Nicolas Jamin est le “petit dernier” de Panis Racing puisqu’il est arrivé en tout début d’année. Très vite, il s’est imposé au sein de la structure française et s’est très bien intégré dans l’équipage qu’il forme avec Julien Canal et l’ancien pilote de Formule 1, Will Stevens. Sur l’ORECA 07 #31, les trois hommes ont terminé 4e du championnat European Le Mans Series et, en compagnie de Matthieu Vaxiviere qui remplaçait le Britannique au Mans, Julien Canal et Nico Jamin se sont offert un beau podium en Sarthe. Retour sur son année 2020 et sur ses projets d’avenir !
Pas de victoire, pas de pole position cette année, mais un podium à Spa (3e). Etes-vous satisfait ou déçu de votre saison ELMS 2020 ?
« Je penche plus du côté satisfaction. Nous savions, qu’avec les pneus Goodyear, les qualifications ne seraient pas notre point fort cette année. Par contre, nous savions que le pneu avait un bon potentiel en course. Cependant, c’est vrai que les qualifications ont été un peu décevantes car nous aurions pu nous classer plusieurs fois dans le top 5, mais avons eu quelques soucis. Nous n’avons pas eu de vrais tours clairs qui nous auraient permis de montrer notre potentiel et de nous qualifier dans les cinq premiers afin d’avoir ensuite une course plus facile. Nous nous sommes toujours qualifiés assez loin. Par contre, à Portimão, avec notre première ligne (2e temps), nous avons réussi à montrer ce dont nous étions capables de faire quand tout s’emboitait bien.
En course, nous avons démontré que nous avions le potentiel et la vitesse pour jouer le podium. Au Castellet, nous étions 2e et on casse une biellette de pince, à Spa, on fait un podium, au Castellet 240, j’étais en tête avec 40 secondes, mais un safety car nous met ‘dedans’. A toutes les courses, on est là pour se battre pour le podium, c’est positif et cela montre vraiment la force de l’équipe, des pneus Goodyear en course et de notre travail en tant que pilote. C’est ce qui est le plus important quand on joue un championnat : on a été devant lors des épreuves, on s’est toujours battu pour le top 3. Peut être que cela aurait été un peu trop juste pour le titre car il nous manque encore un peu de vitesse, mais on a lutté cette année pour un podium au championnat. »
Vous étiez chez Duqueine Engineering en 2019 qui roulait en Michelin et vous arrivez chez Panis Racing qui est associé à Goodyear (équipe de développement). Comment s’est faite votre adaptation à ces nouvelles gommes ?
«Le passage s’est fait assez naturellement. Déjà, c’étaient deux « spec » (spécifications) de pneus différents entre 2019 et 2020. Cela m’aurait fait un plus gros changement si j’avais changé en 2018 / 2019 de Michelin à Dunlop. Là, je suis passé en Goodyear de 2019 à 2020, mais avec des gommes plus performantes. J’ai dû m’adapter un peu au niveau du style de pilotage car le Goodyear est un pneu qui accepte moins le longitudinal et le latéral en même temps (combiné les deux axes). J’ai dû m’y faire un peu, mais en une demi journée d’essais, c’était réglé, ce n’était pas très compliqué. Ensuite, le pneu avait plus de performance que ce que j’ai connu l’année dernière chez Michelin parce qu’il y avait une nouvelle spec qui était plus rapide en 2020. »
Vous avez quitté Duqueine Engineering et vous êtes passé chez Panis Racing. A part que ce sont deux équipes françaises, comment s’est fait le changement ?
