L’histoire des 24 Heures du Mans est riche en anecdotes. L’aventure qui est arrivée à Michael Youles, vainqueur de la catégorie C2 avec une Spice SE89C associé à Richard Piper et Olindo Iacobelli, durant les essais de ces 24 Heures 1990, en est un bel exemple et est des plus savoureuses, telle que la raconte le pilote britannique ;
“En 1990, je pilotais au Mans pour Richard Piper et le PC Automotive Team de Patrick Capon, les deux personnes les plus attachantes et les plus agréables qu’on puisse souhaiter rencontrer. Une des raisons qui m’ont poussé à courir pour eux, c’était de débuter au Mans. Les essais libres arrivent et, si je me souviens bien, je n’ai pas pu rouler pendant la première séance de jour car Jonathan Palmer était sorti avec sa Porsche 962 et donc j’ai dû attendre la séance nocturne.
Comme vous le savez, pour se qualifier, vous devez réussir un chrono dans un pourcentage déterminé de la voiture la plus rapide, aussi nous avions à notre disposition une variante du moteur Cosworth F1 de l’époque, un DFR 3,3l, afin d’être sûrs d’avoir la vitesse de pointe et la puissance nécessaires. J’avais seulement trois tours à faire, donc je suis parti. Ce n’était pas ma première course de 24 heures mais, pour une raison inexplicable, j’avais du mal à y voir et cela prenait toute ma concentration pour piloter vite cette chose. Rouler à 200 miles/heure (environ 320 km/h) en aveugle alors qu’une C1 vous arrivait par derrière, c’était tout simplement inconcevable de maintenir ce rythme pendant tout un relais. Tout ce que je pouvais penser, c’était comment j’allais expliquer au team que je serais incapable de piloter la nuit.
Donc, après les trois tours les plus durs jamais bouclés, j’ai été soulagé de voir le panneau « in » et je suis rentré au stand et je suis sorti de la voiture avec précaution. “
« Comment c’était ? » a demandé Richard ? « Richard, il faut que je te dise, je n’y vois rien et je ne pense pas pouvoir conduire comme ça durant la nuit. Je suis vraiment désolé, je dois avoir une sorte de cécité nocturne. »
Richard, calme comme toujours, m’a répondu:
« Ne t’inquiète pas, on doit pouvoir faire quelque chose pour remédier à ça. »
Il a prévenu notre laconique électricien Brian.
« Brian, Mike a du mal à bien voir, peut-on améliorer un peu l’éclairage ? »
J’ai été stupéfait quand il a répondu :
« Je pourrais changer les ampoules de 40 watts, que j’avais mises pour économiser la batterie, par des ampoules de 110, si ça peut aider. »
C’est comme si j’avais conduit à la lueur d’une bougie ! Cependant, en fin de compte, tout s’est bien terminé, nous avons eu la chance de remporter la catégorie C2.
On peut revoir périodiquement cette Spice dans les courses du Groupe C et notamment celles du Mans Classic, comme on peut voir ci-dessus et ci-dessous, aux mains de Pierre-François Rousselot pendant l’édition 2016.