Max Favard est le team manager de Duqueine Team et le directeur opérationnel de Duqueine Engineering. Il gère, entre autres, l’équipe qui évolue en European Le Mans Series avec une ORECA 07 #30 confiée à Tristan Gommendy, Jonathan Hirschi et Konstantin Tereshchenko. Il est revenu pour Endurance-Info sur la saison ELMS qui vient de s’achever et sur la difficile édition des 24 Heures du Mans qui s’est terminée dans les rails de la première chicane des Hunaudières…
Comment s’est passée la saison ELMS pour Duqueine Team ?
« En décembre 2019, nous n’étions pas sûrs de faire une saison, donc nous sommes satisfaits d’avoir pu en faire une complète tout en étant compétitifs. En plus, il y a eu la pandémie de Covid-19 et nous avons eu la chance d’avoir des organisateurs qui nous ont soutenus. L’ensemble des équipes a fait du super boulot pour être présent. Après, au niveau des résultats, nous sommes contents de la performance que nous avons réussi à trouver sur les pneus 2020 en qualifications. Nous montons en puissance et, plus ça va, plus on a de la performance en course comme l’a montré notre 2e place lors de la finale ELMS à Portimão (Portugal).
Cependant, il nous reste encore des choses à analyser, à valider pour être compétitifs sur l’ensemble des quatre heures de course. C’est que nous nous efforçons de faire. C’est un travail de longue haleine. On a restructuré l’équipe, tout le monde apprend à se connaitre. En plus, nous avions trois nouveaux pilotes cette année ainsi qu’un nouvel ingénieur. Il faut que l’ensemble prenne et cela demande du temps. En plus, cette année, nous avons eu un championnat de cinq manches étalé seulement sur trois mois et demi plus les 24 Heures du Mans. Quand on n’a que dix jours à l’atelier pour évoluer, c’est court, mais on peut être satisfait du travail de toute l’équipe car on a toujours eu une voiture dans le Top 5 en performance.
On voit que les trois premières places sont trustées par les mêmes écuries. Au début de la saison, on les pensait intouchables, mais à la fin, on commence à les regarder avec attention car on se dit qu’on a le potentiel pour pouvoir les accrocher. Derrière elles, il y a un groupe compact entre la 4e et la 10e place avec des équipes qui ont toutes à peu près le même niveau. Il y a une densité forte entre les équipages, les écuries et les gommes Michelin ou Goodyear qui ont leurs avantages à des moments différents. Ce bloc est important, mais je le répète, nous sommes satisfaits de notre saison 2020 ELMS, en particulier, avec ce podium lors de la finale. »
Vous aviez trois nouveaux pilotes cette année. Deux se connaissaient déjà bien, Tristan Gommendy et Jonathan Hirschi alors que Konstantin Tereshchenko ne connaissait lui personne. L’entente s’est-elle bien faite ?
« Konstatin est un pur produit russe issu de la monoplace, l’endurance n’est pas dans ses gênes au départ. Il a beaucoup progressé entre le Castellet et Portimão, on a appris à le manager. Tristan et Jonathan, c’est fluide, ils se connaissent parfaitement et savent travailler ensemble. Notre travail est de faire le lien entre les trois. Cela se passe de mieux en mieux et le niveau des trois pilotes en piste est là. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont besoin de la même voiture. »
Vos 24 Heures du Mans se sont mal passées pour vous. On imagine que c’est une grosse déception pour vous…
« Tout à fait, on est entre déception et frustration. J’avoue même que c’est encore difficile à digérer, heureusement qu’il y a eu encore deux manches ELMS après. Nous avons fait la course avec Renaud Dufour (ancien ingénieur chez Black Falcon et actuel ingénieur d’exploitation de Haupt Racing Team en GT World Challenge entre autres, ndlr), un ingénieur qui connait très bien Jonathan et Tristan pour avoir fait un podium aux 24 Heures du Mans en 2018 avec eux (c’était chez Graff, ndlr). Notre ingénieur n’étant pas disponible car il est impliqué dans une équipe WEC à l’année, j’ai donc tout de suite pensé à cette option là. Le Mans était concentré sur moins d’une semaine, c’était encore plus dense que d’habitude. Nous avons pu faire une séance d‘essais avec les deux ingénieurs en collaboration pour essayer de gagner du temps et afin de se connaitre un petit peu plus en arrivant sur le week-end de course.
Ensuite au niveau du résultat, c’est un fait de course malheureux comme il y en a tant d’autres. Il arrive après sept heures. Nous avions tout mis en place, nos arrêts au stand essence / pneus n’étaient pas encore parfaits car nous avons un homme de notre équipe qui a perdu un membre de sa famille la veille de l’épreuve ! On a dû tout restructurer et on a mis un gars à sa place qui n’avait même pas eu le temps de s’entrainer. On l’a affecté aux pneus et je ne peux que le féliciter car c’est là que l’on voit l’implication des gars. Et en plus, il ne s’est pas si mal débrouillé ! Donc oui, déception, mais le potentiel était là »
A suivre…