Nick Foster n’est certainement pas le plus connu des pilotes australiens surtout à coté des Daniel Ricciardo, Mark Webber, Jamie Whincup et autres Craig Lowndes ! Cependant, l’homme de 28 ans commence à se faire un nom en endurance via le GT World Challenge Europe Powered by AWS, l’Intercontinental GT Challenge et l’Asian Le Mans Series. Retour sur la trajectoire de ce pilote qui s’est vite fait un nom dans le monde du GT !
En regardant votre palmarès on se rend compte que vous avez commencé par la Formule Ford, la Formule 3, la Toyota Racing Series, et ensuite vous avez fait de la Porsche Carrera Cup. Pourquoi avoir quitté la monoplace ?
« A la fin de ma période en Formule Ford, je pensais aller aux USA avec, pour but, de faire la Mazda Road to Indy. Le souci a été le budget et, à ce moment là, j’ai eu une opportunité grâce à quelqu’un que je connaissais chez Porsche. Il m’a proposé de faire les dernières manches de la Porsche Carrera Cup Australie. Cela s’est bien passé, j’ai finalement terminé 3e alors que j’avais manqué le début de la saison. J’avais aussi réussi à battre mon équipier. Le principal partenaire de cette équipe m’a alors demandé de rejoindre son programme l’année suivante. J’ai saisi cette chance et remporté la saison 2015 avec Sonic Motor Racing Services. Je suis ravi de mon parcours, sachant d’où je viens en Australie et même si je ne suis pas allé aux USA. Cette place en Porsche Cup est arrivée au bon moment. »
Monoplace, Porsche Cup et ensuite l’Endurance. Pourquoi cette suite de carrière ?
« Pour moi, l’endurance a toujours été une grande passion. J’ai fait du sport automobile, du karting pour commencer, car mon père ne voulait pas m’acheter de moto. Au départ, c’était juste un loisir. Cependant, à cette époque là, j’ai assisté avec mon père à la Race of a Thousand Years qui a eu lieu à Adelaïde. Cette course m’a véritablement transformé, j’ai adoré (il avait sept ans, ndlr) et je suis définitivement tombé amoureux de l’endurance. C’est resté un peu latent dans ma tête pendant plusieurs années. Ma carrière a eu quelques zigzags, ce n’a jamais été une seule et belle ligne droite, mais finalement je suis arrivé dans cette discipline. »
Vos premiers pas, justement, en Endurance se font en WEC avec Gulf Racing en 2017 (Porsche 911 RSR). Quels souvenirs en gardez-vous ?
« Ce fut une saison incroyable ! Gulf Racing était dans cette catégorie en WEC depuis un an déjà et c’était la dernière saison avec cette génération de Porsche RSR. Ce fut donc un peu spécial. En termes de pneus et de performance, je pense que nous n’étions pas là dans le coup surtout comparé aux nouvelles Ferrari qui arrivaient. Nous avons néanmoins signé quelques podiums dont celui de Mexico, le premier de Michael Wainwright, le propriétaire de l’équipe (et pilote, ndlr). De plus, nous finissons 2e à Shanghai quelques temps plus tard. Ce fut particulier pour moi de ramener ces trophées à l’équipe qui signait ses tous premiers podiums. J’ai adoré travailler avec cette écurie qui est vraiment très bien organisée et soudée car avant le WEC, ils ont fait de l’ELMS et du Blancpain Endurance Series. Je suis d’ailleurs toujours en contact avec Ben Barker, Michael Wainwright, certains ingénieurs…»
Ce fut surtout vos premières 24 Heures du Mans…
« Tout à fait ! La semaine complète au Mans a juste été incroyable. Ma première expérience remontait à 2016 aux Virages Porsche, en buvant des bières et en regardant passer les autos. Donc, en 12 mois de temps, passer de derrière les grillages à acteur de la course, c’est juste incroyable surtout que j’avais beaucoup d’amis présents, ma famille aussi. J’étais super excité tout au long de la semaine, le Pesage, les essais, la Parade, la course, tout est extraordinaire. Mon meilleur souvenir reste très certainement ce triple relais de nuit. C’était comme si j’étais tout seul, il n’y avait rien, je roulais là dans le noir pendant plus de trois heures avec juste quelqu’un à la radio de temps en temps. Ce fut un sentiment incroyable. Je me concentrais juste sur mes temps au tour. C’est certainement l’une des plus belles sensations au monde dans une voiture de course. »
Vous avez également roulé en Blancpain Endurance Series et en Intercontinental GT Challenge. Que pensez-vous de ces deux championnats ?
