Fidèle à ses habitudes, Graff Racing sera présent sur plusieurs programmes cette année, entre LMP2, LMP3 et Formule Renault. La structure de Pascal Rauturier aurait dû être ce week-end à Barcelone pour le lancement de l’European Le Mans Series et de la Michelin Le Mans Cup. Comme tout le monde, Graff Racing doit ronger son frein dans l’attente de la reprise. L’activité dans le grand atelier de Morangis est donc à l’arrêt. Pascal Rauturier est revenu avec nous sur la situation actuelle, mais aussi sur une saison qui s’annonce différente des précédentes.
Quelle est la situation actuelle chez Graff ?
“Tout le monde est en chômage partiel car c’est la meilleure des solutions. On revenait tout juste de deux journées d’essais (12/13 mars, ndlr) quand la situation s’est compliquée. Ceux qui devaient rouler le lendemain n’ont pas pu prendre la piste. Comme tout le monde, on attend la date de la reprise. En attendant, chacun travaille chez soi et on échange régulièrement. Pour ma part, je continue à organiser la saison.”
Il y a forcément des pertes financières…
“La situation est compliquée car il n’y a pas d’activité. Par chance, des aides gouvernementales ont été mises en place, mais il faut attendre ce qui va réellement se passer en réalité. L’European Le Mans Series nous tient au courant de la situation via des visioconférences avec les autres équipes. Du côté de Graff, on va faire le maximum et ne pas dénaturer notre prestation.”
Vous craignez pour la saison de Graff ?
“Tous les contrats sont signés. Nous avions déjà anticipé en ne faisant rouler qu’une seule LMP2 afin de se concentrer sur le qualitatif. Des acomptes ont déjà été versés. Qu’est ce qui est mieux ? Faire plus et faire moins bien ? Compte tenu de la situation, le championnat risque d’être tronqué si une manche devait sauter. La Formule 1 et le MotoGP sont prioritaires pour la location des circuits, ce qui complique la donne pour les promoteurs.”
Tout est décalé, mais pas annulé. Tout de même une bonne chose…
“Les 24 Heures du Mans sont décalées, ce qui de toute façon est une bonne chose. Cela change aussi notre timing pour aller rouler aux Etats-Unis car eux aussi sont bloqués. La piste américaine fait toujours partie des réflexions car on ne peut pas rester inactif. On travaille sur plusieurs fronts. Avec un parc de deux LMP2, cinq LMP3 et quatre Formule Renault, on ne peut pas rester à rien faire. Donc, en attendant, je fais des tableaux Excel, je prépare l’avenir. On a défini combien de temps il nous faut pour repartir.”
Vous aviez débuté les essais ?
“On avait déjà fait une partie du travail avec plusieurs séances de roulage. L’ORECA 07 de l’Association SRT41 a elle aussi roulé au Paul Ricard. Je ne suis pas persuadé que les choses repartent avant juillet. Pour nous, la priorité va à l’European Le Mans Series car c’est notre activité principale. Nos pilotes espèrent que le championnat sera suffisamment étalé car la plupart dirige des sociétés, ils auront donc du mal à partir tous les week-ends.”
Les essais avec SRT41 ont été positifs ?
“Le premier contact a été bon. Sur le plan humain, c’est une très belle expérience. Quoiqu’il arrive, il faudra faire une course avant les 24 Heures du Mans. On fera tout pour les emmener au bout et je tiens à souligner tout le travail effectué en amont par ORECA pour aménager l’auto.”
Vous tablez sur un retour à la compétition au début de l’été ?
“Le problème reste la libre circulation des gens. Selon moi, c’est ce qui va poser problème. Comment vont faire les pilotes internationaux ? En ELMS, on a un pilote australien. Est-ce qu’il pourra voyager sans être inquiété pour venir en Europe ? La difficulté sera certainement de pouvoir circuler librement.”
Cette situation pourrait avoir un avantage : baisser les coûts et avoir une réflexion profonde sur l’avenir du sport auto…
“Les histoires sont toujours les mêmes. Bien entendu, on va demander à pouvoir utiliser nos LMP2 le plus longtemps possible. Le kit LMP3 était-il une obligation ? On a tous besoin de stabilité. On va tomber dans le creux de la vague et je pense que le plus dur sera 2021 même s’il y aura toujours des gens pour faire du sport auto. Graff va tout faire pour bien se structurer et se positionner comme il faut en restant dans le qualitatif.”
Vous restez optimiste ?
“Il faut rester optimiste. Nous sommes en bonne santé, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. A nous de prendre ce temps pour se préparer. J’ai 15 personnes à plein temps à m’occuper et ce n’est pas le moment de baisser les bras. Dans le passé, on a pris des coups de bâton dans ce métier. Il faudra se battre pour y arriver. En course, les meilleurs gagnent et, dans cette situation inédite pour tout le monde, les mieux préparés resteront. C’est une autre course. En France, nous ne sommes pas les plus mal lotis. Les aides peuvent donner un peu d’air même s’il faut attendre la pratique et surtout que cette situation ne dure pas trop longtemps.”
Thomas Laurent, Alexandre Cougnaud et James Allen se partageront le volant de l’ORECA 07 en ELMS. Vincent Capillaire remplacera Thomas Laurent aux 24 Heures du Mans, ce dernier roulant pour le compte d’Alpine en WEC. Vincent Capillaire disputera tout de même l’ELMS, mais sur une Ligier JS P320 en compagnie de Maxime et Arnold Robin. Matthias Kaiser et Rory Pentinen rouleront sur une Ligier JS P320 en Michelin Le Mans Cup.
Une présence en LMP3 est prévue en Ultimate Cup Series, de même que trois Formule Renault en challenge Monoplace.