Le vainqueur des 24 Heures du Mans 2015 avec Porsche, Nick Tandy, revient en LMP cette année. Alors qu’il était attendu sur l’une des deux Porsche 911 RSR officielles américaines en catégorie GTE Pro, les deux autos ont depuis dû déclarer forfait. Sans vraiment chercher de volant depuis, le Britannique se retrouve chez G-Drive-Racing by Algarve sur l’ORECA 07 LMP2 #16 avec Ryan Cullen et Olivier Jarvis. Sportscar 365 a pu le rencontrer…
Comment cette opportunité de rouler chez G-Drive Racing by Algarve s’est-elle présentée ?
” Elle est venue des Cullen, par un ami commun que je connais par les miniatures Tamiya au Royaume-Uni. Je suis allé chez Tamiya pour faire des modèles pendant la période de confinement et le gars, à qui je parlais là-bas, travaille aussi avec Ryan. En fait, lorsqu’ils ont appris que les deux Porsche 911 RSR officielles, qui devaient aller au Mans, étaient forfait et que j’étais donc libre, ils m’ont demandé si j’étais intéressé pour faire partie d’une équipe avec eux. J’ai dit oui parce que je n’avais plus rien ce week-end là et aussi car je ne voulais pas manquer les 24 Heures du Mans. Ensuite, nous sommes passés par de nombreux scénarios et processus différents. Il y a eu des hauts et des bas, mais nous avons fini par tout régler. Je connais Ryan depuis quelques années, on s’est rencontré quand il courait en Formule Ford britannique.”
Comment abordez-vous cette course après la déception de Porsche ?…
” J’ai déjà passé quelques années au Mans maintenant et vous ne voulez y aller que s’il est possible de gagner. Nous avons compris chez Porsche que cela n’allait pas fonctionner du point de vue logistique avec des voitures qui doivent être présentes à Mid-Ohio le week-end prochain. Nous avons donc accepté la situation. Je n’ai pas cherché activement à faire quelque chose d’autre parce que je me concentre toujours sur le championnat IMSA, mais quand ce genre d’opportunité se présente, cela ne se refuse pas. Ce n’est pas aussi exigeant en termes de temps qu’un programme usine LMP1 et ça fonctionne facilement en termes de calendrier. Ce qui est difficile, c’est que nous n’avons pas eu le temps de faire d’essais parce que le programme a été mis en place tardivement, donc la première fois que j’ai piloté la voiture, ce fut dans le cadre de la première séance d’essais libres ce matin. Je n’ai plus piloté de LMP2 depuis 2015. J’ai participé au programme LMP1 Porsche de 2014 jusqu’à la fin, mais je ne suis plus remonté dans un prototype depuis fin 2017…”
Quels vont être les défis à relever pour vous lors de cette 88e édition ?
“La voiture et les pneus sont nouveaux pour Oliver et moi. J’ai roulé avec le même type de pneus en 2015, avec des Dunlop, donc j’ai quelques repères quand même. Le défi consistera à régler correctement la voiture pour tirer le meilleur parti du pneu et essayer de réaliser plusieurs relais. Du point de vue pilotage, les LMP2 sont très rapides et conçues pour une grande variété de pilotes. Il va me falloir quelques tours pour m’y habituer. Je vais me focaliser, entre autres, sur la position du siège, la position du volant… Ce sont des choses que votre corps et vos muscles enregistrent normalement à travers les différentes séances d’essais. Ce n’est pas l’idéal de rentrer directement dans une course de 24 heures sans développer la mémoire musculaire, mais c’est comme cela. Ce n’est pas la première fois que je vais sauter dans une voiture et que je vais devoir aller vite tout de suite. Nous ferons de notre mieux. Nous ne nous attendons pas à mettre le feu aux essais libres ni aux qualifications, mais j’espère que ce sera le cas lorsque nous serons au cœur de la course. C’est ce à quoi nous allons nous préparer pendant les essais.”
De plus, vous avez un équipage très solide…
“Absolument ! Cette équipe a été constituée tardivement, mais nous avons du potentiel avec tous ces ingrédients, avec le lien G-Drive et l’équipe Algarve Pro, et le trio de pilotes. Si l’un de ces ingrédients n’avait pas été présent, l’événement n’aurait pas eu lieu. Du côté des pilotes, je ne pense pas que nous allons manquer de quoique ce soit. Ryan (Cullen) a l’expérience des courses ici depuis l’année dernière et Olly (Jarvis) et moi-même sommes déjà venus plusieurs fois. Quand vous regardez la grille de départ, l’expérience compte beaucoup. Si nous avons une course propre, je suis sûr que nous aurons une chance de bien figurer. Il pourrait y avoir des conditions changeantes dans la course, un moment où un pneu est meilleur pour les conditions que l’autre. Cela pourrait jouer en notre faveur car nous sommes, espérons-le, l’une des voitures les plus solides équipées en Goodyear.
En IMSA, comme nous avons trois composés de gommes, il y a toujours des différences, mais au Mans – en GTE-Pro – il y a généralement un pneu qui domine la course. Il n’y a donc pas beaucoup de bouleversements sur le déroulement de l’événement. Mais lorsque vous êtes sur un type de pneu complètement différent et que vous avez encore des options de composés autour de celui-ci comme c’est le cas en LMP2, il peut y avoir de grandes différences tout au long de la course.”
Une chose plus inhabituelle pour vous depuis quelque temps, vous allez devoir dépasser des GTE…
“Ce sera une situation étrange. J’ai l’habitude d’être dans la catégorie qui doit regarder dans ses rétros et j’ai aussi eu l’habitude d’être dans la classe où l’on regarde très rarement dedans. Dans la classe LMP2, il y a des LMP1 qui viendront vite sur nous, mais nous aurons à dépasser plus de 30 GTE. Ce sera amusant de faire à nouveau l’extérieur dans les Virages Porsche, mais en fin de compte, c’est une course multi catégories. La rude bataille dans la catégorie GTE-Pro me manquera, mais j’espère que nous serons là et que nous aurons aussi ce type de lutte en catégorie LMP2.”
Dès la fin des 24 Heures du Mans, vous repartez pour les Etats-Unis…
“Oui, exactement. Mon plan est de rentrer à la maison après la course dimanche. Si les choses se passent bien, ça pourrait se transformer en lundi. Mais, dès lundi, l’objectif va changer, je vais repasser en mode IMSA car nous devons nous envoler en milieu de semaine pour Mid Ohio.”