Si Mathieu Jaminet a attendu les 9 Heures de Kyalami pour monter sur la plus haute marche du podium cette saison, on ne peut pas dire que 2019 a été une mauvaise année pour le pilote officiel Porsche. Le champion Porsche Carrera Cup France 2016 a alterné GT3 (Blancpain GT Series Endurance, Intercontinental GT Challenge, VLN) et GTE (24 Heures du Mans, Daytona, Sebring, Petit Le Mans en IMSA).
La finale IGTC de Kyalami a tourné à l’avantage de la Porsche 911 GT3-R/Frikadelli Racing de Mathieu Jaminet, Dennis Olsen et Nick Tandy. Une course sud-africaine qui n’a pas été de tout repos…
Kyalami a été une belle découverte ?
“L’endroit est très sympa et le meeting parfaitement bien organisé. En Afrique du Sud, je ne connaissais que Le Cap. J’ai été impressionné par le circuit et les infrastructures que je ne voyais pas du tout comme cela. Il y a un peu de tout avec des portions rapides mais aussi lentes. C’est un circuit à l’ancienne où si tu sors, tu termines dans le mur. Il y a aussi pas mal de zones de dépassement. C’est assurément l’un des plus beaux tracés de la saison.”
La victoire n’a pas été facile à obtenir, c’est le moins qu’on puisse dire…
“Partir depuis la pole laissait présager d’une belle épreuve, mais 9 heures, ce n’est pas rien surtout quand on voit le plateau. Notre course a été chaotique, un peu à l’image du week-end. Nous étions bien en essais libres, on a essayé une autre voie de travail, on passe de justesse en Superpole et Nick décroche la pole. En course, on perd 9 secondes au 1er arrêt et 16 au suivant. Nick touche ensuite une autre Porsche avant d’écoper d’un drive through. Après les quatre premières heures, on s’est dit que ça allait être compliqué, mais on n’a rien lâché.”
L’arrivée de la pluie a modifié le cours des choses pour votre voiture ?
“Notre Porsche fonctionnait aussi bien sur la pluie que le sec. L’équipe a mis en place une très bonne stratégie qui nous a permis de revenir devant. La longue neutralisation n’a pas été simple à gérer, mais le drapeau vert a été une chance pour nous. La suite a été simple : Nick Tandy a fait du Nick Tandy sous la pluie. Nous sommes passés par toutes les émotions sur cette course, ce qui rend la victoire encore plus belle même si je comprends la frustration de GPX Racing. Le résultat est génial pour l’équipe, Porsche et Dennis (Olsen) qui est titré. Tout cela fait vraiment plaisir à voir.”
Toutes les Porsche étaient parties sur des réglages identiques ?
“Non, chaque équipe est partie sur des réglages différents. De notre côté, nous avons travaillé tout le week-end pour la course et c’est bien là que notre auto était la meilleure.”
Kyalami n’est pas un circuit très éclairé. Un handicap ?
“Contrairement à d’autres circuits, il n’y a pas le moindre éclairage à Kyalami. Personnellement, je suis assez à l’aise de nuit mais peut-être que le sujet est à creuser pour le futur car c’est assez compliqué à suivre pour tout le monde.”
Quel bilan tirez-vous de votre saison 2019 ?
“Une saison compliquée et chaotique. Avec Romain (Dumas) et Sven (Müller), nous n’avons guère été chanceux alors que la performance en piste était là. Il y a tout de même eu les podiums à Daytona (IMSA), Laguna Seca (IGTC), la victoire à Kyalami et mes débuts aux 24 Heures du Mans. Le bilan global est donc mitigé. Nous avions tout ce qu’il fallait pour rafler les titres Blancpain GT Series Endurance et IGTC. La performance était au rendez-vous. Je suis content de terminer sur une bonne note. Quand tu gagnes la première course de l’année, on oublie vite, mais quand tu gagnes la dernière, on s’en souvient tout l’hiver (rires).”
Rouler en GTE a aussi été un plus…
“C’est clairement le gros point positif. Il y a ce podium dès les 24 Heures de Daytona. Aux 12 Heures de Sebring, on s’est loupé dans la stratégie et on a manqué de rythme à Petit Le Mans. Je voulais aussi franchir cette étape et disputer les 24 Heures du Mans. C’est là que sont les meilleurs pilotes. C’est la F1 du GT. Cette année, le GTE m’a permis de progresser, d’être plus proche de Laurens (Vanthoor) et Earl (Bamber), de côtoyer Nick (Tandy), Patrick (Pilet) et Fred (Mako). Cela m’a aussi servi pour le GT3.”
Partager votre baquet avec Romain Dumas en GT3 est aussi un avantage ?
“C’était clairement un plus. Romain est un peu le “papa”de l’équipage (rires). Son expérience est tellement grande. Il s’est occupé de nous en plus d’être un coéquipier modèle. Il nous a beaucoup appris, ses qualités humaines sont incroyables.”
Vous avez changé d’équipe à plusieurs reprises cette année en IGTC. N’est-ce pas un handicap ?
“Il y a du pour et du contre. On a pu voir qu’Audi et Mercedes ont conservé les mêmes équipes au fil de la saison, ce qui apporte de la sérénité. L’avantage de changer d’équipe est qu’on peut apporter pas mal de choses et d’idées. On a l’expérience des équipes précédentes sachant qu’il y a des plus et des moins partout. En tant qu’équipage, on a une certaine routine, donc c’est positif de conserver le même trio. Cependant, quand on joue le championnat, c’est bien de le répartir différemment comme cela a été fait à Kyalami. Si la voiture tombe en panne dès le début de course, comme on a pu le voir avec Gruppe M, les espoirs de titre s’envolent. C’est juste dommage pour les deux autres pilotes.”
L’Intercontinental GT Challenge prend de l’ampleur. On peut considérer le championnat comme un Championnat du Monde GT ?
“Les circuits sont tous magnifiques, les constructeurs sont impliqués et même si le championnat n’a pas un label mondial, c’est tout de même un petit Championnat du Monde GT. Ce serait bien de voir un ou deux constructeurs supplémentaires s’y engager en 2020. L’IGTC est clairement un championnat à prendre au sérieux et l’objectif est de le gagner en 2020.”
Vous connaissez votre programme 2020 ?
“Mon souhait est de faire un copier-coller de 2019.”