Michelin Motorsport peut être satisfait de ses 24 Heures du Mans 2018 même si la firme clermontoise n’avait pas de concurrence en LMP1 et GTE. La satisfaction est venue de la catégorie LMP2 car même si la victoire a échappé à Bibendum, les gommes françaises ont fait un sacré bond en avant avec la pole de l’ORECA 07/IDEC Sport Racing équipée de pneumatiques Michelin. Pascal Couasnon, directeur de Michelin Motorsport, est revenu avec nous sur l’édition 2018 des 24 Heures du Mans.
“C’était pour Michelin une très belle édition. Avant la course, nous avions de bonnes raisons d’être satisfaits compte tenu du nombre d’autos au départ. En 2017, nous avions 50% du plateau contre 75% cette année. C’est une belle récompense du travail de nos ingénieurs. Tout le travail fait en amont a convaincu les équipes, même en GTE.”
Les ressources ont été mises en LMP2 ?
“Un gros travail a été fourni. J’ai entendu beaucoup de choses positives dans le paddock. IDEC Sport a décroché la pole et Panis-Barthez Compétition a longtemps lutté pour une place sur le podium. C’est formidable de voir une jeune équipe comme IDEC Sport décrocher la pole. Les pneus Michelin ont contribué à la performance. Le meilleur chrono bouclé par Nathanaël Berthon s’est fait avec une ORECA 07 roulant en Michelin.”
Le travail fourni en LMP1 a aussi porté ses fruits ?
“Dans le passé, on se focalisait sur les LMP1 hybrides car nos solutions convenaient à tout le monde. SMP Racing a pu boucler des quadruples relais avec les mêmes gommes. On peut noter que les crevaisons rencontrées au cours de la course font suite à des débris sur la piste.”
Pour en revenir à la catégorie LMP2, on pourrait voir de nouvelles équipes passer en Michelin en cours de saison ?
“Disons que le téléphone sonne de plus en plus… (rires) Ce qui est positif, c’est de voir que nos partenaires ont continué à nous faire confiance. On a progressé ensemble après avoir souffert ensemble. L’opportunisme n’est pas dans l’ADN de la maison. Il était important de garder nos clients au Mans. L’accompagnement Michelin, ce n’est pas seulement un pneumatique, c’est un pneu et un conseil. Si on avait répondu aux sollicitations, nous aurions pu jouer la victoire LMP2.”
Les gommes LMP2 2018 n’ont plus rien à voir avec celles de 2017 ?
“Le travail méthodique durant l’hiver a été le même qu’un an plus tôt. Il y a déjà eu un gros pas en avant en 2017 même si ça ne s’est pas forcément vu car nous n’étions pas sur tous les châssis. Il y a tout de même eu la pole en ELMS à Portimao avec Panis-Barthez Compétiton. On a affiné nos hypothèses qui ont pu se confirmer.”
Les nouvelles règles présentées au Mans vont dans le bon sens ?
“Il y a encore des discussions à avoir sur les règles des pneumatiques pour qu’elles soient en phase avec le contrôle des coûts. Il ne faut pas être simpliste et avoir les mêmes pneus pour tout le monde. L’aspect laboratoire doit être conservé. Il faut discuter sur le nombre de jours d’essais, les regrouper ou non, savoir si on peut adapter les pneus aux différents châssis. Il faut attirer des marques, développer la technologie tout en réduisant les coûts. Si on tend vers cela, alors je suis en phase. Il faut que ce soit aussi vrai pour le pneumatique.”
Venons-en à la grosse amende qui a surpris tout le monde… Les choses sont rentrées dans l’ordre ?
“On a fait des contre propositions qui ont été acceptées. Le plan d’action proposé par Michelin a été validé, ce qui fait que maintenant c’est de l’histoire ancienne. Il est important de coordonner le législateur et les acteurs. Le règlement ne demande pas d’évolution, ce qui est très bien. On était d’accord sur l’esprit mais je pense que ça aurait pu être géré de façon plus élégante. Est-ce qu’on a besoin d’amener une saison de course dès le début ? On avait alerté sur la faisabilité de cette règle.”