L’un des (petits) événements de ces 12 Heures de Sebring était la présence surprise de Neel Jani dans la Porsche 911 RSR #912 évoluant en GTLM qu’il partageait avec les champions en titre, Earl Bamber et Laurens Vanthoor.
En effet, on n’avait plus revu le Suisse depuis plus d’un an. Le champion du monde d’endurance FIA 2016 et vainqueur des 24 Heures du Mans la même année (avec Marc Lieb et Romain Dumas) est parti de l’Endurance en juin 2019 lorsqu’il roulait encore chez Rebellion Racing au Mans en LMP1. Il a alors pris la direction de la Formule E pour le compte de Porsche. Cependant, on ne peut pas dire que cela se soit bien passé pointant à la 20e place finale avec 8 points alors que son coéquipier, André Lotterer, a engrangé 71 points avec deux podiums. Remplacé par Pascal Wehrlein la saison prochaine, le Suisse devait retrouver un baquet. On l’a donc retrouvé à Sebring ce week-end en tant que 3e homme de la Porsche 911 RSR #912.
La chose ne fut pourtant pas aisée. Neel Jani n’était jamais monté dans une GT alors débuter par l’une des plus grandes courses d’endurance au monde n’était pas facile. « J’ai fait plusieurs jours de tests dans la Porsche 911 RSR (à Vallelunga, ndlr), mais c’est encore une plongée vers l’inconnu » avouait-il avant le départ. « Je n’avais jamais participé à une course de GT auparavant. J’ai eu beaucoup à apprendre en très peu de temps lors de ce week-end à Sebring. En particulier, je ne suis pas familier avec la conduite dans le trafic. C’est un état d’esprit différent parce que vous devez être concentré sur ce qu’il se passe devant, mais, en même temps, vous ne devez pas oublier ce qui se passe derrière. Pourtant, je connais bien la piste de Sebring, j’y ai conduit des prototypes à plusieurs reprises et je suis monté sur le podium en 2013 (Lola B12 de Rebellion Racing, ndlr). Quatre ans plus tard, j’ai décroché la pole position avec une voiture LMP2 (ORECA 07 Rebellion Racing avec Sébastien Buemi et Nick Heidfeld, ndlr), battant ainsi tous les DPi. J’ai toujours été habitué à regarder devant moi et je ne me suis jamais soucié de ce qui se passait derrière moi. J’ai dû partir de zéro. J’avais vraiment hâte de relever cet énorme défi ce week-end car même si j’ai un peu d’expérience, mais ce n’est évidemment rien comparé à mes deux coéquipiers et mon expérience en GT était nulle ! J’étais vraiment là pour apprendre ! »
Le Suisse a été jeté dans le grand bain très rapidement, Porsche voulant certainement tester ses capacités lors des qualifications de la course. « Avant le début des qualifications, je n’avais fait qu’une trentaine de tours dans la 911 RSR à Sebring. J’ai utilisé le temps pendant les qualifications pour acquérir plus d’expérience. En gardant cela à l’esprit, le résultat n’est pas du tout mauvais (6e des GTLM à deux secondes de la pole, ndlr). »
Le grand jour arriva enfin avec son premier départ en GT qui plus est aux 12 Heures de Sebring. « Samedi, j’ai commencé par deux relais. Mon travail a consisté à maintenir le contact avec le groupe de tête. Après cela, Earl et Laurens ont attaqué et ont essayé d’accrocher la victoire. J’étais vraiment le 3e homme à bord et j’vais envie de faire mon travail aussi bien que possible. » Au final, cela ne s’est pas mal passé. Le Suisse a réussi à garder le contact avec le peloton des GTLM en début de course. Il a ensuite passé le volant à ses deux illustres coéquipiers qui ont attaqué autant qu’ils ont pu, frôlant parfois la correctionnelle !
Au final, les trois hommes terminent 2e de cette 68 édition des 12 Heures de Sebring juste derrière leurs coéquipiers (Nick Tandy, Fred Makowiecki et Earl Bamber, ce dernière officiant sur les deux voitures). « C’était un début parfait pour moi au volant de la 911 RSR. C’est presque incroyable que j’aie pu contribuer au doublé de Porsche lors de la dernière sortie de l’usine Porsche en IMSA. Ce résultat me donne une sensation fantastique. Je suis absolument ravi ! »
Cette expérience passée, Neel Jani se dit ouvert à un avenir en GT avec Porsche, même les choses sont encore en discussion pour savoir s’il prendra place dans le programme WEC 2021 de la marque. En effet, il pourrait remplacer un des pilotes en GTE-Pro l’année prochaine. Cette possibilité existe, des discussions sont en cours et on devrait en savoir plus après la finale WEC de Bahrain…