« Je suis d’abord passé par la Blancpain GT Series Asia (avec HuAuto Corsa sur une Ferrari 488 GT3). C’est une série très relevée et j’ai été très proche de remporter le championnat en 2018. L’année suivante, nous sommes allés en IGTC (même auto, même écurie, ndlr) qui est, selon moi, le plus beau championnat au monde en GT3. Que ce soit en GT ou en GT3, tout le monde a un jour envie d’atteindre ce niveau. Nous avons remporté la manche de Laguna Seca (avec Miguel Molina et Tim Slade, ndlr), ce fut un moment très particulier en tant qu’équipe privée. Mon but serait d’y revenir dès que j’en aurais l’opportunité.
Quant au GT World Challenge Europe Powered by AWS, c’est pratiquement la même chose et je suis ravi de pouvoir y rouler à nouveau cette année avec McLaren (720S GT3 d’Optimum Motorsport) en Endurance avec deux amis, Martin Berry et Yasser Shahin (en Pro-Am). De mon coté, je serai de nouveau impliqué dans le processus de développement de cette auto, ce qui est un beau défi. Toujours avec cette McLaren, je roulerai aussi en British GT avec Martin Berry. Même si je vis en Angleterre, ce sera mon premier championnat complet dans ce pays. Ce va être une belle année et je suis impatient de débuter (interview faite avant la pandémie de Coronavirus, ndlr).»
Vous avez roulé cet hiver en Asian Le Mans Series pour le compte d’Eurasia Motorsport. Comment s’est déroulée votre saison ?
« La transition GT vers le LMP ne fut pas facile. Certes, comme on l’a dit, j’ai fait de la monoplace, j’ai passé beaucoup de temps, 9 ou 10 ans, dans des GT. Mais j’ai vite progressé, vite compris le fonctionnement de cette auto car les sensations sont les mêmes. Au final, je suis content de cette transition, j’ai fait de bons temps dans la voiture. Nous avons commencé par la pole position de Roberto Merhi à Shanghai, mais au niveau stratégie, cela ne nous a pas souri lors des deux premières manches. Nous étions en mesure de nous battre pour la victoire, mais nous signons trois 2e places en quatre épreuves. Ce fut donc une bonne saison compte tenu du fait que je ne connaissais pas l’équipe, ni mes coéquipiers, ni les ingénieurs, ni même la voiture. Je suis juste déçu de ne pas avoir remporté une manche, mais nous nous sommes battus jusqu’au bout pour le titre, c’est positif ! L’équipe a fait du super travail tout au long de cette saison, la stratégie a été excellente et mes coéquipiers (Roberto Merhi et Aidan Read, ndlr) ont été très bons. Nous terminons 3e au championnat, nous avons donné notre meilleur, c’est déjà bien ! »
Quelle sera la prochaine étape pour vous ? Les 24 Heures du Mans en LMP2 ?
« J’adorerais continuer de rouler en LMP2 ! J’ai aimé cette expérience en Asian Le Mans Series, cette Ligier JS P217 est phénoménale à piloter. Plus vous êtes dedans, plus vous comprenez de quoi elle est capable. J’ai adoré piloter un prototype pour la première fois de ma carrière. Il a fallu apprendre vite car le temps de roulage est réparti entre les trois pilotes. A la fin du dernier week-end de course à Buriram (Thaïlande), j’étais vraiment triste à l’idée de ne plus pouvoir monter dans cette auto. En tout cas, je veux vraiment remercier Mark Goddard et Eurasia Motorsport de m’avoir donné cette opportunité. »