Suite et fin de notre entretien avec le champion ELMS 2019 en titre (la première partie est ICI). Paul-Loup Chatin continue de parler des 24 Heures du Mans 2020 et aborde le sujet des 24 Heures du Mans Virtuelles, compétition à laquelle il va prendre part les 13 et 14 juin prochains…
Le fait de ne pas avoir de Journée Test aux 24 Heures du Mans change-t-il la donne ?
« Je sais que du temps supplémentaire a été ajouté à la journée du mercredi. Si on arrive à compenser la perte de roulage de la Journée Test par un surplus de temps le mercredi avant la course, c’est déjà pas mal. Certes, nous n’arriverons pas à rattraper une journée totale d’essais, soit environ 8 heures. Chez IDEC Sport, nous avons la chance de disputer nos 4e 24 Heures du Mans. Nous commençons à bien connaitre cette course maintenant, nous arrivons plus en terrain connu bien qu’au Mans, cela ne soit pas un gage de succès. Je pense que c’est donc moins pénalisant pour nous que pour d’autres écuries qui vont découvrir Le Mans en LMP2 cette année. La Journée Test permet d’essayer pas mal de choses et on a souvent beaucoup de temps derrière pour pouvoir tout analyser. Là, tout va s’enchaîner beaucoup plus vite et on aura moins de temps pour travailler sur les donnés. La différence, elle sera là. Donc à nous de faire un gros travail sur les informations collectées les années précédentes pour palier à l’absence de cette journée… »
Le Mans, maintenant que vous avez remporté le titre ELMS 2019, c’est l’objectif n°1 ? Et en plus, vous allez avoir une 2e auto qui est entrée suite aux forfaits des Porsche officielles américaines…
« C’est la très bonne nouvelle cette 2e auto. Pour nous, ça va aussi nous aider à palier le manque de roulage suite à l’annulation de la Journée Test car, avec deux voitures, on va pouvoir emmagasiner deux fois plus d’informations et faire deux fois plus de tests. Donc là, oui, clairement, c’est un vrai plus. Pour ce qui est des objectifs, nous n’allons pas le cacher. L’objectif n°1 de cette année 2020, ce sont les 24 Heures du Mans ! Si c’est la victoire, nous serons les plus heureux possibles, si c’est un podium, ce sera déjà très bien. Cependant, le but est de gagner Le Mans en LMP2, mais nous ne sommes pas les seuls ! Si on me demande de choisir entre un podium aux 24 Heures du Mans et être champion ELMS, je prends le premier ! »
Vous allez participer aux 24 Heures du Mans virtuelles dans moins de quinze jours. Pourquoi ?
« Faire cette compétition aux dates initialement prévues pour les 24 Heures du Mans (réelles) et, en plus, organisée par l’ACO et le WEC, je trouve que c’est une bonne initiative. C’est, entre autres, pour cela que j’ai décidé d’y participer. C’est une contrainte de plus, par contre, car cela prend beaucoup de temps et cela demande beaucoup de préparation. En tout cas, quand cela a été annoncé, j’ai pensé qu’IDEC Sport devait faire une voiture. Nous sommes présents sur la scène de l’Endurance international et à la course phare, les 24 Heures du Mans, on se devait d’être là pour le virtuel ! De plus, je pense que cela va être un événement planétaire à différents niveaux et je serai curieux de voir les chiffres après coup. Je ne pense pas que, dans le futur, dans des conditions normales, nous aurons un événement qui réunisse autant de pilotes mondialement connus. Cela ne se déroulera, à mon avis, qu’une seule fois dans l’histoire, il était donc important et évident qu’IDEC Sport y participe. Par contre, je ne m’attendais pas à ce que ce soit autant professionnel !»
Est-ce que vous jouiez déjà avant le confinement ?
« Je découvre un autre monde, je n’ai jamais vraiment pratiqué l’E-Sport. Je ne joue pas beaucoup car je n’ai pas trop le temps pour cela, avec le boulot à coté plus le sport automobile. Je suis aussi sur un ou deux projets de start-up donc si je rajoute en plus l’E-Sport, ce n’est pas possible ! Cependant, comme toute personne de ma génération, j’ai joué aux jeux vidéos, j’ai eu des consoles ou des « petits » simulateurs avec un volant, un siège et un pédalier, mais je n’ai jamais réellement fait de E-Sport à proprement parler. C’est pour cela que j’hallucine du niveau de professionnalisme qu’il y a, mais cela se justifie car l’événement va être, à mon avis, exceptionnel ! Je suis ravi en tout cas d’y participer. »
Quel sera l’état d’esprit chez IDEC Sport pour cette course virtuelle ?
« Nous avons essayé de rester dans notre esprit, c’est-à-dire de faire cela de façon conviviale et dans un esprit de famille. Ce sont un peu les valeurs prônées par Patrice Lafargue et c’est pour cela que nous souhaitons rester dans cette filière. Il fallait absolument que Richard (Bradley) et moi puissions y participer. Paul (Lafargue), de son coté, à cause de ses contraintes professionnelles, ne peut y prendre part. Il avait envie, mais c’était trop compliqué pour lui. Avec nous, nous aurons deux jeunes qui sont à la fois des pilotes E-Sport et de vrais pilotes. On s’est dit que c’était la bonne occasion de promouvoir nos jeunes pilotes. Comme d’habitude, avec IDEC, on se donne les moyens de bien faire les choses, sans oublier le coté humain. Nous faisons les choses bien, nous voulons bien figurer et si cela nous sourit alors tant mieux. Mais nous n’y allons pas en nous disant la gagne, la gagne ! Ce côté-là, on le garde pour les vraies 24 Heures du Mans en septembre. »
Comment vous préparez-vous ? Allez-vous jouer de chez vous ?
« Cela fait déjà presque deux semaines que je m’y prépare (rires). Je n’ai pas de matériel chez moi donc je ne peux pas me préparer de chez moi. J’ai la chance d’avoir Jean–Noël Le Gall qui était auparavant le directeur technique d’IDEC Sport et qui est à son compte maintenant. Il a monté sa société de simulateur. Il nous a proposé de nous mettre tout à disposition pour pouvoir nous entraîner en vue de la course, en jouant de chez lui. Je suis allé cette semaine à Boulogne pour m’entraîner une première fois. Ensuite, ce week-end, dimanche 7 juin, nous avons une course obligatoire à disputer donc je retournerai chez lui. Pour la course elle-même, comme nous serons en essai à Spa le 12 juin, il semblerait que Nicolas Minassian, Nicolas Brisseau, notre ingénieur (ils nous aideront sur la stratégie), Richard Bradley et moi-même allions tous chez Jean–Noël Le Gall pour disputer ces 24 Heures du Mans Virtuelles. Quant à nos deux gamers, Franco Colapinto et Josh Purwien, ils joueront de chez eux !»