Il y a tout juste un an, nous assistions à un débat sur l’égalité H/F en sport automobile au Mans sous l’égide de de Pierre Fillon et Marlène Schiappa. A cette occasion, le président de l’ACO militait pour voir plus de féminines en Endurance et plus précisément aux 24 Heures du Mans.
Dans six jours, Le Mans accueillera la finale européenne karting du challenge “The Girls on Track” en présence de Tatiana Calderon, Jutta Kleinchmidt, Mikaela Âhlin-Kottulinsky et Gosia Rdest. 27 filles se battront les unes contre les autres sur la piste Alain Prost au Mans.
En juin prochain, une Ferrari 488 GTE participera à la classique mancelle avec un trio 100% féminin composé de Rahel Frey, Manuela Gostner et Michelle Gatting. Les trois filles ont brillé en décembre dernier aux 12 Heures d’Abu Dhabi sur une Ferrari 488 GT3 alignée par Kessel Racing (6e au général, 2e en Pro-Am). La structure suisse de Ronnie Kessel fera rouler la Ferrari au Mans dans la très relevée classe GTE-Am qui compte 18 GT.
L’équipage féminin reçoit le soutien de la commission FIA Women in Motorsport présidée par Michèle Mouton qui compte une participation aux 24 Heures du Mans sur une Moynet en 1975 en compagnie de deux autres filles, Christine Dacremont et Mariane Hoepfner. Les trois féminines avaient terminé à une très belle 21e place (victoire en 2.0 litres).
2019 marque le retour d’un trio féminin au Mans, neuf ans après l’expérience Matech et la Ford GT de Natacha Gachnang, Cyndie Allemann et Rahel Frey.
“C’est un rêve qui devient réalité pour la mission et les objectifs de la commission FIA Women in Motorsport”, a déclaré Michèle Mouton. “Depuis près de 10 ans, nous travaillons à promouvoir la place des femmes dans notre sport et à essayer d’ouvrir des portes qui donneront aux filles des chances égales de démontrer qu’elles ont le talent nécessaire pour concourir au plus haut niveau. Kessel Racing a vraiment adhéré à notre philosophie et c’est un réel plaisir de faire partie d’une équipe aussi professionnelle.”
“Assurer cette entrée au Mans est absolument fantastique”, poursuit Michèle Mouton. “Ce n’est pas évident mais c’est un pas supplémentaire dans notre objectif de placer les femmes sur le podium de la course d’endurance la plus emblématique. Je tiens à remercier l’ACO pour son soutien, et bien entendu Kessel Racing pour sa confiance envers Manuela, Michelle et Rahel. Le travail difficile débute maintenant, mais avec les Essais Officiels et les deux courses de préparation, je suis convaincu que les filles utiliseront ce temps à bon escient et seront plus que prêtes pour l’une des courses les importantes de leur carrière. C’est bien que les féminines suscitent de plus en plus d’intérêt sachant qu’être au Mans est difficile. Le deuxième engagement entièrement féminin de Meyer Shank Racing pour Katherine Legge, Christina Nielsen et Bia Figueiredo est sur la liste de réserve et j’espère que nous pourrons bientôt les voir en action.”
Il y a tout de même peu de chance de voir l’ORECA 07/Meyer Shank Racing qui figure seulement au 9e rang sur la liste des suppléants. Dommage car un trio Legge/Nielsen/Figueiredo aurait été sympa à voir en LMP2 en plus de celui de la Ferrari.
Kessel Racing pourra compter sur une autre féminine pour diriger le projet avec Deborah Mayer, qu’on a vu dans le passé en Ferrari Challenge, Michelin Le Mans Cup et Blancpain GT Sports Club. La Ferrari est attendue en ELMS au Paul Ricard puis à Monza en guise de préparation à la course du Mans.
La première participation d’un équipage féminin aux 24 Heures du Mans remonte à 1930 avec Marguerite Mareuse et Odette Siko. Une 7e place attendait le duo de la Bugatti Type 40 à l’arrivée. Deux ans plus tard, Odette Siko terminait au pied du podium au volant d’une Alfa Romeo, ce qui restera le meilleur résultat d’une féminine au Mans au général. En 1935, dix féminines étaient au départ de l’épreuve.
Les filles ont aussi été à l’honneur en Asian Le Mans Series sur la Ligier JS P3/R24 aux couleurs de Richard Mille. Les féminines n’ont pas fini de faire parler d’elles…