Mauro Soatto, directeur production de l’usine d’Izmit en Turquie, fait partie du manufacturier italien depuis des années. Il a toujours évolué chez Pirelli tout en gravissant les différentes étapes vers la direction du pole de production. Nous avons fait le point avec lui en complément de notre article sur la fabrication d’un pneu de compétition…
Quel a été votre parcours avant d’arriver chez Pirelli ?
« J’ai commencé ma carrière par le département test de Pirelli puis j’ai passé 20 ans à la Recherche et Développement. D’abord pour le développement des gommes et ensuite pour l’industrialisation des pneus de l’usine. En 2010, j’ai débuté mon travail dans cette usine en définissant les plans, les besoins en machines, mais aussi en statuant de la qualité de l’usine. C’était un tout nouveau système qualité pour les pneus de course. Je devais définir la bonne quantité de gommes, les bons produits avec une qualité irréprochable et le tout dans le bon timing. Si l’un de ces critères n’était pas respecté alors la course n’était pas bonne. Notre but ici, dans notre usine, ce n’est pas de faire des pneus, c’est de faire des courses ! »
Comment d’employés travaillent dans cette usine ?
« Nous avons 40 cols blancs (les ingénieurs) avec une moyenne d’âge de 32 ans. Au total, nous avons 285 cols bleus (les ouvriers) avec là aussi une moyenne d’âge faible, 35 ans. J’insiste sur le fait que nous avons des jeunes qui travaillent ici car nous devions construire un nouveau concept, la course, et nous voulions commencer avec des jeunes. Pas mal étaient sans expérience et sont arrivés d’Italie, nous les avons alors entraînés. Nous voulons vraiment construire ce site comme modèle pour le reste des usines Pirelli.»
Durant notre visite, le mot clé a été la qualité…
« La qualité chez Pirelli est primordiale car nous devons nous assurer que chaque pneumatique est parfait en termes de performance, la constance et la qualité. Nous avons beaucoup de championnats à fournir et chaque train de pneus doit donner exactement le même rendement. C’est pourquoi dans cette usine nous contrôlons tout de A à Z, que ce soit de la matière première que nous recevons jusqu’à la sortie du pneu de l’usine. Chaque phase de construction est vérifiée. En bout de processus, nous les revérifions, non seulement du point de vue esthétique, mais aussi de l’intérieur avec l’utilisation de rayons X pour voir si tout les composants sont présents, sont à la bonne place. Nous vérifions aussi qu’il n’y a pas de bulle à l’intérieur du pneu. Tout est enregistré à laide d’un code barre, chaque étape y est ainsi référencée et nous pouvons tout savoir ! Si quelque chose n’a pas été enregistré, le pneu est alors renvoyé et, de toute façon, il ne sortira pas de l’usine. »
Pouvez vous nous donner quelques chiffres au niveau de la production de pneus ici ?
“Nous produisons environ 300 000 pneus par an pour 350 différents championnats. Nous nous concentrons ici principalement sur le circuit et le GT. Tous les pneus GT sont faits ici. Nous construisons aussi des pneus prototypes, c’est à dire le pneu de demain. Nous traitons les deux avec autant d’importance !”
A quel point les séries SRO et, en particulier, les championnats Blancpain sont importants ?
“La Formule 1 est le top de la monoplace. En GT, c’est les séries Blancpain GT. Nous traitons ces deux championnats exactement de la même façon aussi bien au niveau de la production que de la logistique.”
Sur une course comme les Total 24 Heures de Spa, combien de pneus apportez vous ? Combien de camions envoyez vous ?
“Cela représente environ 25 000 pneus transportés par 100 camions. Cette course représente beaucoup de travail pour nous. Nous dépêchons beaucoup de monde, les ingénieurs sont sur place pendant toute une semaine car nous devons apporter le maximum de soutien aux équipes, mais aussi au championnat en lui même. Je répète, nous y apportons autant d’importance qu’au championnat du monde de F1.”
Pirelli en compétition en bref :
360 championnats couverts : 226 en voitures dont 157 séries circuit et 69 séries rallye.
1 200 événements couverts chaque année.
Plus de 1 000 membres de Pirelli travaillent sur ces événements.
Plus 20 constructeurs représentés comme Bentley, Ferrari, Lamborghini, McLaren, Porsche, Aston Martin, Mercedes et Audi.
Première victoire de Pirelli aux 24 Heures du Mans en 1954 avec le duo José Froilan Gonzalez / Maurice Trintignant sur une Ferrari 375 Plus
Pour les Total 24 Heures de Spa, 13 000 pneus sont transportés dans 24 camions. Pirelli fournit plus de 60 concurrents. Une équipe de près de 100 monteurs est sur place.
Le site d’Imzit en quelques chiffres :
20 000 m² sont dédiés au sport automobile
36 000 m² sont réservés à tout ce qui touche la logistique
285 ouvriers + 40 ingénieurs uniquement dédiées à la production de pneus de compétition.
Trois équipes se relaient par jour
350 000 pneus produits par an
41% de sa production concerne le circuit