Avec trois Toyota TS050 HYBRID au départ des 24 Heures du Mans, le constructeur japonais n’avait plus connu pareil engagement depuis 1999. Le dramatique final de l’édition 2016 est mis au rang des archives et tous les regards sont maintenant tournés sur cette 85e édition des 24 Heures du Mans. Vainqueur des deux premiers rendez-vous FIA WEC de la saison, Toyota arrive aux commandes du championnat sur une course qui compte double. Pascal Vasselon, directeur technique du Toyota Gazoo Racing, est revenu avec nous sur les préparatifs de l’équipe en vue de l’épreuve majeure de l’année.
L’équipe est prête ?
« Nous n’avons plus le choix et ce n’est plus le moment de se poser cette question. Le sport automobile est différent des autres activités car il impose un planning qui ne peut pas être bougé. Nos échéances sont fixes et il n’y a pas d’échappatoire. Nous sommes satisfaits de notre préparation, ce qui doit nous permettre de dégager un peu de temps libre aux pilotes. Lors de notre retour, ce n’était pas vraiment possible car le planning était tendu. Maintenant, le rythme de travail est raisonnable. Vendredi soir, l’équipe a pu quitter le circuit à 18h30. »
Faire rouler trois autos demande pourtant plus de contraintes…
« Oui mais nous l’avons su tôt même si ce n’est jamais assez tôt. Le calendrier de production était convenable. Bien sûr, rien n’est jamais parfait. Cependant, l’équipe n’arrive pas au Mans avec des lacunes inquiétantes. »
Le retour dans l’auto de José Maria a donné satisfaction ?
« José Maria a repris le volant lors de l’ultime séance d’essais à Spa et son retour a donné satisfaction. On sait que José Maria est au niveau. On le connaît bien car il roule avec nous depuis 2016. Il est très à l’aise dans l’auto mais il doit encore se familiariser au trafic. Compte tenu de son manque d’expérience en course, il va découvrir le trafic en même temps que les 24 Heures du Mans, ce qui n’est pas une mince affaire. On s’est dit qu’il fallait lui mettre le moins de pression possible, ce qui est aussi le cas de Yuji. L’objectif de cette troisième auto est différent des autres car déjà elle ne fait pas toute la saison. Une troisième auto reste une troisième auto. En règle générale, les pilotes d’une voiture supplémentaire ont moins d’expérience de roulage et l’accident de José Maria n’est pas tombé au bon moment. L’équipage a moins de pression mais du coup plus de travail. On sait qu’ils vont donner le meilleur d’eux-mêmes. »
Les debriefings se font séparément ?
« Avec deux autos, on peut debriefer tous ensemble mais cela complique la donne avec trois. Les ingénieurs font donc des synthèses qui sont ensuite échangées entre les différents équipages. Nous avons donc changé certains processus de fonctionnement. »
La Journée Test va permettre de roder le tout ?
« On espère une Journée Test sèche pas trop handicapée par des neutralisations. L’objectif est bien de préparer la course sachant que nous avons deux pilotes à qualifier. Le planning entre les trois autos est complémentaire avec quelques tâches communes. »
Mixer les équipages pour la Journée Test a une importance ?
« S’il y a un souci sur une auto, cela permet de faire rouler les pilotes sur une autre. C’est juste de l’anticipation. Si aucun problème ne vient ralentir le programme de la journée, alors les équipages ne seront pas modifiés. »
Il faut s’attendre à voir des chronos en baisse ?
« Le législateur a toujours la volonté de contrôler la performance au Mans. C’est dur de savoir à quoi s’attendre. Le nouveau bitume du Circuit Bugatti permet d’avoir plus de grip. Je pense que les chronos de 2016 seront battus, mais la question est de savoir de combien. Sur le plan aéro, nous avons perdu de 4 à 4.5s. L’équipe a très bien rebondi sur les nouvelles règles. L’auto est différente de celle de l’année passée même si la monocoque reste identique et il ne faut pas s’attendre à une révolution en 2018. »
Vous restez dans l’attente des règles 2020 ?
« Les détails ne sont pas connus. A l’heure actuelle, nous n’avons donc qu’une approche globale. Toutes les discussions sur l’avenir du championnat sont partagées avec le Board de Toyota. »
En attendant, Toyota doit briller…
« D’un côté, on sait que la compétitivité doit être au rendez-vous. D’un autre côté, Porsche sera bien présent car ils ne sont pas restés les bras croisés. On attend une réaction de leur part. C’est dur de faire un pronostic. Je suis bien incapable de dire l’ampleur de la réaction. »
Selon vous, le sport automobile prend une bonne direction ?
« Il y a un décalage entre les fans et les constructeurs. Les fans veulent du bruit et de la course, les constructeurs une pertinence qui correspond à la mobilité de demain. Les attentes ne sont pas les mêmes, tout comme le marketing. On ne peut pas arrêter la roue du progrès. Il faut se rendre à l’évidence que le moteur V12 bruyant, c’est de l’histoire ancienne. Il faut donc concilier le besoin de pertinence avec le besoin d’excitation des fans. Le rallye reste inférieur sur un plan technologique mais il est plus proche des fans. »