Il y a des pilotes sur qui le poids des ans ne prend pas. C’est le cas de Romain Dumas par exemple. Nicolas Minassian est du même moule. A 47 ans, vous ne l’entendrez pas parler d’une quelconque retraite sportive. Pour être bien, il faut que le cerveau bouillonne. Le directeur sportif d’IDEC Sport a connu beaucoup de disciplines dans sa carrière, mais il a aussi pris quelques grosses sorties de piste. On pense à deux d’entre elles, une en essais à Indianapolis en CART chez Ganassi, l’autre sur la Peugeot 908 en essais au Paul Ricard. Les deux sorties étant en essais privés, les vidéos n’ont pas tourné en boucle. Retour avec Minass’ sur les deux grosses frayeurs de sa carrière…
En septembre 2001, Nicolas Minassian est à Indianapolis pour des essais chez Ganassi en compagnie de Bruno Junqueira. L’objectif est de s’assurer un volant pour la saison suivante. Moins de deux heures après le début des essais du vendredi, la monoplace du pilote français tape le mur. Alors qu’il sortait du virage 4, sa voiture est brusquement partie à gauche pour taper le muret des stands avant d’être renvoyée sur la piste pour terminer sa course dans le mur extérieur. Avant sa sortie, Minass’ tournait à 347 km/h.
“C’est un problème moteur qui a causé la sortie de piste”, déclarait Mike Hull, patron de Target Chip Ganassi Racing. “Ce n’est pas une faute de pilotage.” Le Français a été évacué vers le centre hospitalier pour des examens de contrôle. La suite, c’est Nicolas Minassian qui nous la raconte.
Vous vous souvenez bien de cette sortie ?
“Quand tu te prends un mur à pleine vitesse sur un ovale, ça marque. Je m’en suis pris quelques uns, mais celui d’Indianapolis m’a bien marqué. J’étais en essais pour passer ma licence lors d’un rookie test. J’étais dans une simulation de qualification, donc autant dire qu’il fallait que ça aille vite. Le moteur a serré d’un coup entre le virage 3 et le virage 4. J’étais à plus de 350 km/h et la voiture est partie en marche arrière dans le mur.”
Là, vous avez compris que ça allait faire mal…
“Sur un ovale, tu prends l’habitude de la vitesse, mais quand ça décroche de l’arrière, tu comprends vite que ça va taper fort. Je me suis juste dit : ‘là, ça va être sec’. J’ai perdu connaissance et je me suis réveillé à l’hôpital (Methodist Hospital à Indianapolis). J’ai eu un petit passage dans le coma.”
Vous avez gardé des séquelles ?
“Déjà, ça m’a grillé ma saison en CART. J’ai des séquelles car j’ai oublié des choses que j’ai pu faire aux Etats-Unis à cette époque. J’ai aussi des trous de mémoire sur ce que j’ai vécu quand j’étais gamin. Je n’ai pas tout perdu, mais bien quelques pertes de mémoire. Je n’avais pas cela avant le crash.”
Il a fallu retrouver la confiance ?
“Dans la foulée de l’accident, je n’étais plus le même, j’avais mal au dos et j’avais perdu en confiance. Si tu n’as plus la confiance, tu sors du top 10.”
Il y a eu une sortie à Motegi, toujours en CART…
“C’était la même année au mois de mai. Là aussi, j’ai pris une belle claque. Gil de Ferran était devant moi et son moteur casse. Je prends l’huile qui s’échappe et je viens m’écraser contre le mur. C’est comme une grosse gifle car ça ne pardonne pas et elle fait mal. D’une façon générale, les accidents sur ovale font mal.”
A suivre…