On pensait bien voir deux Perrinn LM P1 la saison prochaine sur la grille du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA mais il n’en sera finalement rien. Le deal monté avec Frank van Nunen (ART Racing Services) a finalement capoté puisque l’argent du premier versement n’est jamais arrivé. Le constructeur Dacia (pour la partie moteur) et la compagnie aérienne à bas coût Wizz Air devaient faire partie du projet. C’est finalement du côté de l’électrique et de la voiture de course autonome que Nicolas Perrin compte rebondir avec son projet 424.
Déçu que le projet LM P1 non hybride n’ait pas pu aller à son terme ?
“C’est difficile à accepter mais nous allons passer à autre chose. Je ne suis pas en possession de toutes les informations. Ce que je sais, c’est que nous avons signé un contrat en mai pour deux autos. Le premier ordre de virement est arrivé en juin mais l’argent n’a pas été versé. Le projet avait déjà débuté avec plusieurs personnes qui travaillaient à plein temps. Je pense qu’il y a encore des chances que le client soit présent en 2018 mais pas avec Perrinn.”
Trouver d’autres clients n’a pas été possible ?
“Ceux avec qui nous discutions n’étaient pas encore prêts à signer. C’est douloureux car nous avions bien commencé le travail. Il faut maintenant rebondir et voir la réalité des choses en face.”
L’électrique est la solution d’avenir ?
“J’ai passé deux ans à travailler sur le programme Nio EP9 qui a connu un franc succès. La voiture électrique a battu des records un peu partout malgré son poids de près de deux tonnes. Je souhaite amener cette technologie aux 24 Heures du Mans sur une LM P1. Nous ferons une présentation plus détaillée du projet d’ici quelques jours. On veut rebondir et repositionner Perrinn sur le futur. L’idée est d’amener l’auto dans le Garage 56 en 2019 afin de tracer une voie pour le prototype de course électrique. La technologie devient de plus en plus abordable et je pense que dans quelques années, les autos seront moins onéreuses que les actuelles.”
Le règlement 2020 de la FIA et l’ACO va dans le bon sens ?
“Oui car l’électrique est l’avenir. Jusqu’à maintenant, les autos électriques sont rapides mais pas longtemps. Tous les cinq ans, on double l’autonomie.”
Le prototype sera tout nouveau ?
“Il sera basé sur l’actuel. L’idée n’est pas d’amener une auto différente mais bien une évolution. La batterie est assez importante, donc l’auto sera plus longue. La monocoque sera plus grande. La Tesla est une très belle auto avec une bonne intégration de l’électrique. L’objectif est de faire la même chose avec la voiture de course. Nous sommes prêts à exploiter l’auto. Nous allons maintenant travailler avec la FIA et l’ACO pour voir ce qui peut être fait.”
La voiture autonome sera au centre du projet ?
“Nous aurons un système équivalent à la Nio qui a bouclé un tour en totale autonomie à COTA. Un pilote a tourné au volant de l’auto en 2.10 mn, contre 2.30 mn en autonomie. La Nio est montée seule à 280 km/h en ligne droite et elle rendait 10 à 15 km/h dans les virages en utilisation autonome.”
On pourrait donc voir votre prototype sans pilote au Mans ?
“L’objectif est de voir un pilote qui roule à la vitesse d’une LM P1 et sans pilote à la vitesse d’une GT.”
Sans personne au volant ?
“L’idée est que l’auto roule en autonomie dans le tour de rentrée au stand mais avec un pilote au volant. S’il y a du trafic, le pilote prend le relais. C’est en quelque sorte le même principe qu’un régulateur de vitesse. La voiture n’est jamais seule en piste. Elle enregistre en premier lieu ce qu’a fait un pilote en réutilisant son tour. On ne peut pas envoyer une voiture sur un circuit et la lancer en mode autonome. Le Garage 56 permet de montrer la vision du futur. Trouver des partenaires pour ce type de projet est plus facile.”
Une déclinaison routière est possible ?
“Pourquoi pas en fonction des partenaires.”
Alors, pourquoi ne pas partir de la Nio pour aller au Mans en Garage 56 avec une GT ?
“Notre projet est totalement indépendant et n’a aucune relation avec la Nio qui est conçue pour une utilisation routière. Il faudrait la retransformer en voiture de course. Ce qui m’intéresse, c’est d’amener une LM P1 en restant sur l’idée d’open source.”