A 34 ans, Nicolas Armindo tire un trait sur sa carrière de pilote GT. Le natif de Colmar va désormais se consacrer à son activité professionnelle, sa famille, avant peut-être de relever de nouveaux défis motorisés. C’est un Nicolas Armindo déçu de devoir faire une pause sa carrière de pilote qui nous a contacté pour nous expliquer les raisons de cette fin prématurée.
“Depuis 2010, je gère une entreprise en parallèle à mes activités de pilote” nous a déclaré Nicolas Armindo. “J’ai une entreprise à faire vivre. Chaque lundi matin, je suis au travail, et ce jusqu’au jeudi soir, avant de me rendre sur les circuits. Je n’ai pas le temps de rouler et de faire du sport quotidiennement, mais j’ai tout de même montré que je pouvais être devant. Je mène deux vies de front depuis mes débuts en 1998. Cela fait 19 ans de sacrifice et d’investissement personnel pour rien.”
Après avoir débuté en karting, Nicolas Armindo est passé en Formule Campus puis en Formule Renault, avant de passer en Porsche Carrera Cup Deutschland où il raflé le titre en 2010, un an après avoir terminé 3e en FIA GT3 sur une Audi R8 LMS du Team Rosberg. Passé tout près d’un poste de pilote officiel Porsche, le Colmarien a poursuivi sa carrière en GT, notamment chez IMSA Performance Matmut pour qui il a disputé les 24 Heures du Mans à trois reprises. McLaren, Lamborghini, Porsche, BMW ou encore Ford GT, Nicolas Armindo est un touche-à-tout du GT.
“Cela devient pesant car il faut être dans la bonne voiture et avoir la bonne classification de pilote” poursuit Armindo. “On s’écarte de plus en plus du sport. Il faut avoir la bonne BOP sous peine de ne pas pouvoir se montrer. Les constructeurs jouent eux aussi avec les règles. C’est comme si on faisait jouer Rafael Nadal avec 5 kg sur son poignet. C’est discriminant. On ne retrouve cela dans aucun autre sport. J’ai débuté sur une Porsche 996 Cup où il fallait faire le talon-pointe. La 996 Cup était une auto de route équipée de slicks. La voiture était très dure à piloter, mais j’arrivais à tirer mon épingle du jeu. Un pilote sans argent pouvait se faire remarquer. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Prenons l’exemple d’Olivier Pla qui certainement l’un des meilleurs pilotes d’endurance au monde. Combien lui a-t-il fallu de temps pour qu’il soit reconnu à sa juste valeur ?
“Il y a trop de pilotes Gold qui n’arrivent plus à rouler. On demande à un Gold de payer pour rouler alors qu’un Silver est maintenant payé. Aujourd’hui, le Pro est le Silver. On met en avant les pilotes qui ont le moins d’expérience et les autres restent sur la touche. Il n’y a plus de challenge. Je reste un compétiteur, j’aime les challenges, même les plus durs. Mon titre décroché en 2010 ne me permet plus de rouler. Si j’étais Silver, je serais payé pour rouler aux Etats-Unis et en Europe. Ce n’est pas possible. Seules mes performances m’ont permis de trouver des volants jusqu’à présent. J’ai donné assez de temps, d’énergie et de capital santé. J’ai trop donné sans avoir eu la reconnaissance. On se croit de plus en plus dans une émission de télé-réalité.”
Nicolas Armindo préfère donc tirer un trait sur le pilotage pour le moment : “Il n’y a plus aucune règle, ni aucun respect pour l’investissement personnel. Le système en place est discriminant et arbitraire. Comment peut-on demander à un pilote de ne pas aller trop vite en début de saison afin que la marque ne soit pas pénalisée par la BOP ? C’est le cas en Europe et aux Etats-Unis, et chez tous les constructeurs. Les promoteurs font pourtant ce qu’ils peuvent pour surveiller les choses. Il faut espérer que le cas Mercedes aux dernières 24 Heures de Spa fasse réfléchir les autres. Je connais des pilotes qui ont ralenti pour ne pas être champion. Un titre peut changer le futur d’un pilote et le priver de volant. On ne peut rien dire quand on est à l’intérieur du système. Je suis d’accord sur le principe d’une BOP pour les autos si tout est transparent et que ceux qui ne montrent pas le plein potentiel soient pénalisés. Le fondement de la classification des pilotes doit être repensé. Pénaliser des pilotes qui sont champions va à l’inverse du sport. Les équipes font ensuite leur marché. On assiste à une bourse aux pilotes. Les constructeurs font maintenant des académies, mais pour quelle finalité ? A mon âge, je n’aspire pas à devenir pilote d’usine et à mettre mon derrière dans une LM P1. Je voulais juste pouvoir pratiquer mon sport avec passion. En étant seul, il aurait de toute façon été compliqué de devenir pilote professionnel. Deux équipes m’ont aidé : IMSA Performance Matmut et Attempto Racing. Ces deux équipes ont fait des concessions pour me faire rouler.
“Je suis papa depuis six mois et je vais maintenant profiter de ma famille. J’ai encore plusieurs années de plein travail devant moi. On verra plus tard pour le sport automobile. Jusque-là, j’ai vécu uniquement pour le sport automobile, mais je n’ai plus envie de me battre contre le système.”