Depuis le retour de Toyota en Endurance, le constructeur japonais n’avait pas encore cédé à une troisième auto aux 24 Heures du Mans. La stabilité réglementaire fait que les choses évoluent cette année avec trois TS050 HYBRID sur deux rendez-vous, à Spa et au Mans. Pascal Vasselon, directeur technique du Toyota Gazoo Racing, est revenu sur la version 2017 de la TS050 HYBRID et la présence de cette troisième auto.
Cela fait longtemps que vous attendiez une troisième auto et elle est enfin là…
“Tous les ans, on se pose cette même question et chaque année on entame le même processus de faisabilité. L’importance de cette troisième auto est vite devenue palpable sachant que les règles n’évoluent pas. Nous voulions déjà le faire en 2016 mais nous avions beaucoup de travail avec le passage à 8MJ et le nouveau moteur V6. Le fait de conserver la même monocoque a libéré des ressources.”
Tout sera fait pour que les trois aient la même chance de gagner ?
“Il était hors de question que cela se fasse au détriment de la performance. Nous avons les ressources nécessaires sans compromettre le niveau de performance. A deux reprises, nous pouvions gagner Le Mans avec seulement deux autos. En 2014, une sortie a anéanti nos chances de victoire. L’année passée, une touchette a eu des conséquences et l’autre voiture a connu un problème de fiabilité inédit.”
L’ajustement de réglementation a demandé beaucoup de travail ?
“Jusqu’à maintenant, des panneaux rejoignaient la monocoque aux ailes avant. Lors de nos simulations, ces panneaux généraient beaucoup de portance, ce qui participait à un possible décollage des autos. Maintenant, L’arche de la roue avant est séparée de la monocoque. Sur un plan esthétique, c’est aussi plus joli mais cela ne change rien en performance. Le vrai impact concerne le diffuseur qui est plus petit et le splitter avant qui est plus haut.”
Retrouver Nicolas Lapierre est quelque chose qui vous ravit forcément…
“Je suis très content qu’il rejoigne l’équipe à nouveau. C’était dans la logique des choses. En 2014, il n’a jamais été dit que Nico était un mauvais pilote. Il était juste dans une spirale négative qu’il a fallu stopper. Nous sommes restés en contact. Depuis, nous avons tous parcouru du chemin et la spirale négative n’est qu’un lointain souvenir. Nous sommes tous très heureux de l’avoir à nos côtés sur cette troisième Toyota.”
Les discussions remontent à quand ?
“Tout a commencé lors de la présentation des engagés du FIA WEC en février. La suite a été naturelle.”
Cette troisième auto passait forcément par la présence d’un pilote japonais dans l’équipage ?
“Pas du tout ! Nous avons fait des tests. Yuji (Kunimoto) s’est très bien comporté, Ryo (Hirakawa) également. Ryo manquait juste d’un peu de préparation, d’où l’idée de le faire rempiler en LM P2 cette saison. Yuji a été très impressionnant. Nous avons mis en place ce ‘shootout’ à plusieurs reprises. Le baquet se détermine au mérite.”
Avoir trois autos à Spa à si peu de temps des 24 Heures du Mans n’est pas trop compliqué à gérer ?
“Il faut que l’équipe roule à Spa. Bien sûr, cela rajoute une pression supplémentaire. Chaque année, la pression est là et il faut juste garder la pression positive. Nous allons assister à un duel Toyota/Porsche et nous sommes très contents de cela.”
Le passage à deux kits aéro au lieu de trois est une bonne chose ?
“Du moment que cela va dans une logique de réduction des coûts, c’est positif. Malgré cette diminution du nombre de kits, il reste quelques zones de développement où il est possible de travailler. Monza est adapté pour préparer Le Mans. Son tracé est plus proche du Mans que peut l’être le Paul Ricard. Nous ne sommes pas venus ici auparavant car il n’est pas possible d’y rouler la nuit.”