Avec des courses prévues aux quatre coins du monde, Porsche Motorsport est contraint de revoir ses plans et de s’adapter aux décisions gouvernementales. Depuis le début de l’année, il y a eu les 24 Heures de Daytona et les 12 Heures de Bathurst. Depuis la mi-mars, le confinement des différents pays a marqué un coup d’arrêt aux compétitions automobiles et les pilotes Porsche attendent l’heure de la reprise. Pascal Zurlinden, responsable des programmes officiels chez Porsche Motorsport, continue de s’entretenir avec ses troupes tout en préparant l’avenir. Aucune décision n’a été prise sur le LMDh et Pascal Zurlinden pense que le GTE va continuer malgré le renouveau de la catégorie reine.
Selon vous, comment va reprendre le sport auto une fois la crise terminée ?
« La course automobile est un élément fondamental de l’ADN de Porsche. Nous sommes le seul constructeur qui a couru chaque année au Mans depuis 1951, que ce soit en officiel ou avec clients. Cela ne changera pas. Nous ne pouvons pas encore dire à quoi ressemblera tout le paysage de la course automobile après le Covid-19. »
Porsche Motorsport utilise des moyens de communication tels que la visioconférence. Vous pensez que ces moyens se développeront en interne une fois la crise passée ?
« Nous constatons que ces méthodes peuvent être très efficaces. Toutes les visioconférences ne peuvent pas remplacer une réunion en face-à-face, mais je pense que nous pourrons mettre en place plus d’occasions de travailler depuis le domicile. Je fais beaucoup de travail à la maison en ce moment Ce n’est pas du tout un problème de maintenir des échanges avec les ingénieurs ou les pilotes. Je pense que dans une certaine mesure, le monde du travail va changer en raison des outils modernes et des expériences que nous avons maintenant. »
Avec le report des courses, notamment Le Mans et le Nürburgring, comment Porsche gère ces nouvelles dates ?
« Nous sommes en étroite relation avec les responsables des championnats et la FIA. Actuellement, chaque série essaie de trouver une solution pour disputer le plus grand nombre de courses plus tard dans l’année. Naturellement, il y aura des dates communes. La situation change quasiment chaque jour. On ne sait pas encore combien d’événements pourront avoir lieu cette année mais, je suis sûr que les calendriers de chaque championnat seront bien coordonnés. Nous sommes aussi en contact régulier avec nos collègues concurrents. Nous sommes tous dans le même bateau. Chez Porsche, nous parlons souvent de notre famille de sport automobile. De nos jours, cependant, il devient de plus en plus évident que le sport automobile est comme une famille assez indépendante des constructeurs et de la compétition en dehors des circuits. Une chose est certaine : dès que la course reprendra, les fans auront droit à beaucoup d’action, week-end après week-end. »
Quel impact a l’annulation de la Journée Test des 24 Heures du Mans pour Porsche ?
« Nous disputerons Le Mans pour la première fois cette année avec la nouvelle Porsche 911 RSR-19. Bien entendu, la Journée Test aurait aidé aux préparatifs, mais nous sommes déjà largement familiarisés avec le fonctionnement de la nouvelle voiture en WEC et en Amérique du Nord. Par conséquent, nous avons une mine d’informations que nous pouvons analyser encore plus en profondeur durant cette période sans course. Nous ne nous attendons pas à ce que cela entraîne un désavantage face à la concurrence. Corvette met également en piste une toute nouvelle voiture. Tous nos concurrents doivent s’adapter à une nouvelle gamme de pneus, nous sommes donc dans donc dans une situation identique cette année. Cependant, il reste quelques questions sans réponse. Par exemple, repousser les 24 Heures du Mans à septembre pose de nouveaux défis concernant les conditions climatiques. A la fin de l’automne, nous devrons courir plus longtemps de nuit par rapport à la date initiale de juin. Mais encore une fois, nous sommes tous dans le même bateau. »
En football, certains clubs réduisent les salaires de leurs joueurs. Est-ce que Porsche en fera de même avec ses pilotes ?
« Non. Si la saison des courses 2020 recommence après la crise, nos pilotes seront très occupés. Leurs heures de travail ne seront pas inférieures à celles des autres années. Au contraire, le stress sera important, et donc nous ne réduirons pas les salaires de nos pilotes. »
Porsche va réduire ses programmes ?
« Non, nous n’avons annulé aucun de nos programmes, mais bien sûr, nous sommes tous tenus de maintenir nos coûts aussi bas que possible. Nous sommes déjà extrêmement efficaces chez Porsche Motorsport et nous intensifierons nos efforts à cet égard. »
Le retard de l’annonce de la réglementation LMDh peut impacter un éventuel programme Porsche ?
« Je pense que nous aurons des informations plus détaillées sur la future réglementation dans les prochaines semaines, ce qui fait que le retard n’est pas trop long. Nous ferons une analyse détaillée en interne uniquement après avoir reçu cette annonce. Notre membre du conseil de R&D, Michael Steiner, a donné un mandat clair pour examiner attentivement ces règles. Nous allons voir à quel point le LMDh pourrait être intéressant pour nous et combien d’efforts cela nécessiterait. Porsche est bien entendu à l’écoute de pouvoir concourir pour des victoires au général, par exemple au Mans et à Daytona, mais cela ne doit pas être mal interprété. Nous ne savons toujours pas si nous mettrons en œuvre un programme officiel LMDh à l’avenir. »
S’il devait y avoir un programme, la voiture serait-elle disponible pour des clients ? Le GTE se ferait en parallèle ?
« Je suis certain que le GTE se poursuivra en WEC. Les voitures sont homologuées pour trois ans, il n’y a donc rien contre le fait de courir avec les voitures actuelles. Il reste à voir si ce sera en GTE-Pro sur le long terme. Cependant, la classe GTE-Am est clairement en bonne forme et le nombre d’engagés en plein essor. Nous verrons certainement ces voitures sur les circuits encore pendant quelques années. Nous devrons voir s’il y aura une LMDh pour les clients. Si le cadre financier est bon, il n’y a aucune raison de ne pas le faire. »