Patrice Lafargue a créé IDEC Sport en 2015 et dirige depuis cette équipe qui évolue en European Le Mans Series. Cette année, l’écurie aligne deux Oreca 07 dans la série européenne ainsi qu’une LMP3 en Michelin Le Mans Cup pour le patron en personne. Rencontré au Red Bull Ring, il a accepté de faire un bilan de ce début d’année avec Endurance-Info…
Une nouvelle saison a démarré mais, bien entendu, comme tous les teams LMP2, IDEC Sport a été impacté par les derniers changements de réglementation en ELMS. « Le fait qu’ils aient finalement renoncé à imposer le kit aéro Le Mans en ELMS est une bonne chose, » confie Patrice Lafargue. « Pour ce qui est du reste, le poids en plus, la réduction de puissance, tout est discutable. On a baissé la puissance et donc la vitesse de la voiture, cela nous a coûté de le faire car il a fallu faire un chèque. Je trouve cela un peu ridicule, mais c’est comme cela ! »
Le début de saison pour la voiture « phare », l’Oreca 07 #28, a été plutôt compliqué avec des résultats qui ne satisfont pas le patron. A Barcelone, pour la manche d’ouverture, la voiture a terminé 8e. Ce week-end, au Red Bull Ring, elle a fini 6e. « Nous ne sommes pas au top, il faut savoir le dire. On bute sur un réglage que l’on n’arrive pas à trouver. La meilleure preuve, c’est que l’on n’use pas nos pneus ce qui est significatif. On va y arriver, je connais la qualité de mon écurie, nous sommes obstinés, mais on n’a pas ce petit déclic qui fait que l’on va gagner quelque chose. On est à notre place par rapport aux réglages. »
Cette saison, l’équipage de la #28 a été modifié. Richard Bradley n’est plus là et a été remplacé par Patrick Pilet qui avait fait une pige avec l’équipe aux dernières 24 Heures du Mans. L’ancien pilote officiel Porsche donne toute satisfaction à Patrice Lafargue. « Patrick a une motivation énorme, il entraine tout le monde avec lui, c’est vraiment agréable. C’est un super pilote, tout le monde le sait. C’est surtout son état d’esprit que je découvre encore plus maintenant. Au Mans, quand il est venu en renfort sur l’Oreca #17 d’Era Motorsport (après la blessure de Dwight Merriman, ndlr), on était tous la tête dans le guidon. Nous n’avons pas pu beaucoup échanger, mais c’est une superbe personne. Il a une banane de folie et cela fait du bien dans l’écurie d’avoir une personne dynamique comme lui. Il veut toujours faire plus, c’est vraiment bien… »
En parallèle de cette #28, une autre Oreca 07 (#17) est alignée. Certes, elle est sous le nom d’IDEC Sport, mais, en fait, l’équipe est en soutien technique et logistique d’Era Motorsport qui roule habituellement en IMSA. Dwight Merriman, Kyle Tilley et Ryan Dalziel en sont les pilotes. Cette « association » a débuté aux 24 Heures du Mans 2020 lorsque la structure française avait aidé Era Motorsport. En janvier dernier aux 24 Heures de Daytona, Era avait alors accueilli des ingénieurs et un pilote (Paul-Loup Chatin) d’IDEC Sport. « Nous confirmons notre mariage avec cette équipe. Ils sont super agréables et eux aussi ont le sourire, c’est génial. L’entente est vraiment parfaite et cela nous donne la chance d’avoir deux voitures aussi. Au niveau des comparaisons réglages, c’est intéressant. »
Pour IDEC Sport, champion ELMS 2019, de gros points ont déjà été perdu en route en vue d’un nouveau titre, même si rien n’est jamais joué en sport automobile. L’un des buts de l’équipe de Patrice Lafargue reste la classique mancelle . « C’est clairement l’objectif de l’année pour nous, mais nous n’avons pas beaucoup de certitudes pour Le Mans. Nous avons toujours ce doute, il faut que l’on s’en débarrasse, que l’on trouve ce réglage pour arriver sereinement aux 24 Heures du Mans. Pour le moment, nous ne sommes pas compétitifs comme on devrait être. »
Patrice Lafargue ne roule plus en LMP2 depuis fin 2019. Depuis 2020, il se consacre à la Michelin Le Mans Cup. Cette année, il roule sur la Ligier JS P320 #17 avec Dimitri Enjalbert. Les deux hommes ont terminé 9e de la première manche disputée à Barcelone. « J’adore cette série et j’ai la chance d’être avec un pilote / ami qui est Dimitri Enjalbert. On s’était un peu séparés car nous n’avions pas de programme ensemble et là on se retrouve. Cela me fait plaisir de rouler à nouveau avec lui. On s’amuse énormément et cela m’occupe pas mal sur les meetings. Aligner trois LMP2 en ELMS était tout simplement impossible et, avec mon âge, cela commence à devenir difficile, je me sens un peu dépassé dans cette catégorie. En LMP3 en Michelin Le Mans Cup, ce sont des beaux meetings, on se bat, on peut espérer faire de bons résultats, c’est sympa. »
Ce week-end, la LMP3 d’IDEC Sport ne roulait pas au Red Bull Ring car la Michelin Le Mans Cup n’était pas présente. Patrice Lafargue a été invité par Ligier Automotive à piloter une Ligier JS P4 engagée par l’écurie Les Deux Arbres en Ligier European Series. « Je remercie Jacques Nicolet, de qui je suis proche, pour l’invitation. Cela m’a fait plaisir. Ils ont mis une voiture à disposition. Certes, on n’est pas très nombreux en piste, mais cette série mérite bien plus de reconnaissance et plus de succès. C’est très bien organisé, avec une équipe au top. La Ligier JS P4 est une belle voiture de gentleman, très agréable à piloter, on a de bonnes sensations, c’est sympa. Il m’a fallu un peu de temps pour enlever mes réflexes de LMP3, mais elle est facile et ça vient vite. »
Après un podium en Course 1, il a remporté le Course 2 avec plus de 40 secondes d’avance sur ses poursuivants. « C’est du bonheur ! La course s’est très bien déroulée, on a fait la différence à la mi-course. Mes circuits préférés sont vallonnés et ici on est servis, c’est une belle piste. On a eu de bonnes conditions sur cette course et j’ai vraiment apprécié la voiture. Ça donne envie de revenir. »
D’autres courses pourraient être au programme de Patrice Lafargue, notamment avec son fils, mais pas en prototypes. « Avec Paul, nous avons la culture GT3 dans le sang, donc on devrait rouler notamment chez Creventic qui propose de belles course de 12 ou 24 heures. Nous avons toujours été fidèles aux 24 Heures de Barcelone. Nous aimerions les refaire, notre Mercedes-AMG GT3 est prête, elle est dans le garage. Même si pour l’organisation de l’écurie cela ne va pas être simple, nous allons nous aligner à cette épreuve. »
Le Classic, autre discipline de cœur de Patrice, n’est pas non plus oublié même si les championnats tardent plus à redémarrer que le moderne. « Je souhaite vraiment y retourner, j’adore, j’y ai couru pendant des années. De plus, j’ai une nouvelle voiture en 3 litres, j’aimerais rouler avec. Ce n‘est pas simple car les programmes se chevauchent, mais je veux en faire une ou deux. »