« Il faut savoir s’adapter » Tel est la feuille de route du FIA WEC suivie par Gérard Neveu et son équipe. Le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA, qui entre dans sa sixième année, réfléchit à différentes options pour les prochaines saisons avec deux objectifs majeurs : réduire les coûts et séduire de nouveaux constructeurs.
« Il faut voir juste pour ce qui sera en place dans trois ou quatre ans » a déclaré Gérard Neveu, directeur général du FIA WEC. « Il y a des cycles et des figures imposées. La technologie a toujours été dans le schéma ACO. Il faut trouver le bon modèle dans le nouveau règlement. Si on laisse toutes les libertés, les budgets seront de moins en moins acceptables. L’économie a changé ces dernières années. Il faut que les constructeurs puissent participer au FIA WEC pour un budget raisonnable tout en apportant une valeur ajoutée. On ne doit pas arriver à 200 millions d’euros. Il faut réussir à mettre ensemble les constructeurs autour d’une table. Il ne faut pas permettre à un seul constructeur de venir en 2020, mais bien à plusieurs. » Peugeot reste bien entendu en pole pour rejoindre le championnat même si aucune décision n’a été prise.
“Le constructeur doit y trouver un intérêt” indique Pierre Fillon, président de l’ACO. “Il veut montrer sa technologie. On peut voir que les deux marques présentes en LM P1 sont proches l’une de l’autre et on ne doit pas remettre en cause l’hybride.”
“Un budget en LM P1 doit être raisonnable” insiste Gérard Neveu. “Le problème est que l’on sait jamais ce qu’on y met à l’intérieur. Il faut arrêter de faire des comparaisons avec la Formule 1. Une équipe de pointe du calibre de Mercedes compte environ 1000 personnes pour 20 GP par saison. La Formule 1 est ce qui se fait de plus cher. En Endurance, on tourne à 200/250 personnes. L’équipe championne du monde reçoit de l’argent en retour. Il faut arrêter de penser que l’Endurance coûte aussi cher. Un constructeur qui vient en Endurance ne pose pas la question de savoir s’il doit choisir face à la F1. Les deux produits sont radicalement différents. Le seul point commun reste le partage d’une technologie de pointe.”
« On a vu avec Audi et Porsche que le curseur financier était très haut » souligne Gérard Neveu. « A ce moment-là, Toyota a eu du mal à suivre sur le plan budgétaire. C’est aussi le danger qui nous guette en LM P2 où les équipes dépensent beaucoup d’argent pour gagner quelques dixièmes et avoir le meilleur pilote. On ne peut pas nier la fragilité économique. »
Avec cinq constructeurs attendus la saison prochaine en GTE-Pro, la question de voir des GTE encore plus bodybuildées avec un look de prototype qui peut faire penser aux GTP a le mérite d’être soulevée. « Est-ce qu’on a envie de revenir à des look de GTP ? » indique le directeur général du FIA WEC. « Est-ce qu’il peut y avoir un intérêt technologique ? Cela fait partie des voies envisagées mais pas dans l’immédiat. Notre travail est de faire vivre l’endurance. On adapte la vision de la plateforme à la réalité du marché. Nous restons le plus ouvert possible. »
Différentes options sont à l’étude pour le futur, comme l’a confirmé le directeur général du championnat : « Est-ce que nous continuerons avec neuf courses ou allons-nous vers huit ou dix ? Est-ce que nous finirons par une course au Moyen-Orient ou dans un autre endroit ? Ferons-nous une course plus longue pour la finale ? Les options sont nombreuses mais cela ne veut pas dire que nous agirons de la sorte »
Gérard Neveu a rejeté l’idée que si le championnat ne devait comporter que huit courses à l’avenir, la manche du Mexique serait celle qui sauterait. Le contrat avec Bahrain arrive à échéance en fin d’année, Fuji a reconduit pour sa part le FIA WEC jusqu’à fin 2019. « Si vous dites demain que si je réduis d’une course, cela va aider tout le paddock, alors ce serait bon » a expliqué Gérard Neveu. « Quand vous prenez ce genre de décision, vous devez prendre en considération les différentes catégories. Les besoins pour les constructeurs et les GTE-Am ne sont pas les mêmes, ce qui est aussi vrai pour le LM P2 et le GTE-Pro. Il faut toujours trouver le meilleur compromis, ce qui n’est pas facile. »
La possibilité de voir des courses plus ou moins longues est aussi dans les tuyaux sachant que l’idée pourrait être d’avoir une finale d’un format différent : « Nous étudions l’idée de faire une dernière course plus longue, voire une manche plus courte dans un endroit différent. Cela dépend de l’endroit et de voir si nous réduisons d’une course ou pas. Il ne faut pas oublier que la priorité de Pierre Fillon et moi-même reste de trouver des solutions pour réduire les coûts. Il ne faut pas s’attendre à une révolution l’année prochaine mais plutôt une évolution. Notre idée est toujours d’être au courant de voir ce qui se passe autour de nous. Si nous restons concentrés sur ce qui se passe à l’intérieur du paddock, nous sommes morts. »
Rien n’a été décidé concernant l’avenir du GTE-Am, comme le précise Gérard Neveu : “La feuille de route est toujours d’avoir une grille mixte LMP/GTE. On essaie de faire moitié-moitié. Si demain le championnat devait avoir huit constructeurs, alors il faudrait certainement revoir la copie en acceptant uniquement les GTE-Pro. Les GTE-Am pourraient continuer à s’exprimer dans les séries continentales.”