«Ce fut une transition très facile pour être honnête. Quand j’étais chez Duqueine Engineering (maintenant Duqueine Team, ndlr), c’était une équipe très familiale avec un effectif relativement petit. Panis Racing a un peu le même profil avec juste un peu plus d’expérience car l’équipe Tech 1 est là depuis des dizaines d’années, ils ont donc plus de vécu. Panis Racing m’a accueilli à bras ouverts. Simon et Sarah Abadie ont été adorables, Olivier (Panis) aussi. Ensuite, avec Will (Stevens) et Julien (Canal), cela s’est fait très naturellement. On a très bien bossé et on s’est tout de suite très bien entendu dès la première journée d’essais au Castellet. »
Vous disputiez seulement votre 2e édition des 24 Heures du Mans et déjà vous signez un podium en LMP2. Un très bon résultat…
« Oui, tout à fait, c’est un superbe résultat, on en rêvait même ! On avait vécu un ou deux moments difficiles en ELMS, avant d’arriver au Mans, avec des podiums qu’on aurait dû accrocher, qu’on méritait mais qu’on avait ratés. On s’était dit que si la malchance n’était que sur les épreuves ELMS, mais pas au Mans, ca pouvait le faire ! Au final, c’est ce qu’il s’est passé. Pour une fois, aux qualifications, on était bien, mais on n’a pas eu de chance, on a pris du trafic dans les Virages Porsche, ce qui fait qu’on ne se qualifie pas en Hyperpole. Cependant, ce n’était pas très grave sur une course de 24 heures. On s’était dit que si on faisait une course propre, sans accroc, cela pouvait donner un bon résultat car nous savions que nous avions un très bon rythme en course C’est exactement ce qu’il s’est passé. On a fait une superbe épreuve, sans faute, les mécanos ont été top au stand, ce qui fait que l’on monte sur le podium. Pour ma part, j’ai vraiment été satisfait de ma performance car, pour ma 2e participation aux 24 Heures du Mans, je finis avec la meilleure moyenne Goodyear. Donc globalement, très content de la course ! »
Le fait que Matthieu Vaxiviere soit le 3e homme à la place de Will Stevens (retenu chez Jackie Chan DC Racing), est ce que cela a changé quelque chose ?
« Matthieu connaissait déjà très bien l’équipe de son époque de la Formule Renault. Je le connaissais bien aussi tout comme Julien car ils ont roulé tous les deux en WEC (l’un contre l’autre, ndlr). Tout s’est fait naturellement, nous étions trois potes finalement, ce qui fait qu’il y avait une super ambiance et une très bonne osmose entre nous trois. Une fois dans l’auto, nous avons tous fait le job avec le résultat que l’on sait ! »
De quoi sera fait votre programme pour l’année 2021 ? Vous êtes chez Panis Racing et on sait que l’équipe aimerait faire aussi du WEC. Qu’en est-il ?
« Je n’ai rien de calé pour 2021. Nous sommes début novembre et on commence à y travailler sérieusement. Je me sens très bien chez Panis Racing et je pense que l’année prochaine, avec toutes les équipes qui vont passer en Goodyear, avec notre expérience 2020 avec ce manufacturier, Panis Racing aura cet avantage et sera une écurie très solide en ELMS l’année prochaine. C’est vrai qu’ils s’intéressent au WEC, mais ce sera alors une autre discussion. Ils sont en train d’évaluer les budgets qu’ils peuvent réunir et on verra alors ce qui est possible de faire ou pas. Mon souhait est de monter en catégorie reine dans les années qui viennent . Il y a Alpine qui arrive en LMP1, cela peut être intéressant en tant que français. Mon attention se porte sur l’ELMS, mais aussi sur le WEC car je ne connais pas ce championnat et j’aimerais bien monter au niveau mondial. Je serais alors au plus près des constructeurs. On va voir aussi, pourquoi pas, auprès des Etats-Unis car je pense qu’il y a pas mal d’opportunités. Je connais bien, j’y ai passé quatre saisons (notamment en IndyLight, 7e en 2017 avec trois victoires, l’antichambre de l’IndyCar Series, ndlr). Je vais évaluer les différentes possibilités cet hiver et trouver la meilleure option pour ma carrière. »
Puisque vous parlez d’un constructeur français, un autre arrive en Le Mans Hypercar…
« Bien sûr, Peugeot fait rêver. Je les regardais à la télévision quand ils courraient aux 24 Heures du Mans. En tant que Français, c’est toujours un aboutissement de courir pour Peugeot. On sait que ce sera une équipe très solide pour jouer la victoire au général aux 24 Heures du Mans, ce qui est un rêve en tant que pilote. Je sais qu’ils vont aller chercher quelques pilotes expérimentés car c’est important, mais je pense que les jeunes français ont leur place aussi au sein de cette écurie ! Nous sommes trois ou quatre jeunes à très bien tourner en LMP2 et je pense que l’on pourrait apporter quelque chose dont un peu de fraicheur à une nouvelle structure. J’espère qu’ils vont miser aussi là dessus… »