toujours uniquement vu comme un championnat délivrant une invitation pour les 24 Heures du Mans ou est-ce que les choses ont changé ?
« Nous avons noté de gros changements dans les dernières années en Asian Le Mans Series. En dehors du Japon, la plupart des pilotes asiatiques ne connaissent pas les 24 Heures du Mans et quand on leur en parlait, ils disaient : « c’est quoi Le Mans ? » Ils commencent à comprendre maintenant. Certains sont venus sur quelques manches de l’Asian et cela les a vraiment intéressés. Pour l’avenir de ce championnat, c’est vraiment une bonne chose. De plus en plus de pilotes asiatiques y regardent maintenant de près et se disent que disputer l’une des plus grandes courses au monde est possible. Ils ont assimilé le fait qu’il fallait qu’ils passent par la pyramide du prototype : LMP3, LMP2 puis les 24 Heures du Mans. Avant les équipes ne pensaient qu’à obtenir l’invitation aux 24 Heures du Mans. Désormais, ils veulent aussi remporter ce championnat, les mentalités ont bien changé ! On sait aussi que ce ne sont pas seulement que les vainqueurs de l’ELMS et de l’Asian Le Mans Series qui vont au Mans. Il reste des possibilités d’être pris sur dossier si vous disputez ces championnats. Cela ne vous donne pas une invitation, mais au moins vous avez une chance. Si vous avez un gentleman driver dans la voiture, il est peu probable que vous gagniez le championnat. Cependant, ils ont vraiment besoin de croire qu’une invitation est faisable pour Le Mans en essayant de monter le meilleur équipage et que Le Mans se mérite. Il est crucial pour le sport automobile asiatique que cela est possible ici en Asie et non pas être obligé d’aller en ELMS et en Europe pour cela. C’est très important qu’ils le sachent : faire Le Mans en disputant un championnat en Asie, c’est possible ! »
Si vous ne gagnez pas l’Asian Le Mans Series et si vous ne décrochez pas le “sésame” pour le Mans, irez-vous quand même aux 24 Heures du Mans ?
« Même si nous n’obtenons pas cette invitation, nous ferons néanmoins une demande pour disputer les 24 Heures du Mans. C’est ce que nous faisons tous les ans. Nous verrons bien ensuite après, la sélection des équipes WEC plus les confirmations d’invitations, le nombre de places qu’il restera. Ce sera alors au Comité de Sélection de statuer. Nous espérons juste être parmi les écuries retenues. Il faut rappeler que nous les avons déjà disputées trois fois. Le fait d’avoir deux LMP2 engagées en Asian joue en notre faveur, c’est mieux que d’avoir une seule LMP3 ! »
Quel sera votre programme en 2020 après l’Asian Le Mans Series ?
« Nous devrions avoir un programme bien chargé cette année. Nous allons déjà finir l’Asian Le Mans Series et je le redis, nous voulons aller aux 24 Heures du Mans. Nous avons déjà déposé un engagement pour les 6 Heures de Spa-Francorchamps WEC. Nous espérons être acceptés, cela donnerait du temps à Nobuya (Yamanaka) et aux autres pilotes du temps en piste et cela leur permettrait de s’habituer aux LMP1. Nous allons aussi faire du TCR Asia avec Hyundai. Nous aimerions aussi rajouter le GT World Challenge Asia. Comme d’habitude, rien n’est encore signé et scellé. Ce serait pour faire la saison complète, pas juste quelques manches. C’est le plan, après ce qui va vraiment arriver est une autre histoire ! »
Vous avez longtemps roulé en ELMS. Comptez-vous y retourner prochainement ?
« Nous aimerions vraiment y retourner, mais nous devons avoir les fonds et les locaux pour le faire. Je ne dis pas que nous allons le faire en 2020, mais si nous le faisons, notre programme sera vraiment chargé. Dans le futur, j’aimerais que nous soyons impliqués en ELMS et en Asian. Mais il faut que d’un point de vue business, cela fonctionne ! »