Redisons-le, Henri Pescarolo, quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans, n’est plus du tout impliqué dans la structure depuis la cession de ses activités, seul le nom de société subsistant.
Jocelyn Pedrono, Président de Pescarolo Sport, et Jean-Bernard Bouvet, 9 participations aux 24 Heures du Mans, Champion 2016 GT en VdeV Endurance Series, Directeur Sportif, ont reçu Endurance-Info pour parler du programme sportif 2018.
Le programme de Pescarolo Sport s’articule autour de deux axes : le coaching et le programme sportif proprement dit.
Jocelyn, évoquons d’abord l’aspect coaching…
Jocelyn Pedrono : « On a mis sur pied une offre coaching accessible à deux types de clients.
Tout d’abord, une formation dédiée aux licenciés, FFSA ou FIA, qui souhaitent développer leurs compétences. Ce programme de formation est encadré et développé par Jean-Bernard Bouvet. Jean-Bernard est titulaire du DEJEPS, spécialité sport automobile, mention circuit, diplôme d’état qui permet à son titulaire d’exercer.
Ce programme de formation, appelé « Ready to Race », a pour vocation d’améliorer les compétences des pilotes en leur permettant de se familiariser avec le pilotage d’un sport-proto, car on s’aperçoit que le pilotage d’une CN est plus proche du pilotage d’une monoplace que de celui d’un prototype « type Le Mans ». Pour ce faire, on met à disposition des clients une Pescarolo 02 EVO.
La 02 EVO est une double évolution. La première est une évolution aérodynamique, avec un nouveau kit, notamment l’aileron de requin et une nouvelle lame avant. La deuxième est une évolution moteur, puisqu’on passe à une puissance de 450 chevaux. A titre de comparaison, le moteur de la Pescarolo 02 utilisée par Le Mans Driver développe 360 chevaux (en full power), soit un surcroît de puissance de 90 chevaux pour la 02 EVO qui pèse 880 kg, de quoi lui conférer un rapport poids/puissance appréciable. »
Jean-Bernard Bouvet : “Il s’agit d’une formation « Duo », qui permet de gérer les temps d’arrêt, alors que la voiture reprend la piste pendant que le premier pilote passe au débriefing. Cela supprime les temps morts. Le plus de cette formation, c’est la présence d’un ingénieur technique, avec télémétrie et acquisition de données : une vraie valeur ajoutée.”
Jocelyn Pedrono : « Le deuxième volet de la formation s’adresse aux non-licenciés, à des clients qui ont déjà suivi des stages de pilotage sur GT ou Proto. »
Jean-Bernard Bouvet : « De nombreux pilotes font des stages tout au long de l’année. Nous proposons à ces pilotes « loisir » qui ne font pas de course automobile, mais qui ont envie de se faire plaisir de passer à un niveau supérieur, avec de la lecture d’acquisition et une voiture plus puissante. »
Abordons maintenant le programme sportif…
Jocelyn Pedrono : « Pescarolo Sport va se renforcer. On peut d’ores et déjà l’annoncer – nous donnerons des précisions ultérieurement- , nous allons créer une nouvelle entité dès le mois de janvier qui va être recapitalisée de manière importante afin d’aller vers nos différents projets sportifs, le VdeV et d’autres championnats… »
Jean-Bernard Bouvet : « On va inscrire une Pescarolo 02 EVO en VdeV Endurance Series, avec pour objectif de participer aux essais d’avant-saison début mars à Magny-Cours puis d’effectuer une première course mi-saison. Le contact a été établi avec Eric Van de Vyver. La voiture passera de 880 kg à 900 kg pour se mettre au même poids que les LMP3. Nous avons calé avec l’organisateur le diamètre des brides d’admission d’air pour aboutir à une balance de performance équivalent à ces dernières. »
Jocelyn Pedrono : « La participation de la 02 EVO en VdeV va nous permettre de valider nos choix techniques pour la Pescarolo 04-LM. Hormis le gros kit aéro et le fait que la 02 EVO soit ouverte, l’identité des deux voitures est similaire : il y a le traction control, la direction assistée, et la puissance supplémentaire. Le VdeV est un beau championnat, qui va nous permettre de développer notre châssis. »
Quels pilotes pour la Pescarolo 02 EVO ?
Jocelyn Pedrono : « On a des noms en tête, on cherche de préférence de jeunes pilotes, qui vont vite, que Jean-Bernard a repérés. La voiture est « facile », ce qui est un de ses gros avantages, elle doit permettre à un jeune pilote de se développer, sans se mettre dans le rouge. »
Et la Pescarolo 04-LM, une participation également aux VdeV Endurance Series ?
Jocelyn Pedrono : « Oui, tout à fait mais je préfère prendre du temps pour la développer, décaler s’il le faut de six mois et « louper » la saison. Elle sera sur le circuit quand elle sera aboutie. C’est un choix stratégique et personnel qui nous correspond, à moi et à JB. Le risque, ce serait de la mettre trop rapidement sur piste et qu’elle ne soit pas à la hauteur de nos espérances. Je préfère que la Pescarolo 04 arrive en fin de saison. »
Ce serait donc plutôt après l’été…
Jean-Bernard Bouvet : « Oui, il restera trois courses : Navarra, Le Mans Bugatti et Estoril. Navarra, c’est un nouveau circuit pour le VdeV. J’y ai déjà roulé, c’est un circuit sympa avec du rapide et du lent. »
Jocelyn Pedrono : « Plusieurs clients potentiels se sont manifestés pour faire l’acquisition d’une Pescarolo 04-LM. Ce sont des contacts, on ne va pas faire d’effets d’annonce, mais l’intérêt existe pour cette Pescarolo 04-LM que nous proposons au prix de 158 000€ HT, châssis et moteur compris. En tarif pièces, on doit être à 25% en moyenne moins cher que nos concurrents. Il ne faut pas tenir compte seulement du prix d’achat, mais aussi de l’entretien en course. »
Combien de Pescarolo 04-LM pourriez-vous construire ?
Jocelyn Pedrono : « Aujourd’hui, nous sommes sur une capacité de produire cinq voitures par an. »
Une supposition, Jocelyn… Le marché des LMP3 pourrait s’élargir à de nouveaux constructeurs. Êtes-vous partant ?
Jocelyn Pedrono : « Bien entendu. Aujourd’hui, il ne reste sur le marché du LMP3 que trois constructeurs : Ligier, Norma et ADESS. Riley et Dome ont arrêté, Ginetta ne développe plus sa P3. Aussi, nous sommes toujours sur les rangs pour proposer notre savoir-faire pour le LMP3. Pas plus tard que ce matin (ndlr, mardi 26 décembre), j’ai envoyé un courrier dans ce sens à l’ACO. J’espère que notre candidature sera retenue. Notre châssis est techniquement éligible. Donc, on espère, on est prêt. Le châssis a passé le crash test, pas de soucis de ce côté là. »