Nick Leventis est avant tout pilote, mais il est aussi très impliqué au sein de Strakka Racing car il en est le fondateur (2007). Le Britannique, classé Silver par la FIA, évolue dans cette écurie depuis 2008, année qui correspond aussi à ses premières 24 Heures du Mans sur une Aston Martin DBR9 engagée par l’équipe Vitaphone Racing avec le soutien de Strakka Racing. Depuis, il a roulé en LMP2 puis en LMP1 avant de basculer en GT3 en Blancpain GT Series. Après un passage avec McLaren, la structure britannique a décidé de rouler pour le compte de Mercedes cette année.
Quel bilan tirez-vous de votre saison 2018 en Blancpain GT Series ?
« Ce fut une bonne saison, ponctuée par un titre en Pro-Am. De plus, ce fut notre première année de collaboration avec Mercedes et nous en sommes plutôt contents. Par contre, nous aurions aimé mieux figurer en catégorie Pro. C’est dommage car ça ne s’est pas trop mal passé lors des manches d’Intercontinental GT Challenge. En tout cas, nous sommes satisfaits, nous avons encore besoin de nous améliorer pour être l’équipe la plus rapide disposant d’une Mercedes. Nous avons bien progressé et nous nous dirigeons vers un gros programme en 2019 qui commencera à Bathurst. »
Comment est votre relation avec Mercedes en comparaison avec celle que vous aviez avec McLaren auparavant ?
« C’est une relation très encourageante. La principale différente est qu’avec Mercedes, nous sommes sur le long terme, nous engageons trois voitures dont deux qui reçoivent le soutien de l’usine et nous nous battons pour la victoire absolue sur les manches d’Intercontinental GT Challenge. Nous avons été assez malchanceux à Bathurst avec cette course qui s’est arrêtée un peu plus tôt que prévu alors que nous étions vraiment bien placés pour l’emporter. Cependant, c’est comme ça que nous voulons faire du sport automobile. Nous sommes passés par d’autres championnats par le passé, avons fait plusieurs fois les 24 Heures du Mans et nous sommes là pour gagner. Nous sommes confiants, nous espérons que la relation et le soutien que nous avons de Mercedes sera encore plus fort l’année prochaine. J’aimerais que nous soyons les plus rapides des Mercedes, c’est sur ce point que je suis déçu, mais en même temps nous n’avons la Mercedes-AMG GT3 que depuis cette année. Le team fait face à des écuries qui la connaissent bien mieux que nous. »
Comment se sont passées les Total 24 Heures de Spa pour vous ?
« Ce fut une belle édition, Spa étant une course tellement difficile. Nous avons eu des soucis avec la voiture #43 en Pro (Maxi Buhk, Alvaro Parente, Maxi Götz) et je suis déçu de la performance de cette auto (elle a terminé 11e,ndlr). Nous avons analysé tout cela depuis et je sais que, l’année prochaine, nous serons encore plus forts pour cette course de 24 heures. Pour ce qui est de la #42, en Pro-Am Cup, nous terminons 2e (Chris Buncombe, Nick Leventis, Lewis Williamson, David Fumanelli), c’est le meilleur résultat que nous pouvions espérer, je pense. Nous tenterons de gagner en 2019 ! Je pense que la BOP ne favorisait pas les Mercedes cette année, en dehors de Silverstone et Bathurst. C’était mieux en deuxième partie de saison comme à Suzuka et à Barcelone. Je pense aussi que nous serons rapides à Laguna Seca pour la finale Intercontinental GT Challenge. A Spa, nous avons fait et géré de notre mieux avec la BOP que nous avions, nous n’étions pas assez bien en vitesse de pointe. C’est dommage car tout le monde aurait voulu voir Mercedes se mêler à la victoire finale, mais ce ne fut pas possible même si Black Falcon a fait du bon travail (Yelmer Buurman, Luca Stolz, Maro Engel sur la #4 ont terminé 5e). »
Vous aviez Rubens Barrichello (avec Christian Vietoris et Felipe Fraga sur la Mercedes AMG GT3 #44) avec vous aux Total 24 Heures du Spa. Que retenez-vous de son implication au sein de l’équipe ?
