Nigel Bailly a disputé sa toute première course en European Le Mans Series il y a deux semaines à Barcelone. Le Belge fait partie de l’Association SRT41 de Frédéric Sausset qui permet aux pilotes à mobilité réduite de pouvoir rouler en compétition. Il était associé à Takuma Aoki et Pierre Sancinena sur une Oreca 07 (#84 engagée en catégorie Innovative Car) adaptée à leur handicap. Nous avons retrouvé un Nigel Bailly tout sourire à l’issue de la course, ravi de sa première expérience.
Comment s’est passée votre toute première course ELMS ?
« Ce fut tout simplement génial, une belle découverte. Il y avait pas mal d’appréhension au départ parce que c’est notre première course dans ce championnat et on n’avait plus roulé en compétition depuis longtemps. Se remettre dans le bain à travers cette série qui a un gros niveau n’était pas facile. Nous n’avons gêné personne car le temps de prendre nos points de repère, se mettre dans le rythme en course, c’est différent d’une séance d’essais. Nous sommes entourés de pilotes professionnels, ils lisent parfaitement nos trajectoires. C’était vraiment bien ! »
Donc un bon bilan…
« Oui, nous finissons 34e sur 41 voitures engagées. Dommage que nous perdions autant de temps dans les changements de pilotes car nous aurions pu terminer 16e ou 17e. Mais c’était notre première course, notre but était vraiment de rallier l’arrivée sans prendre de risques, tout en gardant le rythme que nous avions lors des Essais Libres 2. C’est chose faite, nous avons même été un peu plus rapides avec une voiture plus lourde et des pneus qui se dégradent au fur et à mesure. Tous les pilotes de l’équipage ont réussi à faire leur double relais. C’était vraiment une découverte pure et dure, le trafic en course, le physique. Je pense qu’au Paul Ricard, nous pourrons augmenter le rythme car nous connaissons mieux ce circuit que Barcelone avec la LMP2. En tout cas, le job a été fait, nous avons respecté ce que l’on nous avait demandé, nous avons été propres en piste et avons fait les choses correctement. »
Arrivez-vous à trouver votre place dans le trafic ?
« Oui. Nous avions un peu de stress au départ par rapport à la façon dont cela allait se dérouler. On a vu que le départ a été chaotique, heureusement, Pierre (Sancinena) a été très attentif et ne s’est pas fait surprendre comme certains autres concurrents. Ensuite, notre rythme a été bon et le plus important c’est que tout le monde a “la banane”. Maintenant, place au Paul Ricard avec d’autres objectifs. »
Avez-vous pris du plaisir en piste ? Êtes-vous satisfait de vos relais ?
« Ce fut incroyable, j’ai pris énormément de plaisir. Je me suis mis tout de suite dans mon rythme, j’ai même été surpris de certains moments où les LMP3 ne me dépassaient pas. Nous savons que nous ne sommes pas les plus rapides, mais cela fait partie du jeu. Quand on arrive à contenir une LMP3 que l’on sait plus rapide que nous, c’est vraiment positif. Maintenant, nous savons qu’il y a encore beaucoup de travail à fournir pour faire évoluer les trois pilotes. Je fus agréablement surpris de constater que Pierre était très rapide. Takuma a fait le job également, c’est de très bon augure pour nous. »
Cela vous a donné un bel avant-goût pour les 24 Heures du Mans qui est l’ultime objectif de votre projet…
« Cela va arriver très vite, je pense, mais je commence à sentir mon rêve du bout des doigts. On ne voit pas le temps passer. Nous sommes restés à Barcelone une semaine et nous avons savouré chaque instant, chaque moment avec l’équipe, les coéquipiers, l’atmosphère générale car l’ELMS est une grande famille. On va bientôt basculer sur les 24 Heures du Mans, c’est vrai. Cette course, c’est un mythe, c’est un rêve, mais c’est aussi de l’humilité ! C’est la plus grande course au monde, tous les pilotes la veulent et en rêvent, pouvoir y participer, c’est grandiose. Nous serons attendus au Mans comme nous l’avons été ici à Barcelone par l’ensemble du staff de l’ACO et de la FIA. Nous rendons une belle copie, nous n’avons pas eu un seul avertissement, pas de track limit et on a fait ce qu’il fallait dans les stands également »
Sur quoi devez-vous encore travailler ?
«Il y a deux choses. Tout d’abord, les changements de pilotes et notre rythme en course car nous pouvons améliorer tout cela. Barcelone était un circuit très physique. Avec le bras, nous devons freiner un peu plus tôt et moins fort que les pilotes valides. La relance, nous n’avons pas le même ressenti que les autres pilotes donc on met un peu plus de temps. Tous ces éléments combinés nous font perdre du temps, mais nous avons réussi à réduire l’écart. En Libres, nous étions à 10 secondes au tour de Nyck de Vries. En course, nous sommes descendus à huit secondes au tour. Il ne faut pas oublier qu’en face ce sont les meilleurs pilotes au monde. Si nous avions la faculté de freiner, d’accélérer, d’avoir les mêmes sensations au niveau du bassin qu’un pilote “dit valide”, nous serions certainement à quatre secondes. Nous devons encore travailler, prendre confiance en la voiture et c’est uniquement en roulant que cela arrivera. On connait mieux le prochain circuit avec la LMP2. On va travailler avec les ingénieurs pour voir ce qui est à améliorer. Une bonne nouvelle : le physique a tenu le coup et c’est important de se sentir bien pendant nos doubles relais. »