Mark Patterson (Algarve Pro Racing) : “Devenir le plus vieux pilote aux 24 Heures du Mans !”

#25 ALGARVE PRO RACING (PRT) LIGIER JSP217 GIBSON LMP2 MARK PATTERSON (USA) ATE DE JONG (PHL) TACKSUNG KIM (KOR)

Mark Patterson est un pilote incontournable du paddock ELMS. Toujours souriant, toujours une blague à vous raconter, le pilote sud-africain possède désormais une belle expérience en endurance et compte maintenant six 24 Heures du Mans à son actif. Cette année, il roule pour le compte de l’équipe portugaise, Algarve Pro Racing pour son plus grand plaisir. Il semble avoir trouver l’écurie qu’il cherchait et s’est fixé un bien bel objectif pour les années à venir !

Vous avez participé aux 24 Heures du Mans 2013 pour la première fois sur une ORECA 03/Murphy Prototypes en compagnie de Brendon Hartley et Karun Chandhok. Quels souvenirs en gardez-vous ?

” C’est tout d’abord un vrai privilège de pouvoir prendre part à cette course. Ce fut juste fantastique d’être au Mans. A l’époque, je n’étais pas préoccupé par le nombre de fois où je pourrais disputer cette course, même si j’en suis maintenant à six participations. Je vivais dans l’instant, nous étions en mesure de finir la course à la 12e place (6e en LMP2). Mais quelle course, quelle superbe expérience ce fut ! J’ai fait neuf fois les 24 Heures de Daytona, les 12 Heures de Bathurst, les 12 Heures de Sebring, mais toutes ces courses ne sont rien comparées au Mans !” 

Comment s’est passée la découverte du circuit en 2013 ?

“C’est là que vous vous dites qu’il est préférable de porter une combinaison marron (rires) ! Il y a de superbes endroits, pas forcément les lignes droites, mais plus les chicanes, le Virage de Mulsanne, Indianapolis et bien entendu les Virages Porsche. Ce sont des lieux uniques au monde. »

Après cette première expérience, vous êtes principalement passé chez United Autosports et maintenant chez Algarve Pro Racing. On a l’impression que vous avez trouvé la bonne équipe. Est-ce une sorte de famille pour vous ?

« Tout à fait ! J’ai aimé le professionnalisme de toutes les équipes dans lesquelles j’ai roulé, mais il est vrai que du mécano au propriétaire, tout le monde chez Algarve Pro Racing a le sens de la famille. Tout le monde est à votre écoute. Cependant, je me sentais bien chez United Autosports où j’ai débuté à Petit Le Mans sur une Audi R8 LMS avec Stefan Johansson et Zak Brown. On s’était vraiment amusé et regardez maintenant cinq ans plus tard ce que cette écurie est devenue ! Ils sont très importants dans le plateau ELMS et au Mans ! Quant à Algarve Pro Racing, ils m’ont donné accès à l’ELMS, mais aussi à l’Asian Le Mans Series. Ils ont engagé deux autos durant la saison 2016/2017 et j’étais sur une des deux Ligier JS P2. Ils se sont battus contre des équipes comme Jackie Chan DC Racing. Ce fut une vraie belle expérience pour moi. »

Comment se sont passées les 24 Heures du Mans 2018 pour vous (Ligier JS P217 #25 Algarve Pro Racing) ?

« Lorsque je suis allé sur la grille à bord de la voiture, alors que j’étais chargé du départ, je me suis alors retrouvé avec un litre d’essence dans le cockpit et, en partie, sur ma combinaison, ça me brûlait. L’équipe m’a jeté de l’eau pour arrêter ça et j’ai changé de combinaison. Les mécaniciens ont dû réparer le souci lié au réservoir sur la grille. Le souci a été résolu avant le départ. Tout s’est ensuite bien passé, nous avons même gagné six places dans les premières heures. Tout d’un coup, sans aucune alerte, nous avons commencé à perdre certaines vitesses, il a fallu changer la boîte ! Cela nous a coûté beaucoup de temps et avons dégringolé au classement. Malheureusement, à la 20e heure, nous avons de nouveau eu le même souci. Nous aurions pu de nouveau réparer, mais nous ne serions pas rentrés dans les 70% de la distance parcourue (donc non classé, ndlr). Nous avons préféré abandonner et ne pas donner de travail supplémentaire à l’équipe. Ce fut dur car c’est la première année que je suis obligé de me retirer, j’avais fini toutes mes courses auparavant. Mais ce n’est rien par rapport à Tracy Krohn que j’ai croisé par la suite, sa voiture a du abandonner dans la dernière heure, c’est vraiment dur. Cette course a aussi permis à mes deux coéquipiers (Ate De Jong et Tacksung Kim), qui n’avaient jamais fait Le Mans ni de LMP2 avant cette année, de pouvoir rouler et prendre de l’expérience. Ce fut un grand privilège pour eux de prendre part à cette épreuve ! »

