Patrick Barbier était un homme heureux lundi matin lors du démontage des stands. Le patron de Cool Racing a en effet vu, avec son équipe, l’ORECA 07 #42 franchir la ligne d’arrivée à la 8e place des LMP2 pour les toutes premières 24 Heures du Mans de son histoire. Endurance-Info a pu faire le point avec lui…
Le week-end des 24 Heures du Mans a bien commencé avec une victoire à Road to Le Mans…
« Ce fut un moment exceptionnel et ce qui l’est plus encore c’est que les deux voitures ont été deux fois sur le podium. A la première course, on finit deuxième et troisième et, à la suivante, celle du samedi matin, on termine premier et troisième. C’est un super résultat et j’en suis vraiment heureux pour les équipages. Nous avons beaucoup appris tout comme les pilotes. Edouard (Cauhaupé) a emmagasiné pas mal d’expérience. Au vue du dernier tour de la dernière course, il avait accusé le coup moralement (dans la dernière boucle, Laurents Hörr, au volant de la Duqueine M30 D08 #3 de DKR Engineering, a dépassé Edouard Cauhaupé pour s’emparer de la victoire, ndlr). La nuit a bénéfique pour lui, il a pu repenser à ce qui s’était passé. On s’est retrouvé dans la même situation le lendemain et il a super bien réagi en étant très solide par rapport à Laurents Hörr qui a une grande expérience et qui a du caractère. »
C’étaient les premières 24 Heures du Mans de Cool Racing. Qu’en avez-vous pensé ?
« Terminer huitième en LMP2 pour une première participation, avec une équipe qui n’a pas d’expérience à ce niveau et qui n’a jamais fait Le Mans, avec deux pilotes « Rookie », est vraiment quelque chose de très sympa à vivre. Pour l’équipe, pour les pilotes, pour tout l’ensemble du team, c’est une grande satisfaction d’avoir délivré cette prestation. On sait que c’est une course difficile, où il se passe beaucoup de choses. Nous avons fait une course sage, comme cela avait été décidé au préalable, sans soucis mécaniques. Nous avons juste changé par précaution les plaquettes et les disques de freins avant deux heures avant l’arrivée. Nous aurions pu nous en passer, mais nous avons préféré le faire par précaution. Nous avons rallié l’arrivée sans la moindre égratignure sur la voiture ! »
On connait les performances de Nicolas Lapierre, mais comment se sont comportés Antonin (Borga) et Alexandre (Boigny) pour leur premier Le Mans ?
« Ils avaient juste fait Road To Le Mans en LMP3 par le passé, mais jamais les 24 Heures du Mans et jamais sur une LMP2. Ils avaient tout à découvrir, tout à assimiler en très peu de temps. Je pense que c’est ce qui nous coûte un peu au niveau de la performance pure. Nico a été au top comme d’habitude, il a fait des relais exceptionnels (5e temps des LMP2 en course en 3:29.424).
Antonin (Borga) a fait du Antonin, c’est-à-dire toujours au top quand il faut y être, toujours à sa place, il a su tenir son rang et faire le travail qu’on lui demandait. Il a été performant dès sa première apparition. C’est une grande satisfaction.
Du côté d’Alex (Coigny), c’était son rêve et il s’est réalisé. Depuis 2016, le but final de ce projet était de disputer les 24 Heures du Mans. Je pense que mentalement, pour lui, ce fut compliqué car son rêve était à portée de main. Il ne voulait pas le gâcher, il souhaitait arriver au bout, voir le drapeau à damiers. Ca, ça a été fait ! Il n’a pas roulé la nuit, on avait décidé qu’il ne courrait que le jour car il n’a pas l’habitude de la nuit. Nous avons vu une belle progression entre le samedi et le dimanche matin. Il a commencé à se libérer. Je pense qu’à chaque fois qu’il montait dans la voiture, c’était un peu compliqué pour lui, mais il a bien géré et nous avons essayé de l’aider au maximum. Le plus important est que son rêve se soit réalisé ! Il l’a certes fait dans des conditions particulières, mais dans de bonnes conditions et avec une superbe 8e place. »
Nous sommes lundi matin, il est certes trop tôt encore pour vous pour dresser un bilan, cependant, à chaud, quels sont les points que vous devez travailler en vue d’une seconde participation ?
« Il faut surtout garder la même philosophie car cela a plutôt bien fonctionné. La préparation, tout le travail fait en amont sont à conserver car nous avons roulé plus de 10 heures le jeudi, une heure le vendredi et toutes les 24 heures sans problème mécanique. De ce côté là, nous sommes assez bien calés. Après, il faut que nous travaillions sur les arrêts au stand. En décortiquant un peu les chronos, nous nous rendus compte que nous étions plutôt dans une bonne moyenne. A nous maintenant de travailler encore plus pour rejoindre les meilleurs. Nous devons progresser en stratégie, en ayant plus de réflexion et en étant plus réactifs. Après il nous faudra un peu de temps pour digérer ces 24 Heures du Mans 2020, mais la base est bonne. La façon dont cette course s’est déroulée le prouve, mais il y a toujours des choses à améliorer ! »
La “digestion” va être de courte durée car trois courses attendent encore Cool Racing dans les deux mois qui viennent : Monza ELMS, Portimão ELMS et la finale WEC à Bahrein où l’équipe sera présente à coup sûr nous a confié Patrick Barbier. Quant à la saison prochaine, on continue de réfléchir, mais une bonne partie de la décision est liée aux débouchés sur la discussion actuelle autour des pilotes Bronze (dont Alexandre Coigny fait partie). L’équipe possède deux ORECA 07 et pourrait continuer en ELMS et en WEC ou ne faire que de l’ELMS. Intégrer des pilotes tels que Edouard Cauhaupé en LMP2 fait aussi partie des réflexions tout comme Sébastien Baud, actuellement en Ligier European Series chez Cool Racing, qui pourrait prétendre à un baquet en LMP3. La décision sur la prochaine saison sera prise en fin d’année. Affaire à suivre…