Suite de notre entretien avec Paul-Loup Chatin (première partie ICI), le tout nouveau vainqueur des 24 Heures de Daytona en catégorie LMP2 avec Era Motorsport. Le champion ELMS 2019 a porté les couleurs IDEC Energy en Floride. La filiale d’IDEC n’a rien à voir avec une quelconque boisson énergétique, mais bien de gérer les consommations d’énergie des clients des parcs d’activités tertiaires et logistiques pour aller vers l’autoconsommation.
Paul-Loup Chatin est revenu pour Endurance-Info sur ses 24 Heures de Daytona, sur sa saison 2021 en Europe qui se profile à l’horizon et sur ses contacts avec Peugeot en Hypercar !
Comment s’est passée votre course à Daytona ?
« Elle s’est bien déroulée. On a bien géré du début jusqu’à la fin car on sait que, dans ces courses américaines, la stratégie est hyper importante. Il faut rester au contact des leaders, mais finalement être le leader tout au long de la course ne sert pas à grand-chose avec ce système de safety car qui peut permettre de récupérer un tour. C’est bien d’être en tête, mais on sait que tant que l’on reste à un tour du premier, on peut toujours revenir. Cela s’est vu cette année car nous avons eu un petit souci au tout début de course. Quand j’ai pris le 2e relais, nous étions dernier avec un tour de retard et quand je suis descendu de la voiture, j’étais premier car un Safety Car m’avais permis de revenir dans le tour. En plus, j’avais une voiture performante qui ma donné la possibilité de prendre la tête.
Je trouve cela assez sympa car cela met en avant les gentleman-drivers, une équipe n’est pas forcément pénalisée si elle a un gentleman moins bon ! Il fait les qualifs, le départ et le premier relais, cela le met en avant et c’est important car c’est grâce à eux que nous sommes là. Ensuite, avec ces procédures de Safety Car où on peut reprendre un tour, si on est bon en stratégie, on n’est pas pénalisé, on peut se battre jusqu’au bout et c’est ce que nous avons fait. C’est, en plus, un circuit pas évident physiquement car il tourne tout le temps à gauche. De plus, c’était le début de saison. Même si on s’entraine physiquement, il n’y a rien de mieux que d’être derrière le volant. Ce fut donc un bel effort physique, mais quand on se bat pour la victoire, on sent moins cette fatigue physique. »
Votre téléphone a-t-il beaucoup sonné depuis que vous avez remporté les 24 Heures de Daytona 2021 en LMP2 ?
« Oui, pas mal (rires), cela continue et j’avoue que ce n’est que du bonheur ! »
Parlons de l’Europe maintenant. Allons-nous vous voir en ELMS à nouveau cette année avec IDEC Sport ?
« Cela n’a pas encore été officiellement annoncé, mais on repart avec IDEC Sport en European Le Mans Series. Le but et l’envie sont de redresser la barre par rapport à 2020 qui a été compliqué après notre titre 2019. On ne peut pas toujours être vainqueur, cela fait parti du sport. Il y a eu une vraie remise en question au sein de la structure et un gros travail fait en interne pour comprendre nos performances moyennes de 2020. Nous voulons à nouveau nous battre aux avant-postes en 2021. C’est notre objectif sans oublier que nous visons aussi le meilleur résultat aux 24 Heures du Mans. Nous essayons de nous donner toutes les chances pour être les plus performants possible et réussir à avoir la performance et la réussite au Mans, cette dernière nous manquant depuis quelques années. Là, à Daytona, nous avons eu la performance et la réussite et, quand on veut gagner une grande course, il faut les deux ! J’espère que cette année, ce sera un peu de notre côté et que nous pourrons vraiment nous battre, si ce n’est pour la victoire, mais au moins pour le podium. »
Des essais sont-ils prévus avec l’Oreca 07 d’IDEC Sport avant le début de la saison ?
« Oui des essais Goodyear car nous changeons de manufacturier (unique pour toutes les LMP2, ndlr) cette année en ELMS. Nous allons nous rendre à Barcelone vers le 8 ou 9 mars, je crois. Je pense que nous ferons deux jours d’essais. Je me retrouverai à nouveau derrière le volant de la LMP2 d’IDEC Sport et j’ai hâte car j’ai eu la chance de commencer cette année la saison bien plus tôt et avec une course de 24 heures. A mon avis, je serai bien plus affuté dès le début que ce que je pouvais l’être les années précédentes. »
Des rumeurs ont fait écho que vous aviez été en contact avec Peugeot pour rouler en Le Mans Hypercar. Est-ce vrai ?
« C’est vrai, j’ai eu des contacts, mais je ne suis pas maitre de la décision. Je pense que la saison 2020 n’est pas tombée au bon moment pour moi. 2018 et 2019 étaient beaucoup plus à mon avantage. Avec un choix fait plus tard, avec cette victoire à Daytona, cela aurait peut être pu faire basculer les choses. Je leur souhaite le meilleur sincèrement et, de mon côté, je vais tout faire pour montrer que je mérite d’avoir ma chance ! On rentre dans une ère où il y a de belles perspectives qui s’ouvrent en Endurance avec ces constructeurs qui arrivent. J’espère faire briller IDEC Sport le plus possible et peut être un jour avoir la chance de passer à un niveau supérieur…»
Le fait d’arriver en IMSA comme cela pour la première fois, de gagner immédiatement, en plus Daytona, pourrait vous ouvrir des portes dans ce championnat et peut être un constructeur américain intéressé par le LMDh…
«C’est énorme pour moi d’avoir eu la chance de pouvoir faire ma première course en IMSA et qu’elle se passe si bien. Certes, on gagne, et c’est le principal, mais si on analyse un peu plus en profondeur l’épreuve, je pense avoir fait du bon travail avec une voiture qui m’a permis de montrer ce que je savais faire. C’est vrai que ce sont deux facteurs qui peuvent jouer en ma faveur, m’aider à ouvrir des portes et avoir des discussions aux USA. Cela fait clairement parti des pistes que je vais essayer de suivre. Il y a peut être de belles opportunités, plus facilement aux Etats-Unis qu’en Europe. Oui, je vais regarder plus sérieusement ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique.»