Philippe Sinault (Signatech-Alpine) : “J’ai une burette d’huile et je graisse les engrenages”

#50 RICHARD MILLE RACING TEAM (FRA) ORECA 07 GIBSON LMP2 TATIANA CALDERON (COL) ANDRE NEGRAO (BRA) BEITSKE VISSER (NDL)

Le Castellet 240 marque la dernière répétition avant les 24 Heures du Mans pour les concurrents de l’European Le Mans Series. L’équipe Signatech de Philippe Sinault est sur place dans le Var pour suivre l’engagement de l’ORECA 07 de Richard Mille Racing. Du côté de Bourges, il faut aussi reconstruire un châssis après la sortie de piste de Spa-Francorchamps en WEC. Signatech sera bien aux 24 Heures du Mans avec ses deux LMP2, chacune avec un objectif : une troisième victoire pour l’Alpine, le damier pour la 07 des féminines. Philippe Sinault fait le point à quelques semaines de la classique mancelle.

Vous avez beaucoup de travail depuis Spa-Francorchamps ?

“Oui, mais ça va le faire. Nous avons déjà reconstruit une auto pour Richard Mille Racing au Paul Ricard. Nous sommes bien organisés et nous avons un partenaire ORECA qui sait être réactif. Le problème est que cela nous met dans une situation tendue niveau timing car cela demande beaucoup, beaucoup d’efforts à l’équipe, mais nous serons au Mans comme si rien ne s’était passé.”

Il vous faut combien de temps pour reconstruire une auto ?

“Au Paul Ricard, nous l’avons fait en 24 heures. Là, on va prendre 15 jours car on va tout passer au peigne fin pour Le Mans. On peut faire les choses très vite, mais la LMP2 du Paul Ricard a été entièrement reconstruite après le meeting afin d’être préparée pour les courses suivantes. Une grosse partie du travail pour Le Mans a déjà été faite sur le châssis Richard Mille Racing. Les sous-ensembles sont préparés.”

Katherine Legge sera opérationnelle pour Le Mans ?

“On le saura dans quelques jours. Katherine travaille comme une folle aux Etats-Unis. Elle doit revenir en France pour des examens et une décision sera prise dans la foulée pour savoir si elle est apte ou pas.”

Ce sera de toute façon un équipage féminin ?

“Nous avons pris l’option du 100% féminin, d’où la présence de Beitske (Visser) au Paul Ricard. Elle a très bien roulé malgré son manque d’expérience. André (Negrão) a fait un travail fantastique. Je savais qu’il était bourré de qualités, mais là il m’a encore surpris en encadrant parfaitement les filles. J’ai validé quatre pilotes féminines pour les 24 Heures du Mans.”

Avant le début de saison, vous étiez ravi de ce programme. C’est toujours le cas ?

“C’est passionnant ! Cela demande beaucoup de formation et c’est une chance d’avoir quatre nouveaux pilotes à former. C’est quelque chose de très intéressant. Je ne me pose même pas la question de savoir si je suis face à des garçons ou des filles. On arrive même à oublier très vite que ce sont des féminines. On parle, on échange avec des pilotes.”

Comment jugez-vous le niveau de l’European Le Mans Series ?

“On ne peut que constater qu’il est très relevé, qu’il y a nettement plus de LMP2 pour la gagne que quand nous étions là. Je tiens tout de même à préciser que contrairement à ce qui a pu être dit, le niveau en WEC est incroyablement relevé. Certes, il y a moins d’autos, mais ça roule très fort.”

Aux 24 Heures du Mans, les objectifs des deux autos seront différents ?

“Pour l’équipage Richard Mille Racing, l’objectif est de terminer la course. Les filles roulent très bien avec une parfaite gestion du trafic, ce qui fait que nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise. Avec l’Alpine, il faut clairement faire la passe de trois. On sait qu’au Mans, l’équipe est assez forte.”

Avant les 6 Heures de Spa-Francorchamps, le dernier abandon d’une Alpine engagée sous l’entité Signatech-Alpine remontait aux 24 Heures du Mans 2015. Il y a une recette Signatech ?

“Quand on est champion la première année, c’est parce qu’on termine toutes les courses. La patte Signatech reste les hommes et l’approche de ces hommes. Il y a la préparation et le temps infini à préparer l’auto. Notre chef d’atelier a 20 ans dans l’équipe et le chef de voiture 22 ans. Tous ont plus de dix ans d’ancienneté et c’est en partie ce qui fait la différence. Pour ma part, j’ai une burette d’huile et je graisse les engrenages (rires). Je mets juste les gouttes d’huile. Même avec l’habitude, on améliore toujours la préparation sur une course comme Le Mans. C’est schizophrénique car nous sommes tous des paranos. Je pense que ça doit être cliniquement intéressant à étudier. C’est comme quand tu fermes la porte de ton domicile, que tu montes dans ta voiture et que tu te demandes si tu as bien fermé la porte à clé. Tu retournes vérifier. Chez Signatech, c’est multiplié x fois car toute l’équipe est comme cela.”