Patrick Barbier était tout sourire au soir des 4 Heures du Castellet. Le patron de Cool Racing venait de vivre sa toute première course en LMP2 en European Le Mans Series avec l’ORECA 07 #37 que Nicolas Lapierre, Antonin Borga et Alexandre Coigny se partagent. Il est revenu sur ce week-end ponctué d’une 7e place au général et sur le copieux programme de l’équipe cette saison.
Comment qualifieriez-vous les premiers pas de Cool Racing en LMP2 ?
« Je dirais qu’ils sont encourageants ! Nous avons eu la chance de pouvoir faire plusieurs jours de tests cet hiver plus les deux journées officielles au Castellet. Nous avons mis des choses en place, avons appris à comprendre la voiture et avons vite progressé grâce à Nicolas (Lapierre). De plus, la communication entre les pilotes et les membres de l’équipe est très bonne, cela nous permet d’avancer. »
Nicolas Lapierre a été votre grande recrue en fin de saison 2018. Que vous apporte-t-il ?
« C’est quelqu’un qui nous apporte énormément grâce à son expérience. Cela nous facilite la vie. Il est précieux dans plusieurs domaines : pour le staff technique au niveau de la voiture, pour l’équipe au niveau de l’organisation et pour les pilotes grâce à son utilisation de la télémétrie et ses interventions en direct à la radio. Il sait exactement quoi dire à ses coéquipiers et à quel moment. »
Il encadre Alexandre Coigny et Antonin Borga. Comment progressent-ils ?
« Avec Alexandre, nous avons un très bon Bronze. Il a progressé tout au long des essais que nous avons effectués. Je suis content qu’il ait pris le départ car il est à l’origine du projet. Première course en LMP2, premier départ et, en plus, dans une position pas facile car il partait de la 2e ligne. Antonin a été très bon, il a fait de superbes relais. Cela promet pour l’avenir. »
Comment jugez-vous votre première course ELMS en LMP2 au Castellet ?
« Nous n’avions pas d’appréhension avant cette manche car nous n’avions pas de pression. Nous étions vraiment en mode découverte, apprentissage et notre objectif était d’être le plus professionnel possible. Au final, nous avons vécu un très bon week-end. Ce fut positif pour toute l’équipe : que ce soit les pilotes qui découvraient le monde du LMP2 et le staff technique. En qualifications, Nicolas a fait le travail. Je pense que nous aurions pu être légèrement mieux. Cependant, le Top 4 est une très belle performance pour Cool Racing. Je suis vraiment satisfait de la course : pas une erreur, pas une faute de la part des pilotes et de toute l’équipe. Nous avons eu juste un souci de portière qui se verrouillait mal. Nous allons maintenant tout décortiquer, mais la base est très bonne.»
Les 24 Heures du Mans sont toujours dans votre tête…
“Bien sûr ! Nous allons faire Road To Le Mans et nous aurons un œil attentif sur la course. Nous allons bien regarder le travail des autres équipes, allons nous imprégner de tout cela dans le cadre de notre future participation au Mans. »
Toujours en prototype, vous engagez trois LMP3 en Michelin Le Mans Cup. Que pouvez-vous nous dire sur ce programme ?
« Nous engageons trois LMP3 cette année. On a un équipage franco-américain avec John Schauerman et Nicolas Rondet, un autre américain (Maurice Smith), un Suisse (Philippe Cimadomo) et deux jeunes pilotes qui ont roulé chez nous dans des catégories comme la Mitjet, qui découvrent l’endurance et le proto : Romain Carton et Victor Blugeon. Nous sommes là pour les accompagner. »
Vous êtes aussi impliqué en Championnat de France GT avec une Porsche Cayman. L’un des pilotes est Adrien Tambay. Comment avez vous réussi à avoir un tel pilote dans vos rangs ?
« C’est Cyril Saleilles, le pilote Bronze avec lequel il roule, qui a fait la rencontre avec Adrien. Il faut dire que la venue de Nicolas Lapierre chez Cool Racing a donné de la confiance aux gens. Adrien ne nous connaissait pas, ce qui est normal en soit. Quand il a su que “Nico” était chez nous, il a commencé à s’intéresser à l’écurie, à se renseigner. Il a ensuite dit oui à Cyril pour faire quelques courses avec lui. Le reste du temps ce sera Bruno Besson. Pour nous, c’est magnifique, c’est un beau challenge car le LMP2 / LMP3 et le GT4 sont bien différents. »
Disputez-vous toujours le championnat de France de Mitjet ?
« Oui toujours la Mitjet qui se déroule dans le cadre de l’Ultimate Cup Series. Nous avons commencé la saison avec une Mitjet Supertourisme et nous allons la finir avec trois. Victor Weyrich, qui a fait la Mitjet 2 litres en 2018 et terminé 2e du championnat, est passé en Supertourisme. De plus, nous sommes en train de monter un projet avec Patrice Sulpice. C’est un ancien membre de l’équipe de France de cyclisme sur piste qui aurait dû être champion du monde, mais, en 1995, il est tombé lors d’un entrainement. Il s’est blessé et est devenu paraplégique. Il a décidé de se mettre au sport automobile et, comme il est de Haute-Savoie comme nous, il nous a demandé si le projet pouvait nous intéresser et nous avons dit oui très rapidement. C’est une belle aventure humaine, un beau projet car il ambitionne de faire les 24 Heures du Mans. Nous sommes donc en train d’équiper sa voiture et allons commencer les roulages début mai. Quand tout sera ok, il devrait faire la fin de saison. La troisième voiture sera pour un jeune pilote qui arrivera en cours d’année car il n’a que 15 ans et demi à l’heure actuelle. Il est trop jeune, n’a pas le droit de courir, il doit attendre ses 16 ans en juillet. »
Vous avez huit voitures engagées cette année (1 LMP2, 3 LMP3, une GT4, 3 Mitjet) sur quatre championnats avec des autos différentes. Comment vous organisez vous ?
« Sur les meetings ELMS / Michelin Le Mans Cup, nous avons deux équipes différentes qui sont autonomes que ce soit en matériel, management (1 team manager par équipe), mécaniciens et ingénieurs (trois sur les LMP3, trois sur la LMP2). C’était un point crucial pour la réussite de nos deux programmes. Tout le reste s’organise bien, mais ça demande beaucoup de travail. Il faut beaucoup d’anticipation. J’aime bien cette idée de filière, de faire débuter des jeunes, de les suivre. »