Phil Hanson est un jeune homme (21 ans) heureux puisqu’il vient coup sur coup d’empocher le titre WEC en LMP2 et surtout de remporter les 24 Heures du Mans avec United Autosports. Le Britannique ne se relâche pourtant pas car il lui reste encore un objectif en cette fin d’année…
Vous êtes désormais vainqueur des 24 Heures du Mans 2020 en LMP2. Comment vous sentez-vous un peu plus de deux semaines plus tard ?
« Pour être honnête, nous sommes toujours impliqués dans la saison 2020 de l’ELMS, mon esprit est déjà tourné vers ce championnat et la prochaine manche qui aura lieu à Monza ce week-end. Cependant, gagner le litre en WEC et remporter les 24 Heures du Mans sont deux grands accomplissements dans ma carrière surtout en le faisant la même année ! De plus, nous sommes en mesure de pouvoir gagner un autre championnat ! Je pense que j’aurai un peu plus de temps pour penser à tout cela quand l’ELMS sera fini , je prendrai alors toute la mesure de ce que nous venons d’accomplir. »
Rassurez-nous ! Vous avez quand même eu le temps de fêter votre victoire au Mans ?
« J’ai pris quelques jours pour moi, pour me reposer, pour récupérer car ce fut une course tellement fatigante. Cette victoire fut un moment incroyable et j’ai réussi à fêter cela avec ma famille et quelques amis quand je suis rentré en Angleterre. Mais tout cela est compliqué à cause du Covid-19, c’est dommage de ne pas pouvoir fêter cela convenablement. »
Pendant la course, vous avez connu une frayeur à quelques minutes de l’arrivée avec l’ORECA 07 #38 de Jota à cinq secondes derrière vous. Comment étiez-vous à ce moment là dans la voiture ?
« Je me sentais bien, j’avoue même si c’était difficile car nous ne savions pas trop où en était la Jota. Nous pensions qu’avec le safety car ils avaient assez d’essence pour aller jusqu’au bout de la course. Nous savions que cela pourrait être un problème pour nous et que cela allait être dur car la #38 était en train de nous rattraper. Nous nous demandions si nous devions nous arrêter ou pas. J’ai donc poussé très fort pendant deux tours et heureusement, cela nous a permis d’avoir une marge suffisante. Je me suis arrêté pour faire mon dernier ravitaillement éclair et, finalement, ils ont dû eux aussi passer par les stands. »
Comme vous l’avez précisé, place maintenant à l’ELMS, championnat que vous menez à l’heure actuelle…
« C’est un championnat qui est difficile à remporter. Il reste deux courses à disputer (Monza et Portimão) et nous avons une bonne avance pour le moment (29 points sur l’autre voiture de United Autosports, ndlr). Cependant, on sait très bien que nous pouvons perdre tout cela facilement. C’est vrai que nous avons eu pas mal de succès récemment avec le WEC et Le Mans, mais je ne veux pas ‘rater’ l’ELMS, ni faire la moindre faute à Monza car nous sommes si proches de l’emporter. C’est un titre qui me tient vraiment à cœur car j’ai commencé par ce championnat (deux courses avec Tockwith Motorsports en LMP3, ndlr) et c’est ma troisième saison dans cette série avec United Autosports. Cela représente tellement d’efforts pour moi depuis 2018, donc le gagner aurait une saveur particulière. Tout est réuni cette année, nous avons déjà gagné deux épreuves, nous avons une super voiture et un bon duo avec Filipe (Albuquerque). L’équipe fait du super boulot, je ne veux pas les décevoir ni les laisser tomber. Nous devrons nous méfier de la concurrence car certaines équipes, déçues de leurs 24 Heures du Mans, auront faim de victoire. Cela commence par la voiture sœur chez United Autosports qui a eu un souci mécanique lors des 24 Heures du Mans. L’équipage était très solide au Mans, ils le seront donc aussi pour les deux dernières manches ELMS. »
Comment expliquez vous la domination de United Autosports en WEC et en ELMS ?
