Norman Nato est l’un des hommes forts de la catégorie LMP1 cette saison en WEC. Pensionnaire de l’équipe Rebellion Racing, il totalise actuellement deux victoires avec ses coéquipiers, Gustavo Menezes et Bruno Senna. Alors que la saison est chamboulée par la pandémie de Coronavirus, nous avons pu faire le point avec lui sur sa première expérience en LMP1 et sur les 24 Heures du Mans décalées…
Pendant cette période de confinement, comment avez-vous géré votre entrainement ?
« Mon préparateur physique m’avait concocté un programme adapté à ce que j’avais à la maison. Niveau musculaire, je n’ai pas trop perdu, au final. De toute façon, pendant la saison, c’est toujours dur de s’entraîner avec tous les déplacements, les avions, les hôtels… On arrive toujours à placer un footing quelque part, mais le travail musculaire est plus compliqué. Là, j’en ai fait tous les jours et je pense que j’ai même gagné sur ce plan. J’ai aussi fait attention à ce que j’ai mangé car, en bougeant moins, si je commence à grignoter, ce n’est pas la peine ! Au final, j’ai perdu un peu de poids, donc je ne suis donc pas inquiet sur mon niveau. »
Nous sommes dans les tout premiers jours de déconfinement. Quel va être le programme dans les prochaines semaines ?
« Je vais déjà aller voir ma famille car je ne les ai pas vus depuis deux mois et demi. Avant l’annonce du confinement, j’étais à Marrakech pour la Formula E (rookie test) puis aux Etats-Unis à Austin et en route pour Sebring avec Olivier Pla. Avec tous les voyages, toutes les personnes que j’ai pu côtoyer dans les paddocks, j’ai préféré ne pas prendre de risque et respecter scrupuleusement le confinement. Je pars donc les voir. Ensuite, je vais me remettre au travail niveau cardio maintenant. Pendant le confinement, j’ai fait des exercices, mais cela ne remplace pas le vrai travail avec des fractionnés, par exemple, comme je faisais avant. J’ai fait quelques footings, mais j’évitais de trop sortir pour courir. Mon but est de réattaquer la saison à 100%. Maintenant, je vais attendre que les calendriers se remettent en place. Les circuits ont été rouverts ce qui est une bonne nouvelle, cela veut dire que des journées de roulage vont pouvoir être organisées, c’est positif avant d’arriver sur certains circuits comme Le Mans, par exemple. Sans cette réouverture, cela aurait été très dur pour les pilotes et les équipes. Pas de course avant août ou septembre, après quatre ou cinq mois d’inactivité, sans piloter, cela fait depuis l’âge de neuf ans que cela ne m’est pas arrivé. Nous allons tous reprendre doucement car on en est conscient, on ne va pas reprendre la vie d’avant d’un seul coup. Je vais déjà pouvoir refaire du karting avec ces pistes réouvertes, faire beaucoup de roulage, cela va me permettre de changer du simulateur et c’est bon pour le physique.»
Vous êtes en fin de première saison LMP1 avec Rebellion Racing. Quel est votre regard sur cette expérience ?
« Je suis plutôt satisfait. On ne doit pas oublier que j’ai commencé l’endurance il y a juste deux ans (via Racing Engineering en ELMS, ndlr) et en LMP2. La différence avec la monoplace, c’est qu’en Endurance, on roule avec des gens qui peuvent être bien plus expérimentés, parfois plus de 20 ans. Ce n’est pas mon cas, je suis encore jeune dans cette discipline et je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre. Le seul objectif que je m’étais fixé en début d’année était de faire le moins d’erreurs possibles et, course après course, apprendre de mes fautes. C’est ce qu’il s’est passé, je suis donc satisfait. Finalement, j’en ai commises peu, on a signé trois pole positions et deux victoires. Si on m’avait dit cela en début d’année, j’aurais de suite signé. Tout cela avec la BOP, on en est conscient. Les gens pensent que c’est simple, mais cela ne l’est pas. Il ne faut pas oublier que nous nous battons contre Toyota et que Rebellion est une petite équipe. On ne fait jamais d’essais en dehors des meetings, je dois apprendre pendant les courses. Ma seule journée a été lors du Prologue et c’était pour obtenir le baquet. Ensuite, direct dans le grand bain à Silverstone. Je ne pense pas encore être à 100% de ce que je peux faire, j’ai encore à progresser dans le trafic, par exemple. Je suis plutôt content de mon niveau de performance en qualifications. J’en ai fait trois cette saison et j’ai réussi à sortir un « gros tour » à chaque fois. Notre objectif est de terminer les courses et, pour ma part, d’engranger de l’expérience. Pour cela, c’est où tu te mets dans l’esprit de prouver que tu es le plus beau, le plus rapide ou d’y aller step by step, de rouler peut être un peu en dessous en course pour éviter les accrochages ou faire une erreur, mais d’être à l’arrivée et de prendre de l’expérience. J’ai choix cette dernière option ! »
Spa normalement au mois d’août, Le Mans en septembre et cette finale à Bahrain qui a été ajoutée. Comment voyez-vous cette fin de saison ?
« Avec cette coupure, je n’y ai pas trop pensé. On voulait déjà savoir si cela allait reprendre. La question maintenant c’est comment et on ne sait pas encore exactement. Quand tout sera clarifié, je ne me fais pas trop de souci au niveau du sportif et performance. Nous allons repartir sur les bases déjà acquises, sur le même schéma qui s’est mis en place depuis Silverstone jusqu’à Austin. En Angleterre, la voiture était performante, mais nous n’avons pas tout exploité aussi bien au niveau pilotes qu’équipe. Course après course, nous avons changé pas mal de choses au niveau des des procédures. A Austin, je trouve que nous avons concrétisé tout ce travail : nous avions un large avantage en qualifs, en course beaucoup moins, mais, avec l’expérience accumulée, nous avons été en position de gagner et avec un peu d’écart. Si Austin avait été en début de saison, je n sais pas si nous aurions gagné, en tout cas pas avec cet écart ! Donc je ne suis pas inquiet pour la reprise au niveau de nos performances. »
Pas de Journée Test au Mans, des 24 Heures décalées mi septembre. Est-ce que cela change les choses pour vous ?
« Sur le papier en tant que pilote, cela ne change pas grand-chose. Evidemment, pour un pilote ou une équipe, faire des essais deux semaines avant Le Mans, c’est mieux. Mais ce n’est pas la fin du monde non plus. Je connais le circuit (il compte deux participations aux 24 Heures du Mans en 2018 avec la Dallara P217 de SMP Racing et 2019 avec l’ORECA 07 RLR MSport, ndlr) même si ce n’est pas avec une LMP1 et on roule pour les premiers essais le mercredi, cela nous permet de faire beaucoup de tours quand même. De plus, Rebellion Racing et ORECA ont une grosse expérience au Mans. Nous avons déjà des bases de set-up. Certes, nous aurions aimé suivre la routine habituelle en commençant par la Journée Test et un Le Mans en juin. Ce que je souhaite le plus, c’est que la situation dans le monde évolue et que nous ayons des 24 Heures du Mans normales, c’est-à-dire pas à huis clos ! Si cela devait être le cas, on devrait s’en accommoder, mais ce serait dommage car Le Mans est un événement à part, avec une atmosphère particulière et un circuit magique ! »
A suivre…