Nicolas Minassian : “Pour un mec de 47 balais, ce n’est pas mal”

@ERA

Nicolas Minassian a eu un emploi du temps un peu chargé en ce début d’année. Il a disputé les 24 Heures de Daytona en LMP2, puis s’est occupé de BBM Sport où il est à la fois consultant et partenaire. Il était aussi présent à Rétromobile pendant cinq jours et va maintenant rentrer dans le vif du sujet de l’année 2020 avec le début de la saison ELMS avec IDEC Sport dont il est le directeur sportif. Nous avons fait un point avec lui lors de notre passage à Rétromobile…

Vous avez disputé les 24 Heures de Daytona il y a quelques mois sur l’ORECA 07 de l’équipe ERA Motorsport (avec Kyle Tilley, Dwight Merriman et Ryan Lewis). Comment s’est passée votre course ?

« Je me suis régalé, mais c’est physique le LMP2. J’ai voulu m’investir à bloc, mais comme je ne m’entraîne plus autant qu’avant physiquement, ce fut plus compliqué car ces LMP2 demandent à ce que tu sois très en forme pour être compétitif. J’étais pas mal, je n’étais pas « largué » (rires) donc je suis content. Pour un mec de 47 balais, ce n’est pas mal ! J’ai, en tout cas, pris beaucoup de plaisir car cela s’est fait dans une ambiance sympa. C’est venu d’une écurie qui roule en Master Historic Racing. Ils avaient décidé de disputer les 24 Heures de Daytona en LMP2 et, finalement, ils vont faire toute la saison IMSA. Je ne roulerai pas de nouveau avec eux, j’ai pu faire Daytona par rapport à mon grade, le reste, je ne pourrai pas. De plus, par rapport à ce que je fais, cela me prendrait trop de temps. Je suis dans le Classic, je suis chez IDEC Sport, je ne veux pas tout mélanger. Le but est de faire les tâches qui sont les miennes de la meilleure des manières.

Je suis toujours Platinium, je n’ai malheureusement pas été « descendu », mais ce n’est pas grave, c’est comme cela. En fait, je me posais la question à Daytona. J’ai regardé les pilotes qui roulent en DPi. Les van der Zande, Cameron, Barbosa, Derani, ils sont tous Gold, roulent à l’année et gagnent Daytona pour la 2e fois pour certains ! Je me suis alors regardé dans la glace, j’ai plus de 45 ans et je suis Platinium ! C’est bizarre, mais bon…Je ne me plains pas non plus, j’ai eu ma carrière. Je suis aussi content d’avoir fait cette course car cela m’a permis de rester au contact et “frais” avec ce que je peux faire au sein de l’équipe IDEC Sport. Lors des différents débriefings, je comprends mieux ce que les pilotes ressentent et expriment.»

IDEC Sport a remporté le titre ELMS en 2019 et remettra sa couronne en jeu cette saison avec un nouvel équipage…

« IDEC Sport, c’est la partie la plus importante de ma vie actuelle. Je prends un plaisir énorme à bosser avec eux. Il y a une superbe équipe et, heureusement, il y a des gens comme Patrice Lafargue pour me donner la possibilité de faire des choses comme cela ! C’est un sport qui demande beaucoup et, sans un homme comme lui, nous ne serions pas là à prendre du plaisir à le faire car il nous donne les moyens de le faire.

Nous repartons donc avec un équipage modifié avec Paul Lafargue, Paul-Loup Chatin, les deux fers de lance de l’écurie, et Richard Bradley. Ce dernier arrive de chez Duqueine Engineering. C’est un mec super qui va bien dans le moule IDEC et qui a remporté les 24 Heures du Mans en LMP2 (en 2015). C’est un très bon pilote, il n’est pas égoïste, va travailler pour tout le monde. Je suis content de l’avoir dans l’équipe. Sur la 2e auto, une LMP3, nous aurons Patrice Lafargue, mais je ne peux pas vous dire où il roulera car cela peut encore changer !

L’objectif sera de gagner des courses car le titre est toujours difficile à décrocher. On ne va pas aller trop vite en besognes, mais cela serait très beau de le remporter deux fois de suite. Le gagner une fois ok, le garder, c’est plus difficile ! Nous avons, en plus, déjà une invitation officielle pour disputer les 24 Heures du Mans et nous ferons une demande pour une 2e voiture, une autre ORECA 07. »

Pourquoi Memo Rojas ne fait-il plus partie de l’équipage ?

« C’est une décision mutuelle. Nous avons vécu une superbe aventure car Memo est un type exceptionnel ! Je l’adore et, en plus, c’est un très bon pilote avec toutes les qualités qui vont autour. C’est juste que cela ne pouvait pas se faire cette année avec lui et c’est pourquoi nous avons décidé de travailler avec Richard. En dehors de cela, rien n’a changé : c’est la même équipe technique, les mêmes mécaniciens. Nous avons la volonté de faire mieux car nous avons encore appris. L’équipe s’est encore renforcée techniquement il y deux ou trois trucs sur lesquels nous travaillons depuis cet hiver. »

On a appris fin 2019 le retour de Peugeot Sport en Endurance, une équipe que vous connaissez bien pour y avoir passé de nombreuses années. Quel est votre sentiment sur cette annonce ?

« Tout ce qui va dans le bon sens pour l’endurance me fait déjà plaisir car cette discipline, c’est ma vie ! Cela me fait plaisir de voir des gens qui arrivent et qui s’investissent en Endurance, donc je suis ravi de revoir Peugeot Sport. Le temps passe vite quand même. Cela fait déjà quelques années que j’étais dans une 908 HDi FAP. Je me rappelle que notre dernier test d’endurance remonte à décembre 2011 sur le circuit du Paul Ricard. Je m’en souviens comme si c’était hier. A chaque fois que l’on montait dans la voiture, on ne savait pas si ça allait être la dernière fois. Déjà car nous avions la pression et chaque année, il fallait renouveler ou pas son contrat. En tout cas, je suis ravi de ce retour, je trouve que cela colle bien au pedigree de la marque. »

Pendant que vous étiez à Daytona, l’annonce de la convergence ACO / IMSA a été officialisée avec la création de la catégorie LMDh. Qu’en pensez vous ?

« En général, le sport automobile est en moins bonne forme que par le passé, on ne va pas se la cacher. Avoir des gens qui se rallient à droite et à gauche pour avoir une plateforme commune va dans le bon sens. On ne trouve plus les partenaires que l’on trouvait à l’époque. C’est bien plus financé par des personnes privées qui le font par passion. Donc avoir quelque chose de commun, pouvoir faire plus de courses avec la même voiture, avoir la possibilité de disputer Daytona, Sebring et Le Mans, cela devrait ouvrir plus de portes au niveau du sponsoring, des budgets, du business et créer plus d’opportunités pour les pilotes. Je discutais avec Henri (Pescarolo) hier. Lui a remporté les 24 Heures de Daytona avec une Porsche 962C en 1991, un peu la même auto qu’il avait aux 24 Heures du Mans. Je m’imagine aller faire Daytona avec ma Peugeot 908 à l’époque, je me serais régalé. Sebring, on a fait par contre ! Toutes ces grandes courses, c’est ce qui amène le public et déclenche l’envie. C’est bien qu’ils s’unissent. Maintenant, ils doivent trouver le bon compromis, ça, c’est leur boulot. J’espère qu’ils vont faire ce qu’il faut. Les Américains ont une vision différente, il faudra faire avec, mais cela va peut être donner de nouvelles idées à tout le monde ! »