Vu le peu de déplacements par rapport aux années passées, les anecdotes 2020 sont en toute logique moins nombreuses. Toutefois, Endurance-Info va vous raconter quelques coulisses d’une année 2020 pas comme les autres à tout point de vue.
Le 15 mai dernier, quelques journalistes sont conviés à une conférence de presse virtuelle avec Gérard Neveu, directeur général du WEC. On n’en connaît pas la teneur même si on sait qu’il se trame l’organisation d’une course de 24 heures virtuelle. La conférence se tient quelques heures avant l’annonce officielle des 24 Heures du Mans Virtuelles. Gérard Neveu nous présente le concept des 24 Heures du Mans Virtuelles qui se dérouleront le week-end initial des 24 Heures du Mans en juin. La pandémie a permis le développement des courses virtuelles qui pour moi représentent plus un jeu qu’une course. On entendait déjà les puristes râler de ne pas pouvoir aller au Mans la semaine 24 et devoir suivre à la place une course virtuelle qui n’intéresse personne. On écoute le concept, on prend des notes. L’organisateur a beau dire que c’est tout sauf un jeu, j’ai du mal à adhérer à l’idée. Mais qui va regarder tourner des voitures virtuelles durant 24 heures ? On peut reprendre la scène culte du film Les Visiteurs (lien). C’est des malades !!!
Ce n’est pas parce qu’on n’adhère pas qu’on ne doit pas en parler. Nous, le week-end des 24 Heures du Mans, nous avions prévu de réunir l’équipe d’Endurance-Info au Mans pour être sur place. Alors les 24H du Mans virtuelles…
Je rappelle tout de même dans la foulée Gérard Neveu pour avoir plus d’infos en posant la question : “mais tout le monde peut monter une équipe ?” La réponse est oui sachant qu’il faut passer par un Comité de Sélection comme dans la réalité. La réponse est très claire : “oui et tu peux même monter une équipe Endurance-Info”. Depuis le début du confinement, je me fais copieusement allumé (merci Thomas Bastin) par les adeptes du simracing car je trouve qu’on en fait un peu trop sur ces courses sur simulateur.
Le premier pilote qui m’appelle pour avoir des renseignements sur la course est Matthieu Vaxiviere. On échange et de fil en aiguille commence à germer l’idée de monter une équipe. Il y a encore trois heures, je trouvais l’idée de cette course inintéressante au possible. Trois heures plus tard, je réfléchis à comment séduire le comité de sélection. Paul Petit, limougeaud comme Matthieu, rentre dans la boucle et c’est alors qu’il nous vient une idée. On va faire rouler les deux comiques avec un autre pilote de Limoges : Guillaume Moreau. Le quatrième sera un gamer, lui aussi de Limoges. Race Clutch, un des pionniers du simracing, est basé à Limoges. Un projet 100% limousin.
En une soirée, on a trois pilotes et la volonté d’aller au Mans. Dingue ! Plutôt que de prendre une énième LMP2, le choix se dirige vers une Corvette, ce qui tombe plutôt bien car Guillaume Moreau a roulé au Mans sur une Corvette. On le sait gamer à ses heures perdues et le projet fait dans l’humain. Là, on est bon. On a juste oublié un truc important : il faut un simulateur, voire deux. Matthieu en a un mais il est démonté car vendu.
Plus les jours passent, plus les annonces arrivent : Porsche, Toyota, Rebellion Ferrari. Tout le monde fait rouler des pointures. J’appelle mes amis de TDS Racing qui feront rouler une LMP2. Quand je vois la logistique que l’équipe met en place, nous sommes loin du compte à Limoges. Plusieurs hypothèses sont mises en place car une chose que j’ai oublié de vous dire et que Matthieu Vaxiviere avait lui aussi oublié. Le week-end des 24H du Mans Virtuelles, il est en essais au Paul Ricard. Pratique ! L’idée de base était de monter un petit événement racing à Limoges autour de l’événement. On aurait aussi réquisitionné Jean-Luc Beaubelique pour du racing 100% Haute-Vienne. Pour la partie simulateur, on se rapproche de Racetivity, la structure de François Gagneux et Arnaud Fouquet, qui maîtrise le sujet. Racetivity, qui sera aussi en essais au Paul Ricard, pourrait déplacer son simulateur jusque dans le Var pour que Matthieu puisse rouler. Le circuit est prêt à nous mettre à disposition une pièce. Paul a un autre plan pour installer un simulateur à Limoges.
Il nous faut quelqu’un pour la stratégie. On a une idée lumineuse sur le sujet : Jérôme Policand. Sa dernière participation aux 24H du Mans remonte à 2010, justement sur une Corvette. Un coup de fil pour lui demander son avis. Les 30 premières secondes, je pense qu’il m’a pris pour un fou mais il a montré de l’intérêt. Une Corvette/AKKA-ASP pilotée par Matthieu Vaxiviere, Paul Petit, Guillaume Moreau et un gamer, voire même un autre pilote. On a de suite pensé à Raffaele Marciello mais il était déjà proche de Rebellion Racing. Je me permets un petit sms à Gérard Neveu pour lui signifier que je l’avais pris au mot même s’il n’était pas question d’inscrire la voiture au nom d’Endurance-Info. Notre rôle est d’informer, pas de faire rouler une voiture, même virtuelle. Rien que le projet est intéressant. On a tous passé des dizaines d’appels pour les simulateurs, les salles, la logistique, etc…
Ah, j’ai oublié de vous dire quelque chose. Tout cela a été monté sans l’accord de Guillaume Moreau, qui était injoignable durant plusieurs jours. On s’est tous dit qu’il accepterait. C’est comme si on avait un ‘bon pour accord’ signé de sa main. Trois jours plus tard, je réussis à le joindre et lui, il m’a clairement pris pour un malade. En deux minutes, je lui dit qu’il va participer aux 24H du Mans Virtuelles sur une Corvette avec Matthieu Vaxiviere, Paul Petit et X. Jérôme Policand et Racetivity seront en back office avec un Matthieu qui mixera durant le week-end des essais réels et la course virtuelle. Imaginez son étonnement. J’ai vite senti un blanc mais vu que l’homme aime les challenges, il a dit oui de suite. L’ami Quentin Guibert commence à plancher sur un visuel de Corvette avec tout de même quelques logos Endurance-Info.
Le temps presse car la clôture des inscriptions approche à grands pas. Juin marque le retour des équipes sur les circuits et Jérôme Policand na manque pas de travail, ce qui l’oblige finalement à décliner l’idée de s’engager aux 24H du Mans Virtuelles car si le patron d’AKKA-ASP s’engage, c’est pour faire les choses bien. Le manque de temps nous oblige à mettre le projet de côté, ce qui fait que le dossier ne sera pas envoyé.
La liste des concurrents est impressionnante. Le 13 juin à 14h30, je suis dans les Hunaudières en réel tout en jetant un coup d’oeil sur mon téléphone sur le départ des 24H du Mans Virtuelles avec des autos qui passent dans les Hunaudières virtuellement. J’écoute la course en rentrant chez moi comme si j’écoutais Radio 24 Heures. Les organisateurs ont mis de gros moyens. Pour quelqu’un comme moi qui n’était pas du tout sensibilisé par cet événement virtuel, je suis séduit par le programme, bien aidé par les commentaires avisés de mon ami Thomas Bastin sur la RTBF. J’ai suivi cette course 18 heures sur 24. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…