Deux des trois pilotes de la Corvette C8.R #4 de Corvette Racing changent d’environnement cette année. Nick Tandy (ex Porsche officiel) et Alexander Sims (ex BMW en IMSA jusqu’en 2018) débarquent au sein de l’équipe américaine. Les deux hommes vont avoir à se faire à une nouvelle structure, à de nouveaux coéquipiers et une nouvelle auto.
Nick Tandy sera le plus concerné lui qui est dans le giron Porsche usine depuis 2014, date du retour officiel de la marque de Stuttgart aux USA. Il va falloir mettre de côté les années passées chez Porsche GT Team et faire face au nouveau challenge qui l’attend. « Bien sûr, ça fait bizarre. Cela fait maintenant sept ou huit ans que je travaille pour CORE Autosport, avec un groupe de personnes que j’ai appris à connaître. Le plus grand changement sera l’adaptation au travail avec des personnes différentes et au sein d’une équipe. En fin de compte, lorsque la chance s’est présentée de rejoindre Corvette Racing, la décision a été facile à prendre. Oui, j’aimais ma famille chez CORE et Porsche, mais au bout du compte, il n’y avait pas d’option pour aller courir en GTLM et en IMSA. C’est ma série préférée, ce sont mes courses préférées à travers le monde depuis ces 15 dernières années. GTLM et GTE sont super compétitifs, les voitures sont superbes, c’est usine contre usine dans les grandes compétitions. Il n’a pas fallu longtemps pour dire oui et se mettre d’accord. C’est un nouveau défi, c’est la même série avec une voiture similaire, mais le challenge viendra de mon intégration dans une équipe de champions qui a réussi depuis 20 ans. C’est quelque chose que j’attends avec impatience. De mon point de vue, en rejoignant Corvette Racing et Chevrolet, je devrais gagner des courses en IMSA et des championnats. C’est mon objectif jusqu’à ce que nous l’ayons fait et que nous en ayons gagné quatre ou cinq. »
Alexander Sims revient lui aussi sur son choix de retour en IMSA via Corvette Racing. « Depuis que ma présence en IMSA a pris fin et que je suis parti en Formule E (BMW i Andretti Motorsport), c’est le seul championnat qui m’intéressais vraiment. C’est le plus important auquel j’ai participé dans le cadre des courses de GT et que j’ai apprécié. La compétition, les circuits, le format des courses, les concurrents, tout est tout simplement fantastique. L’opportunité de conduire pour Corvette a été quelque chose qui a pris très peu de temps à considérer. Ayant couru contre eux pendant quelques années, vous voyez le niveau auquel ils travaillent en équipe, le succès qu’ils ont eu au fil des ans. C’est un grand honneur pour moi de participer à ce programme et d’en faire partie. Maintenant, j’ai hâte de rentrer dans le vif du sujet et de retourner à Daytona. »
Le Britannique aura une saison chargée entre les quatre manches de la Michelin Endurance Cup, les 24 Heures du Mans (?) et sa saison de Formule E où il roulera pour le compte de Mahindra . « Mon arrivée en IMSA était honnêtement un facteur important par rapport à ma situation en Formule E. Mahindra a toujours eu une position claire, ils m’ont dit qu’ils seraient heureux que je fasse des courses de GT et qu’il n’y aurait aucune restriction. J’apprécie vraiment ma période en Formule E et je veux que cela continue, mais en même temps, je fais des courses de GT depuis de nombreuses années. C’est tellement unique au niveau du plaisir qu’on en retire, la fatigue physique que l’on ressent lors d’une course de 24 heures. On ne peut pas reproduire cela dans une course de sprint. Sachant que l’IMSA est le championnat que j’ai le plus apprécié dans les courses de GT au fil des ans, mon objectif premier était d’y revenir. »
Les deux nouveaux arrivants vont donc avoir à gérer plusieurs choses. Pour Nick Tandy, ce sera de s’habituer à la C8.R après plus de sept ans passés dans une Porsche 911 (de tout type). « Évidemment, je cours dans un environnement familier en IMSA et en GTLM, mais j’ai bien sûr une nouvelle voiture et beaucoup de nouvelles personnes avec qui travailler. Je cours contre cette voiture depuis 12 mois maintenant. Par rapport aux précédentes autos auxquelles j’ai été habitué, la C8.R est construite selon un ensemble de règlements similaires, fonctionne avec un type de pneu similaire, a une puissance et un poids similaires par rapport à ce que j’ai connu. Ce qui m’a le plus plu, c’est que la C8.R m’a tout de suite semblé naturelle. Il y a, bien sûr, beaucoup de nuances et de détails sur la façon de signer des temps et d’obtenir la constance de la voiture et des pneus. Après une journée d’essais, on se sentait assez à l’aise et familier. C’était un grand point positif pour moi, mais il existe de légères différences.
Le problème avec les 911 que nous avions, c’est l’empattement court. Les voitures deviennent de plus en plus larges. Le fait d’avoir une voiture large avec un empattement court rend la voiture nerveuse. La C8.R a un empattement légèrement plus long, ce qui la rend un peu plus stable dans de nombreux endroits. C’est juste l’architecture de base de la voiture. Il y a des endroits où c’est un obstacle, mais regardez la M8 avec son empattement encore plus long. Il y a des endroits où l’empattement court aide comme à Long Beach, par exemple, mais cela rend parfois la conduite plus difficile. J’ai hâte d’exploiter et de pousser la voiture et de ne plus être constamment à la limite et la dépasser. C’est une machine de course d’endurance, elle est conçue pour une raison : être cohérente, nous permettre à nous, pilotes, de pousser le plus fort possible et d’essayer de limiter les erreurs. »
Du côté d’Alexander Sims, son défi consistera à passer d’une Formule E à une GTE (et vice versa) au fil de la saison. « Faire un tour de qualification n’est pas si différent d’une auto à l’autre en fait. Il faut un peu de temps pour s’habituer aux pneus, mais pour ce qui est des principes de base du pilotage d’une voiture de course, on passe toujours par les mêmes processus. Il n’y a pas trop de choses qui, à mon avis, entreront en conflit en termes de saut entre deux voitures et deux championnats. C’est quelque chose que j’ai déjà fait ces deux dernières années. Pour moi, sauter dans une voiture GT3 est un peu plus difficile lorsque vous introduisez l’ABS, mais avec la Corvette, cela devrait être assez simple, dans la limite du raisonnable. Il suffit de quelques tours pour s’adapter. »
Pour terminer, les deux nouveaux pilotes Corvette Racing voient d’un bon œil l’évolution (positive) de l’Endurance actuellement et dans les prochaines années comme le confirme Nick Tandy. « Je suis plus optimiste que je ne l’étais en juin, disons le comme ça. C’est formidable de voir des personnes engagées dans les catégories LMDH et LMH. Il y a des gens, même si des équipes ont quitté la Formule E, il y a des constructeurs qui regardent cette discipline et la Formule 1. Nous avons en quelque sorte perdu le DTM qui était probablement le championnat de haut niveau en Europe, mais il semble qu’ils prennent un nouveau départ et il y a déjà des équipes qui y participent. Il y a des gens qui veulent toujours rouler, que ce soit des privés ou des constructeurs. Tant qu’il y en aura qui voudront aller courir, c’est une bonne chose. Il faut espérer qu’une fois que les jours et les temps difficiles seront derrière nous, les gens voudront à nouveau profiter du sport automobile… »