En 2011, le Championnat du Monde GT1 battait son plein même s’il vivait là sa dernière année. En malin qu’il est, Stéphane Ratel avait flairé qu’il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier, d’où la Blancpain Endurance Series. 2011 marquait aussi les débuts de la classique belge comme terrain de jeu des GT3. Une bande d’irrésistibles gaulois décidait de mixer GT1 et GT3 la même année. Le commando Hexis Racing emmené par Philippe Dumas alternait donc Aston Martin DBR9 et DBRS9. Deux catégories, deux philosophies différentes.
Pour ses débuts aux 24 Heures de Spa, Fred Mako, Stef Dusseldorp et Henri Moser ont joué le podium jusqu’à quelques heures de l’arrivée avant de terminer finalement 15e. La très belle 8e place de Julien Rodrigues, Pierre-Brice Mena et Yann Clairay est à signaler. Hexis Racing et Philippe Dumas ont parfaitement réussi leur entrée en Endurance. Cette course a même servi de déclic au team principal Hexis Racing qui sera cette année à Spa en observateur avisé chez AF Corse.
2011 marque vos débuts en Endurance ?
“Les miens comme ceux de l’équipe. Hexis Racing s’est lancé en Blancpain Endurance Series par amitié et dévouement envers Stéphane Ratel avec nos vieilles Aston Martin. C’était le championnat parfait pour une dernière année avec nos anciennes DBRS9 qui ont débuté en 2007. Stéphane s’était chargé de ne pas mettre la moindre date commune avec le World GT1.”
Les premières courses à Monza et Navarra s’étaient bien déroulées ?
“Ces deux courses, longues de trois heures, étaient considérées comme de la semi-endurance. Déjà, ça nous avait paru très long et un peu chiant (rire). Nos résultats étaient honorables avec une 11e place pour la voiture de pointe suivie d’une 6e. Ensuite, on se doutait que Spa allait être une aventure humaine différente. Les autos étaient parfaitement préparées avec tous les moyens mis en oeuvre pour que ça fonctionne. Nos équipages étaient sympas sur le plan humain et sportif.”
L’équipe technique à Spa était la même ?
“On y est allé avec notre petite équipe de 12 personnes pour deux autos. C’était assez surréaliste, mais on était tellement efficace malgré la dureté de l’épreuve. Chaque personne doublait son rôle. J’étais à la stratégie, à la radio, au nettoyage des jantes. J’ai dû boire dix canettes Hexis Energy durant la course. On était tous de vraies piles électriques.”
L’Aston Martin DBRS9 était tout de même un peu dépassée, non ?
“Elle était compliquée à piloter et usait pas mal les pneus. On changeait les gommes à chaque relais. Il y avait une vraie fatigue physique pour tout le monde. Cette course nous a sauté à la tronche. Julien (Rodrigues) a perdu environ un tour en début de course dans un bac. La suite s’est déroulée sans problème avec une belle 8e place. L’autre voiture s’est battue jusque dans les dernières heures pour une place sur le podium. Stef a connu une petite touchette qui a endommagé la direction assistée. On a rentré l’auto quelques minutes et le podium s’est envolé. A partir de ce moment-là, je me dis qu’avec ce qu’on a vécu en sprint, les courses d’endurance allaient me plaire. Je savais que j’allais faire de l’endurance à un moment ou à un autre dans ma carrière. Le déclic a été le passage à la McLaren puis l’arrêt d’Hexis et mon arrivée chez Ligier. je savais que ces 24 Heures de Spa 2011 n’avaient pas été faites pour rien. C’était pour moi le déclic. Les 24 Heures de Spa m’ont donné le goût de l’Endurance.”
Le côté humain des courses longues vous a séduit ?
“Les courses de 3, 4 et 6 heures sont dans le ventre mou de l’endurance. Sur 12 et 24 heures, cet aspect humain rentre en jeu. Si tu n’a pas un équipage soudé, ça ne peut pas marcher. L’aventure ne pouvait pas être plus belle avec notre petite équipe de mercenaires.”
Diriger à nouveau une équipe à Spa vous plairait ?
“Les Total 24 Heures de Spa restent une très belle course, cela ne fait aucun doute. Personnellement, je n’ai jamais été fan de l’endroit même si le circuit et le cadre sont fantastiques. je n’y ai pas encore trouvé une atmosphère qui me donnait des frissons mais je pense que les 24 Heures pourraient me donner des frissons. Me retrouver à la tête d’une équipe me plairait. Je suis définitivement tombé amoureux de l’endurance et c’est là que je vois la suite de ma carrière. Je veux me battre pour chaque course d’endurance au général. Cette épreuve est incroyablement relevée sur le plan du pilotage.
En tant que pilote, c’est la plus difficile au monde à gagner. Il suffit de voir les noms des pilotes au départ. Malheureusement, il y a moins de place laissée à l’ingéniosité et à la stratégie par rapport aux Etats-Unis.”
Vous serez présent cette année à Spa ?
“J’y remets un pied avec mon rôle chez AF Corse. J’ai glissé l’idée d’une Ferrari Pro à Amato (Ferrari). Notre relation se passe à merveille et, comme il écoute, la finalité fait que la Ferrari est au départ. La victoire en GTE-Pro aux 24 Heures du Mans a toutefois bien aidé à la réalisation du projet. Amato a mûri le projet avec Ferrari et Antonello Coletta. C’est la première fois qu’on voit une Ferrari officielle avec AF Corse. Le projet s’est finalisé assez tard et on sait que ce sera difficile de se mettre rapidement dans l’arène. Il faut accepter le challenge.”