Suite de notre entretien avec Max Favard, le team manager de Duqueine Team en LMP2 (ORECA 07) et de Duqueine Automotive qui construit les nouvelles Duqueine D08. C’est d’ailleurs principalement sur ce sujet des LMP3 qu’il revient dans cette dernière partie…
2021 maintenant. Il y a eu des rumeurs qui annonçaient que Duqueine Team ne continuerait pas. Alors qu’allez-vous faire ? Vous reverra-t-on en ELMS ? Au Mans ?
« Les rumeurs avaient déjà commencé en 2019 ! Pour l’année prochaine, nous avons trois options : faire le WEC, faire l’ELMS avec les 24 Heures du Mans comme c’était le cas cette année, ou bien faire les deux championnats ! On est loin des rumeurs là (rire), mais elles ne me dérangent pas. Nous avons monté un projet qui essaie de prendre un peu à revers tout le modèle économique du sport automobile d’aujourd’hui. On verra où cela nous mènera, mais nous avons des atouts pour bien faire. On voit que l’ACO essaie de se battre sur les réglementations Pilotes pour essayer de faire en sorte que le Bronze puisse avoir sa part du gâteau, ce que je trouve très bien d’ailleurs. C’est là où il y a du budget aujourd’hui, il ne faut pas le nier. Cependant, crise Covid-19 oblige, les budgets 2021 découlent de ceux de 2020 et quand on voit la « tête » de la saison 2020, il faut aussi savoir réfléchir autrement. C’et ce qu’on essaie de faire depuis début mars. Donc je fais tout pour que l’on retrouve Duqueine Team sur la grille de départ en 2021 ! »
On imagine que la clé de voûte de votre projet seront les 24 Heures du Mans…
« Tout à fait ! Aujourd’hui, peu importe comment on monte un programme, la plaque tournante, ce sont les 24 Heures du Mans. En 2019, nous avions montré que nous avions du potentiel en terminant 7e des LMP2 (Pierre Ragues / Nicolas Jamin / Romain Dumas, ndlr) en ayant eu une crevaison en tout début de course et une petite casse, mais nous avons fait 23 heures quasi parfaites. Cette année, on a encore franchi une étape, mais on ressort de là avec de la frustration. On ne veut pas s’arrêter là, l’abnégation, on connait chez Duqueine Team ! »
Vous avez aussi la casquette Duqueine Automotive. Quel est le bilan de l’année au niveau du LMP3 avec la nouvelle Duqueine D08 ? Comment se passent les ventes ?
«On a dû se battre sur le début d’année qui a été très compliqué, ce fut vraiment dur. On a fait tout ce que l’on a pu pour faire sortir toutes les voitures le plus tôt possible. Pendant le premier confinement, on a tout mis en place pour pouvoir continuer à monter les voitures. Et, en plus, nous avons déménagé ! Nous avons donc eu beaucoup de travail et on ne s’est quasiment jamais arrêté pour pouvoir produire les LMP3 pour les équipes !
Nous avons 960 kilos, soit 10 kilos de pénalité (le délai d’homologation de la Duqueine D08 n’a pas été respecté de la part de Duqueine Automotive, ndlr) et nous allons maintenant les perdre. Nous savons que Ligier a très bien travaillé, mais nos LMP3 ont du potentiel. Nous avons progressé, notre concurrent a beaucoup progressé et, aujourd’hui, ils sont un petit peu en avance. Les équipes croient toujours au produit parce que le potentiel est là donc on s’affaire à les aider le plus possible, d’amener encore plus cette ADN course que l’on tente d’insuffler. Certes, nous sommes un constructeur, mais on essaie d’amener tout ce que nous aurions aimé trouver en tant que team. Nous évoluons comme cela, nous sommes aux côtés de nos équipes.
Il y a les Etats-Unis qui démarrent aussi. On a des premiers retours qui sont déjà positifs, nous avons déjà une voiture qui roule là bas. Elle a été essayée. Il y a des écuries qui vont faire évoluer leurs voitures actuelles car ils en ont la possibilité, d’autres vont attendre une autre année de plus, ce que je trouve aussi une bonne option pour eux. Je pense que c’est bien que les voitures continuent à rouler. Et pour ceux qui veulent des nouvelles, nous avons déjà plusieurs commandes. Certaines autos sont déjà parties, d’autres, à hauteur de cinq, sont en production. On va en relancer cinq de plus juste après, donc nous sommes à fond. Le confinement n’existe pas vraiment, nous allons au travail parce que nous avons un objectif aux Etats-Unis, c’est de marquer notre empreinte. »
Donc satisfait du côté des bons de commandes ?
«Pour le moment, oui, cela suit la ligne que l’on veut. Alors on a néanmoins moins de voitures que Ligier, mais concrètement, nous nous rapprochons de notre objectif au nombre de voitures. Cela n’est jamais fini, on aimerait qu’il y en ait encore plus, mais nous sommes un petit constructeur, nous essayons de faire les choses correctement. Nous avons enchainé les courses tous les week-ends entre l’Ultimate Cup, l’IMSA où nous avons envoyé deux personnes sur chaque meeting pour pouvoir avoir un support, améliorer cette proximité équipes / constructeur et cela commence à porter ses fruits, l’ELMS, la Michelin Le Mans Cup, les 24 Heures du Mans. Donc quatre championnats répartis sur trois mois et demi, il y a des personnes chez nous qui ne voient pas beaucoup l’atelier. On se rassure au fur et à mesure car on a pris une 2e petite tape en début de saison. Cela se paie aussi car les équipes n’ont pas eu trop le temps de travailler et cela a donc des conséquences. On a chargé tout “le sac à dos”, on s’est mis en marche en avant pour rattraper tout le retard, essayer de se mettre à jour et pérenniser. »
Vos dix kilos en moins en vue de la prochaine saison auront-ils une grosse conséquence ?
« Oui, cela va faire du bien ! Cela va aider. Au niveau pénalité, nous avons assumé notre erreur, notre responsabilité car nous avons eu un manquant. Je pense que nous avons bien purgé notre peine, mais il faudra aussi voir ce qu’il en est chez les autres constructeurs, et pas qu’en LMP3. Nous allons suivre le sujet pour que ce ne soit pas une exception ! Derrière, nous nous affairons à travailler du mieux possible pour aller de l’avant et, à l’image de Duqueine Team, on abandonne jamais ! »