Norman Nato a plusieurs casquettes en cette année 2020. En effet, le Français est le pilote de développement de performances de la LMPH2G, pilote Rebellion Racing en LMP1 en WEC et pilote de réserve et d’essais (avec Arthur Leclerc, le frère de Charles) en Formule E pour le compte de Venturi. Il était présent lors du roulage de Carlos Tavares à Montlhéry dans le prototype à hydrogène de Mission H24. Endurance-Info a pu faire le point avec lui…
Commet s’est déroulée la reprise post confinement pour vous ?
« J’ai repris avec du karting, Ça a été assez simple car mon papa a une équipe de karting. J’ai ensuite eu des essais, juste après, avec le programme Mission H24. Par la suite, j’ai passé deux jours au Paul Ricard pour des essais privés avec Rebellion Racing et la LMP1. J’ai aussi fait du simulateur avec Venturi en Formule E. Ça reprend, certes doucement mais ça reprend ! »
En quoi ont constitué les essais avec la voiture à hydrogène ?
« C’étaient des essais avec le prototype LMPH2G sur la voiture en elle-même ainsi qu’une journée réservée à la presse afin de faire faire des baptêmes aux journalistes. Cela s’est super bien passé. Ce qui est bien avec cette voiture aujourd’hui, c’est que l’on peut emmener un passager (comme ce fut le cas avec Carlos Tavares avant que ce dernier ne se retrouve seul au volant, ndlr). Voir une auto de l’extérieur ou être dedans, c’est complètement différent. Ceux qui sont montés avec moi ont été impressionnés par la voiture ! »
Qu’est ce que cela fait d’emmener Carlos Tavares, le patron de PSA, à ses côtés ?
« Ce fut vraiment un moment sympa. Il y a moins d’un mois, j’avais Pierre Fillon dans le baquet passager. Aujourd’hui, c’est Carlos Tavares, cela n’arrive pas tous les jours (rires). Cela fait partie du projet de pouvoir emmener des personnalités qui, en plus, s’intéressent de près à ce projet et à cette technologie. »
Vous-êtes vous arrêté dans un virage pour lui faire signer un contrat Peugeot en Endurance ?
« (rires). Non ! Déjà, il ne fallait pas s’arrêter. Le but était vraiment de lui faire découvrir la voiture sans la pousser à 100% de ses capacités. C’était juste une prise en main, avec des explications et des consignes pour que lui puisse la piloter derrière ! L’objectif était vraiment la découverte. »
Pierre Fillon, des journalistes, Carlos Tavares. Est-ce que ce prototype LMPH2G à hydrogène est accessible au premier abord ?
« C’est justement le commentaire de Carlos Tavares après son premier run. Il a été surpris par la puissance. Vu que l’on a des moteurs électriques, l’arrivée de la puissance c’est un peu on / off. Niveau prise en main, malgré la régénération d’énergie, l’utilisation d’une nouvelle technologie et son poids, c’est une voiture assez accessible. Je dis souvent que c’est une auto à mi-chemin entre une LMP1 et une Formule E. Il faut rester dans le contexte, cela ne va pas à la même vitesse, mais au niveau pilotage, il n’y a rien de piégeux. Il n’y a pas à changer son style de pilotage non plus. Carlos Tavares a été étonné car il a réussi à s’y faire très rapidement. Pierre Fillon a fait les mêmes commentaires. Cela veut dire que la voiture fonctionne bien, que le projet est bien né et qu’il faut continuer à la développer…»
D’autres essais sont-ils prévus ?
«Nous n’arrêtons pas en ce moment. Nous allons avoir aussi une nouvelle génération de voiture, une évolution, qui sera présentée aux 24 Heures du Mans en septembre et on va gagner, entre autres, pas mal de poids. Aujourd’hui, c’est une voiture laboratoire. Nous ne sommes pas focalisés sur les temps au tour et la performance. Maintenant, la technologie fonctionne et on va pouvoir travailler sur la perfo. Nous sommes dans les temps, légèrement décalé avec ce virus, mais depuis le déconfinement, on enchaîne les journées d’essais. Tout se passe très bien pour le moment. »
En vue des 6H de Spa et des 24H du Mans, vous étiez en essais au Castellet avec Rebellion Racing (avec les cinq autres pilotes Bruno Senna, Gustavo Menezes, Romain Dumain, Louis Delétraz et Nathanaël Berthon). Quel a été le programme ?
« Cela s’est très bien passé. Le premier objectif était de remonter dans une LMP1 après quatre mois sans roulage. Cela ne m’était plus arrivé depuis le karting, je pense. Je me demandais un peu comment cela allait se passer au niveau pilotage et physiquement. J’ai été étonné : au bout de deux tours, c’était comme ci il n’y avait pas eu de coupure. Après il faudra se réhabituer au trafic, sortir le bon tour au bon moment et avec la pression, ce genre de choses qui ne se travaillent que sur un meeting de course.
J’ai aussi eu l’occasion de rouler avec le package aéro Le Mans. C’était notre principal objectif au Paul Ricard avec la ligne droite de Signes. Nous avons quand même fait des pointes à 356 / 358 km/h. Cela commence à aller vite (rire). Ça s ‘est super bien passé avec ce pack. Aucune surprise, la voiture était saine et très bien. Maintenant place à la manche WEC de Spa-Francorchamps dans quelques semaines (15 août, ndlr). »
Allez-vous faire des essais entre Spa et les 24 Heures du Mans ?
« De ce que je sais, non ! Je l’espère car cela fait peu de roulage avant de réattaquer la saison et d’aborder une course telle que les 24 Heures du Mans ! »