Cela fait quelques jours qu’on souhaitait prendre des nouvelles de Mathias Beche qui, peu de temps après être revenu des essais SUPER GT d’Okayama, est de retour au Japon pour une nouvelle séance d’essais, cette fois à Fuji. 2020 marque les débuts du Suisse en SUPER GT (GT300) sur la Lexus RC F GT3/Panther arto Team Thailand en compagnie de Sean Walkinshaw. Dans cette période de pandémie, pas facile de voyager et Mathias Beche en fait les frais actuellement avec quelques complications qui s’annoncent une fois les essais terminés. C’est après quelques péripéties pour boucler un vol retour en Europe que Mathias Beche a répondu à nos questions sur sa découverte du SUPER GT mais aussi sur la création de son équipe de course. Depuis cet entretien, réalisé il y a deux jours, les essais de Fuji ont été annulés.
Voyager par les temps qui courent n’est pas simple…
“J’ai pu rentrer en Europe sans problème après Okayama et revenir au Japon pour les essais de Fuji n’a pas été trop compliqué. En revanche, je me retrouve sans vol retour. J’ai trouvé une possibilité, mais je ne sais pas trop si elle va tenir. J’ai un vol possible vers Paris, voire une deuxième chance en passant par Amsterdam. A un jour près, je ne pouvais pas entrer sur le territoire japonais. Je débute en SUPER GT, ce qui fait que je ne me voyais pas rater les essais de Fuji. Ici, la vie suit son cours sans trop de contraintes.”
Le SUPER GT vous intéresse depuis longtemps ?
“Fin 2019, je suis allé à Motegi pour la finale. Le SUPER GT m’a toujours attiré. Selon moi, c’est le seul championnat au monde avec la Formule 1 et la Formula E où les constructeurs sont vraiment impliqués et où il y a de la place pour des pilotes professionnels. J’ai conscience que c’est compliqué d’y mettre un pied sans être japonais. Les Japonais sont compétitifs car ils sont chez eux et ont une connaissance parfaite des terrains de jeu. Y faire sa place est compliqué pour un Européen.”
Comment se sont noués les contacts ?
“J’ai roulé en Super Taikyu fin 2018 sur une Audi R8 LMS GT3, ce qui m’a permis d’apprendre quelques circuits et de rencontrer différentes personnes. De plus, je connais Ryo Hirakawa avec qui j’ai roulé en Europe (chez TDS Racing, ndlr). L’opportunité de rouler sur la Lexus est arrivée et je n’ai pas hésité une seconde à mettre ce programme en priorité. Le challenge me plaît sachant que ce n’est absolument pas une voie de garage. Dans le passé, ma priorité allait à Rebellion Racing. Je pense avoir ma place en GT500 qui sont des autos qui se rapprochent d’une LMP1 avec de l’aéro et pas d’ABS.”
Vous prenez le GT300 pour une première étape ?
“Rouler en GT300 me permet d’apprendre le championnat car les règles sont différentes de l’Europe. Il me faut aussi apprendre les circuits et le fonctionnement des pneumatiques. J’espère être au Japon sur la durée. A terme, je ne cache pas que je vise le GT500. Ces autos me font rêver, autant que les LMP1. Les places sont chères. On verra comment se déroule la saison, mais je ne veux pas tirer un trait sur l’Europe. 2020 est pour moi une année de transition qui va me permettre de voir où je vais m’orienter en 2021.”
Comment se sont déroulés les premiers essais à Okayama ?
“Nous avons un package compétitif avec une équipe qui a beaucoup investi. On vise régulièrement des top 10 et des podiums. Les premiers essais se sont bien passés avec une place de P7 lors de la première journée et meilleure GT3 en pneus Yokohama. Le lendemain, nous n’avions pas les pneus qu’il fallait, donc nous avons travaillé dans d’autres domaines. Malheureusement, la pluie est annoncée pour Fuji. Ces essais sont importants car le roulage est assez restreint sur les meetings. Mon objectif est de faire progresser l’équipe au fil de la saison et de faire le meilleur travail possible.”
La communication est facile dans l’équipe ?
“Mon ingénieur est Australien, il a l’expérience du Japon car il vient de la Super Formula. C’est lui qui m’avait fait venir en Super Taikyu car nous avions travaillé ensemble en FRD (championnat LMP3 en Chine, ndlr). Sean (Walkinshaw), mon coéquipier, est britannique, donc la communication est facile. L’équipe est thaïlandaise, donc elle peut faire rouler deux pilotes qui ne sont pas japonais. Sean est pour moi une aide précieuse car il connaît le championnat et les circuits.”
Vous comptez garder un pied en Europe ?
“Oui même si actuellement je n’ai pas de volant. Il était prévu que je roule à nouveau chez Inter Europol Competition en ELMS sur la Ligier JS P217, mais ils n’ont eu qu’une seule auto retenue pour Le Mans.”
Vous allez aussi lancer votre propre structure ?
“Oui, avec une Ligier JS2 R en Ligier JS Cup. La formule est belle et accessible financièrement. De plus, l’auto est sympa à rouler, elle est saine et les meetings offrent un temps de roulage important. Les ingrédients prix, performance et compétitivité sont réunis. Ces derniers temps, pas mal de pilotes m’ont demandé des conseils. Je vais m’appuyer sur une équipe déjà en place pour la partie technique. L’équipage est en cours de finalisation. L’idée est de faire rouler des jeunes sachant qu’il est possible que je dispute quelques courses pour donner une référence. Il est toujours positif d’avoir des comparaisons. Je compte apporter une approche professionnelle tout en restant dans des budgets abordables. Je veux mettre en place une petite structure avec des gens de qualité, un peu à l’image des débuts de TDS Racing.”