Vous avez roulé sur les anciennes LMP2 en ELMS et en Asian Le Mans Series et maintenant avec les nouvelles autos. Comment avez-vous trouvé cette évolution ?

« C’est même mieux que ça ! J’ai connu, avec l’ORECA 03, les LMP2 ouvertes, puis les LMP2 fermées et maintenant les LMP2 fermées avec 100 chevaux de plus. L’évolution a été belle et maintenant, les LMP2 d’aujourd’hui sont fantastiques à piloter. Il ne faut pas oublier que ces autos sont plus rapides que les LMP1 de 2011 ! C’est une vraie chance de pouvoir piloter ce genre de voitures. C’est très excitant surtout pour un pilote amateur comme moi. J’ai aussi piloté des Daytona Prototypes, mais elles n’étaient pas à la hauteur des LMP2 actuelles qui sont de vraies et bonnes autos de course. »

Vous disputez l’ELMS en LMP2. Vous êtes-vous fixé des objectifs pour votre saison ou privilégiez-vous le plaisir ?

« Nous sommes un équipage uniquement composé de pilotes bronze. Si une ou deux autres voitures étaient composées de la même façon, il y aurait une bataille interne. Cependant, il n’y a qu’une seule autre comme cela, nous faisons donc ça pour le plaisir et prendre du bon temps. Pour ma part, mon objectif serait de pouvoir disputer encore une ou deux fois les 24 Heures du Mans. Si tel est le cas, je deviendrais alors le pilote le plus vieux à avoir disputé cette épreuve dans toute l’histoire du Mans ! Matt McMurry, que je connais bien pour avoir roulé avec lui, est le plus jeune pilote à avoir fait Le Mans. Si ma femme me le permet, si elle n’envoie pas les papiers du divorce entre temps (rires), si financièrement j’en ai les ressources et si physiquement je suis encore en forme, je ferai donc encore les 24 Heures du Mans pour décrocher ce record : être le plus vieux pilote (il aura 67 ans à la fin de l’année, ndlr) ! Je veux vraiment essayer et j’ai donc l’intention de faire l’ELMS et Le Mans encore deux ans. Ce serait une vraie victoire pour moi. Si ce n’est pas possible, je serais néanmoins content de ce que j’ai pu accomplir. J’ai vraiment été chanceux et il ne faut pas oublier que j’ai commencé la compétition à l’âge de 45 ans, très tard en fait ! »

Vous avez été très occupé pendant votre vie professionnelle (Mark Patterson est un homme d’affaires). Était-ce facile de mélanger vie active avec celle sur les circuits ?

« Oui. Il y a même pas mal de parallèles entre ce que je devais faire en compétition et ce que je faisais à Wall Street. Dans les deux cas, quand les affaires sont dures ou que la course est compliquée, vous pouvez faire pas mal d’erreurs. Vous vous concentrez alors ce que peut vous être fatal au niveau d’un accord ou en tant que pilote. Vous n’êtes rapide que lorsque vous vous débarrassez de milliers d’informations sans intérêt. Si vous sentez la voiture instable, vous l’ignorez, vous devez uniquement vous concentrer sur les choses qui vont faire avancer l’auto. Vous mettez de côté toutes les choses pouvant vous effrayer. C’est la même chose lorsque vous faites des affaires à Wall Street. Ensuite, pour compléter ma réponse, je dirais que lorsque vous êtes totalement investi dans le monde des affaires, vous n’avez pas le temps de faire du sport auto. C’est pour cela que j’ai débuté tardivement, lorsque j’ai commencé à être à la tête de ma propre société d’investissement, vers 50 ans, lorsque j’ai eu plus de liberté. De 45 ans à 50 ans, j’ai dû me contenter de faire de la Formule Ford. L’ELMS, Asian Le Mans Series ou même ALMS n’étaient pas envisageables et encore moins les 24 Heures du Mans ! »