Mathias Beche est un fidèle pilote de l’équipe Rebellion Racing puisqu’il évolue dans cette équipe depuis 2013. De retour en LMP1, après un passage en LMP2 en WEC l’an dernier, il se frotte aux Toyota TS050 HYBRID sur la Super Saison qui ne jouent pas dans la même cour. Il a aussi disputé quelques courses de VdeV avec l’équipe DB Autosport. Entretien avec le Suisse qui s’apprête à disputer les 6 Heures de Fuji ce week-end.
Comment se sont passées les deux courses de 6 heures auxquelles vous avez participé ?
« Nous sommes encore dans une phase de développement avec la voiture. Les ingénieurs ont repoussé les limites de temps pour pouvoir sortir la voiture le plus tard et faire tourner la CFD (Computational Fluid Dynamics, la mécanique des fluides numérique en Français, ndlr) au maximum. Nous avons donc fait peu d’essais, mais nous avons réussi à être dans le coup. Nous devons encore travailler, il y a une marge de progression. Cependant, même en comptant là-dessus, nous ne sommes clairement pas dans le coup pour nous battre avec les Toyota et c’est triste pour le championnat. »
Vous avez remporté les 6 Heures de Silverstone sur tapis vert après le déclassement des Toyota. Comment avez-vous vécu cette victoire à retardement ?
« Je suis vraiment très heureux pour l’équipe car c’est une victoire au général. Il est vrai que, dans quelques années, on ne se rappellera pas des circonstances. Ce qui est cool et exceptionnel, c’est de voir son nom sur le RAC Tourist Rophy à côté de grands pilotes comme Stirling Moss, Graham Hill, Derek Bell ou encore Tom Kristensen. Ce que j’aimerais, c’est une vraie victoire sur la piste et celle de Silverstone n’en est pas réellement une. »
Comment se sont passées les 24 Heures du Mans ?
« Ce fut une belle course pour Rebellion Racing. Nous terminons derrière les Toyota TS050 Hybrid, les meilleurs des autres, on va dire (rire). Nous finissons 3e, montons sur le podium. C’est une épreuve où nous aurions pu faire un peu mieux dans pas mal de petits domaines, mais si on regarde nos performances, nous étions en dessous des Toyota et nous faisons un excellent résultat. Je dirais même que c’est notre meilleure course jusqu’à maintenant. »
Comment est la voiture à piloter et dans quels secteurs doit-elle progresser ?
« Pour être honnête, elle n’est pas facile à piloter. C’est dû, entre autres, au fait qu’on essaie de pousser toujours et encore cette auto à ses limites. A un moment, on ne peut pas aller plus vite. Elle est très spécifique, pointue et compliquée, la limite de tous les pilotes est très fine. J’ai entièrement confiance dans l’équipe Rebellion Racing, je sais que beaucoup de travail, notamment sur les bosses, a été fait depuis Silverstone. Nous verrons bien à Fuji. »
Vous avez deux nouveaux coéquipiers, Gustavo Menezes et Thomas Laurent. Comment est votre relation ?
« Ça se passe très bien. L’ambiance est très jeune (rire), je suis un peu à cheval entre la tranche d’âge de mes coéquipiers et l’autre auto avec des équipiers plus expérimentés. Ils ont une approche rafraîchissante, ça me fait du bien. Dans ce trio, j’ai un bon ressenti et je peux aussi apporter toute mon expérience sur les réglages et les choses techniques. Ça fait plusieurs années que je fais du LMP1 même si je n’ai pas l’expérience usine d’André (Lotterer) et de Neel (Jani). En tout cas, mes coéquipiers vont très vite et ça fait plaisir de rouler ensemble. »
L’EoT a été déjà changée une première fois, elle devrait de nouveau l’être (interview faite juste avant l’annonce des pénalités de poids pour les deux Toyota, ndlr). Qu’attendez-vous ?
« Il est compréhensible que Toyota soit légèrement devant, mais, à l’heure actuelle, l’écart est trop important. En tant que pilote, j’attends juste de pouvoir me battre, c’est-à-dire que si nous faisons une course parfaite et qu’ils font une petite erreur, nous sommes devant. Pour le moment, ce n’est pas le cas. Le gros avantage pour Toyota, ce sont les quatre roues motrices dans le trafic. L’ACO n’avait pas énormément de données en début de saison, je comprends qu’il n’est pas évident de balancer des autos avec des technologies différentes. Maintenant, il y en a suffisamment pour savoir dans quelle direction aller. Je ne suis pas ingénieur, je dis juste qu’il est important pour les fans d’avoir un beau spectacle. »
Vous faites aussi du VdeV au sein de l’équipe DB Autosports (abandon au Mans après la pole position signée par Mathias Beche). Comment ça se passe ?
« Je fais aussi de la Lamera où j’ai gagné (rire) et je viens de rouler au Japon avec une Audi R8 LMS pour le team Phoenix Racing. Comme je l’ai précisé, je pilote la Rebellion R13, une auto en phase de développement et pas toujours simple à emmener. Revenir dans des plus petites catégories compétitives me donne beaucoup de plaisir au volant et me garde dans le rythme car il n’y a pas beaucoup de courses cette année en WEC. Le LMP3, c’est sympa, c’est du pur pilotage : il n’y a pas d’ABS, d’antipatinage et il y a un peu d’aéro. De toute façon, tant qu’il y a quatre roues et un moteur, je suis partant, j’ai juste envie de rouler et d’aller vite. En VdeV, j’apporte autre chose à l’équipe, c’est-à-dire pas seulement au niveau pilotage et réglages, j’essaie de leur amener mon expérience dans d’autres domaines. »
Quel sera votre programme 2019 en plus de la fin de la Super Saison WEC ?
« Il y a pas mal de pistes, je regarde un peu partout. Il est clair que l’année prochaine, je veux être dans un autre championnat que ce soit en Europe, au Japon ou aux Etats-Unis. Je suis ouvert aux propositions, je sens que je suis à un très bon niveau de ma carrière et je souhaite en profiter un maximum. Je veux être le plus souvent dans une voiture. On verra ce qui s’ouvre à moi !”