Andy Wallace est un des pilotes qui comptent le plus de participations aux 24 Heures, avec 19 départs. Il fait partie des rares pilotes à avoir gagné au Mans dès la première course., en s’imposant sur une Jaguar XJR-9 LM il y a tout juste 30 ans. S’il n’a pas réédité son succès dans la Sarthe par la suite, il a néanmoins remporté trois victoires de catégorie (2 en GTP avec Bentley, 1 en LMP2 avec une MG-Lola AER) et deux podiums au général -3ème en 1995 avec une McLaren F1 GTR et 3ème en 2001 avec une Bentley EXP Speed 8). Andy a bien voulu revenir avec nous sur sa victoire de 1988 :
Andy, comment avez-vous rejoint le Tom Walkinshaw Racing ?
« Après avoir gagné le Championnat de Grande-Bretagne F3 puis en fin de saison le Grand Prix de Macau, je me suis rendu compte qu’il était impossible de réunir le budget pour passer en F1. Heureusement, j’ai reçu un appel de TWR me demandant si cela m’intéressait de me joindre au team pour la saison 1988. J’ai été convié à une séance d’essais dans le sud de la France au Castellet pour une évaluation. Le test s’est très bien passé ! Et on m’a offert une place dans l’équipe pour plusieurs courses dont Le Mans. »
1988 était votre première année en prototypes et vous n’aviez fait qu’une seule course avant Le Mans, en terminant deuxième à Jerez avec John Nielsen et John Watson. Aussi, ne craigniez-vous pas de manquer d’expérience pour une course d’endurance comme les 24 Heures ?
« En fait, ma première course d’endurance, c’était en 1987 en Malaisie avec une C2 . Puis en 1988 j’ai couru pour Jaguar à Jerez et également à Road Atlanta avant Le Mans. Oui, je manquais d’expérience en endurance mais le team et également Jan Lammers et Johnny Dumfries m’ont beaucoup aidé à faire la transition des courses monoplaces vers les protos. Ce fut une expérience fantastique de courir pour un top team comme TWR. J’ai rapidement appris à m’adapter aux performances de ces prototypes. Cependant, j’étais très conscient de l’énorme tâche devant moi et de la responsabilité de piloter pour une équipe d’usine. »
Comment Tom Walkinshaw a-t-il choisi ses équipages ?
« Je pense que Jan et Johnny ont été au moins responsable du fait que je sois avec eux pour les 24 Heures. J’avais couru auparavant contre Jan à Macau, et nous nous sommes immédiatement respectés en tant que pilotes. »
Aviez-vous fait des essais tous les trois ensemble ?
« Oui, au Castellet, à Jerez, à Road Atlanta et à Silverstone. »
Les Porsche officielles avaient été beaucoup plus rapides que les XJR-9 pendant les qualifications. Etiez-vous restés sur la réserve pendant les séances ?
« Non, les Porsche pouvaient rouler en qualification avec davantage de pression de turbo que pendant la course -en raison de la réglementation sur l’allocation de carburant- et on ne pouvait pas lutter avec nos V12 atmosphériques. Cependant, nous nous sommes servis des séances pour parfaire le set-up et nous assurer que nous soyons tous à l’aise dans la voiture. »
Votre Jaguar, la XJR-9 #2 , a été en tête pendant la plus grande partie de la course. Est-ce que cela a été une affaire de circonstances ? Quelle était la stratégie de TWR pour les 24 Heures ?
« Il n’y avait pas vraiment de stratégie favorisant une voiture par rapport aux autres. Je pense que le set-up de notre voiture était peut-être légèrement différent, mais uniquement à cause des préférences des pilotes.. »
Deux des Jaguar ont dû abandonner, aussi John Walkinshaw vous a-t-il donné des instructions particulières pour la fin de course ?
« On nous avait donné la liberté de faire notre propre course, mais après que deux des cinq voitures aient abandonné, nous avons tous été conscients que nous ne devions pas faire de fautes. »
La Porsche de Stuck/Bell/Ludwig était très près de votre Jaguar. Aussi, étiez-vous tous à fond dans les dernières heures ?
« Nous roulions aussi vite que nous le pouvions et en même temps nous essayons de ménager la mécanique de la voiture. »
Vous êtes un des quelques privilégiés à avoir remporté les 24 Heures du Mans dès votre première participation. Cela représente quelque chose de spécial pour vous ?
« Oui, mais pour être honnête, remporter Le Mans, c’est une sensation si particulière que j’ai oublié que c’était ma première course au Mans »
Vous avez remporté Le Mans une fois, Daytona trois fois et Sebring deux fois. Laquelle de ces victoires préférez-vous ?
« Toutes les victoires en endurance sont spéciales ; Daytona et Sebring sont des courses de légende, mais Le Mans, c’est la plus grande. »
Allez-vous courir, comme lors des précédents meetings, au Mans Classic ?
« Actuellement, je ne prévois pas de courir au Mans Classic cette année, mais cela pourrait changer. J’ai vraiment apprécié les meetings 2014 et 2016. »