« C’est assez difficile car c’est rare d’avoir une équipe qui domine. Si vous regardez d’un petit peu plus près nos résultats et nos courses, vous verrez que nous ne dominons pas si clairement. C’est vrai que de l’extérieur, on semble dominer car United Autosports a remporté les six dernières courses disputées cette année, mais quand on analyse les manches une par une, on se rend compte que nous avons toujours été en lutte avec d’autres équipes, avec trois à cinq voitures. Mais des soucis mécaniques et des erreurs de certains pilotes sont intervenus et ont fait la différence. United Autosports donne aux pilotes une plateforme qui nous permet de gagner potentiellement toutes les courses. Je pense que l’écurie maîtrise et a sécurisé tous les secteurs qui permettent d’être toujours au top et d’être en mesure de gagner. Ce n’est pas qu’une question de pilotes qui ne font pas d’erreurs ou d’une voiture qui va vite, il y a aussi des arrêts au stand, des ingénieurs et faire en sorte que nous soyons toujours rapides pour nous concentrer sur la stratégie et la performance en course. Nous optimisons notre temps car le temps de roulage en essais libres est limité, encore plus avec cette histoire de Covid. United Autosports fait le meilleur travail possible en s’assurant que chaque secteur soit aussi maitrisé que possible. »
Vous êtes l’un des plus rapides en LMP2, vous avez beaucoup progressé. A quel point Filipe Albuquerque avec qui vous faites équipe depuis trois ans a-t-il été important ?
« Dès le début de notre relation, il a été important pour moi, il m’a servi de référence. Il m’a d’abord permis d’élever mon niveau de pilotage et quand ce fut fait, que mon rythme a été assez bon, que j’avais moins besoin de conseils, il m’a alors montré la façon dont je devais me comporter et agir dans l’environnement de l’équipe. C’est vraiment le plus gros du travail que j’ai mis en place ces dernières années et il m’a montré cela, je me suis inspiré de lui. »
Vous êtes rapide, vous venez de remporter le titre WEC et les 24 Heures du Mans. Que répondez-vous aux gens qui disent que vous êtes un faux Silver ? Avez-vous peur de devenir pilote Gold ?
« Cela a été une longue et particulière année. Il est vrai que j’ai entendu des gens disant que je n’étais pas un Silver, mais plus un Gold. Et je pense qu’ils ont en partie raison du fait que je suis probablement Gold et que je devrais être classé ainsi. Cependant, en début d’année, quand la classification des pilotes a été faite, ils n’avaient pas assez de données et d’informations surtout depuis que nous avons changé de châssis, passant de la Ligier à l’ORECA. Les performances ont changé, celles de l’équipe également. Il n’était pas facile de voir ma vraie performance à ce moment là car ils ne disposaient que de deux courses avec cette auto pour me juger. Donc je pense qu’à ce moment-là, je naviguais entre Silver et Gold. Ce fut la bonne décision car cela m’a permis de continuer de grandir en tant que Silver, de gagner Le Mans et un championnat,. Je sais que cela influencera ma future saison, je ne serai donc pas surpris si, à la fin de l’année 2020, je passe Gold. Je ne suis pas inquiet, je pense que cela ne changera pas grand-chose pour moi pour être honnête. Ma forme sera exactement la même, je vais juste changer « d’étiquette ».
De quoi sera faite votre future et la saison 2021 en particulier ?
« Je ne sais pas actuellement. Je sais qu’il va y avoir des changements de règlementation, il y aura l’arrivée de l’Hypercar et du LMDh. Il y a des rumeurs à propos de certaines équipes qui arriveraient, des constructeurs qui s’engageraient. Je suis donc un peu dans l’inconnu et je pense que c’est le cas de pas mal de pilotes. En plus, la situation liée au Covid-19 n’aide pas. D’habitude, en septembre, vous commencez déjà à réfléchir à ce que vous allez faire l’année suivante, mais avec tout ce qui s’est passé, tout est décalé. Il reste encore plusieurs courses à disputer, deux en ELMS et une en WEC en novembre. Nous commençons juste à discuter avec l’équipe, je voudrais rester, mais je ne sais pas encore ce qu’ils vont faire… »