« C’était vraiment une bonne chose d’avoir Rubens avec nous. Il arrive avec un grand nom. Il y a une chose que je regrette et j’en suis désolé pour lui, il n’a pas été en mesure de se battre comme il aurait dû (abandon assez tôt dans la course, ndlr). Plusieurs choses, indépendantes de l’équipe, se sont passées pendant la course. Ce fut néanmoins une belle expérience pour lui de rouler à Spa dans une GT3. Il a un bon bagage technique derrière lui de par les championnats dans lesquels il a été impliqué et les voitures dans lesquelles il est monté, mais il s’est très bien adapté à la voiture. Il a vraiment fait du bon travail. Il était ravi de faire partie de cette aventure. »
Serez-vous présent à la Coupe de Nations FIA GT ?
« Malheureusement, non, cela ne collait pas avec notre programme. Nous avons une grosse période de test en décembre et nous souhaitons vraiment nous concentrer sur Bathurst par la suite (la course est le 3 février, ndlr). Comme je l’ai précisé, il y a un goût un peu d’inachevé par rapport à l’an dernier et je veux terminer ce qui a été commencé, c’est-à-dire de décrocher un bon résultat (rires). Cependant, nous regardons de près la Coupe des Nations et je ne dis pas que dans le futur, nous n’irons pas. Je pense aussi aux 24 Heures de Daytona, je voudrais que Strakka Racing y soit présent un jour. »
De quoi sera fait 2019 ?
« Ce sera très similaire à ce que nous avons eu en 2018. Nous allons disputer l’Intercontinental GT Challenge et la Blancpain GT Series Endurance. Je suis très content et excité à l’idée d’aller à Kyalami l’année prochaine. Nous connaissons déjà bien cet endroit lorsque nous étions en World Series, nous avions fait des séances d’essais hivernales là-bas. Je pense que nous aurons un petit avantage de par notre connaissance de la piste. »
Vous n’avez plus fait les 24 Heures du Mans depuis 2016. Est-ce que cela vous manque ?
« J’ai eu le privilège de disputer les 24 Heures du Mans à neuf reprises. Nous avons remporté une fois la catégorie LMP1 (meilleure équipe privée) et une fois le LMP2. C’est un événement fantastique, ça nous manque, c’est certain ! Cependant, je suis sûr que Mercedes-AMG garde un œil sur le programme Hypercar. Pour le moment, nous nous concentrons sur ce que nous faisons, sur la solidité de notre relation avec AMG et tâchons de réaliser les meilleures courses possibles. Comme, je l’ai dit, nous souhaitons être la meilleure équipe Mercedes dans le futur. Pour le reste, qui sait !? »
Gardez vous un œil sur la réglementation Hypercar ?
« Tout à fait ! Nous sommes impliqués dans un groupe de travail avec Mercedes-AMG, nous discutons régulièrement avec eux. Malheureusement, le WEC, avec la Super Saison, n’est plus ce que c’était auparavant. Je pense que la prochaine phase du cycle de l’endurance, avec les nouvelles technologies, que représente l’Hypercar, peut être vraiment intéressante. »
Vous sentez vous mieux en GT3 qu’en LMP1 ou en LMP2, budgétairement parlant ?
« Le temps du Groupe C puis toute la période GT qui a suivi ont vraiment été intéressants, avec des constructeurs impliqués. Cette limitation à quatre fabricants de châssis LMP2 actuellement et le nombre réduit d’engagés en LMP1 avec l’implication des usines signifie que le GT est la catégorie dans laquelle il faut être. Le fait d’avoir cette relation étroite avec un constructeur et l’engagement de plusieurs autos de la même marque est vraiment intéressant pour nous. Le niveau et les coûts en LMP2 ont vraiment augmenté, je trouve que ce n’est plus gérable. De plus, avec cette Super Saison WEC, vous devez faire les 24 Heures du Mans à deux reprises, ce qui fait que le budget est bien plus important même si vous n’engagez qu’une seule auto. Je pense que c’est pour cela que le niveau de compétition en ce moment est assez limité et que la série est dans l’état où elle se trouve. Si vous prenez la Blancpain GT Series ou l’Intercontinental GT Challenge, je pense que c’est bien plus attirant d’un point de vue du budget et la compétition y est plus relevée. Il est dommage que les constructeurs se soient détournés du LMP1 pour aller en Formula E, mais quand vous regardez les coûts, je ne trouve pas ça si surprenant au final ! »