Alors que l’équipe Signatech-Alpine a repris le travail à plein temps il y a une semaine, c’est une compétition particulière qui attend les troupes de Philippe Sinault. L’écurie berrichonne ne sera pas présente physiquement au Mans mais elle sera tout de même dans l’environnement des 24 Heures pour une course virtuelle. Thomas Laurent, André Negrao et Pierre Ragues vont troquer leur Alpine A470 pour le simulateur avec Nicolas Longuet en gamer averti. Signatech soutiendra aussi l’équipage féminin du Richard Mille Racing. Philippe Sinault, patron de Signatech-Alpine, a été le premier à mettre un gamer dans une LMP2 aux 24 Heures du Mans avec Lucas Ordonez en 2011 puis Jordan Tresson en 2012, tout ça avec la GT Academy. Un challenge un peu fou…
Ces 24 Heures du Mans Virtuelles demandent beaucoup de travail ?
“L’équipe est sur le dossier à fond depuis une bonne semaine et cela demande beaucoup de travail. On a touché du doigt le sujet en 2011 et 2012 avec la GT Academy. C’est devenu maintenant un exercice pour les experts. Il nous faut appréhender tous les outils, mettre en place tous les processus. Nous aurons des pilotes qui vont jouer de différents endroits dans le monde : France, Brésil, Australie, Allemagne, Espagne. C’est le grand écart au niveau des fuseaux horaires.”
Signatech se devait de participer ?
“On se doit d’être là. Même pour un concours de ping-pong, je répondrais présent. Quand on me met un défi, je suis toujours là. Nous avons mis en place une hotline la semaine dernière à Bourges. Il y a avait 12 personnes pour discuter du dossier, sans compter Thomas et Pierre. Nous sommes en mode découverte. Tu ne peux pas arriver sur cette course la fleur au fusil. Il faut prendre toutes les informations, avoir le bon matériel. Nous nous appuyons sur Renault Vitality. On sera prêt.”
C’est plus compliqué que de préparer une LMP2 pour la course ?
“(Rires). Disons que c’est différent. Ce n’est pas simple de faire rouler des pilotes qui sont aux quatre coins du monde. Il y a toujours le stress de la connexion. Depuis le Brésil, André a déjà eu du mal à se connecter. Nos pilotes continuent d’apprendre car cela demande beaucoup de pratique. Il y a des réflexes à avoir avec le clavier pour les différentes procédures. Avant chaque course réelle, on fait du simulateur pour dégrossir le circuit. Là, les outils sont élaborés et spécifiques au gaming. Par exemple, la position du rétroviseur sur l’écran peut interférer sur le reflet de la piste.”
Les réglages ‘réel/virtuel’ sont différents ?
“On s’est vite rendu compte que les lois n’étaient pas les mêmes. On balaye des choses improbables. Les ingénieurs se cassent la tête et ils sont à bloc. Pour coller à la réalité, on a souhaité prendre nos vrais pilotes. C’est l’esprit de cette course et les trois sont motivés. L’histoire est dupliquée avec les filles.”
Vous êtes la première personne du paddock à avoir cru qu’un gamer pouvait disputer les 24H du Mans. Il fallait être un peu fou, non ?
“J’y ai cru de suite car beaucoup de qualités entre un pilote et un gamer sont communes. A cette époque, Signature était fortement impliqué en Formule 3 avec des jeunes pilotes. On avait l’encadrement pour la formation et je n’étais pas inquiet. J’ai proposé le concept à Nissan qui lançait la Leaf. La seule justification était de trouver un programme marketing. C’est comme cela que Nissan est revenu à la compétition après 17 ans d’absence.”
Quand vous dites que nous n’avez jamais été inquiet, vous n’êtes pas sérieux ?
“Je suis très sérieux. La loi du nombre de candidats fait qu’on allait forcément en trouver un bon. J’ai de suite vu que Lucas avait le potentiel. Tout s’est vraiment bien passé. Bon, il est vrai que j’étais un peu stressé lors du premier roulage à Magny-Cours (rires). Ce stress a vite disparu. La première course était les 12H de Sebring, ce qui n’est pas rien pour un pilote. On termine ensuite 2e au Mans et on gagne l’ILMC.”
On vous sent motivé pour ces 24 Heures du Mans Virtuelles ?
“C’est passionnant et je salue l’initiative. Je prends cela comme un nouveau sport. C’est assez perturbant car je n’ai toujours pas rencontré deux de mes pilotes (Nicolas Longuet, Emily Jones, ndlr). Moi qui aime ce métier pour les relations humaines, c’est assez troublant. On prend ces 24H du Mans Virtuelles pour une vraie course avec l’envie de bien faire. En 2011, il y avait 1 gamer sur 180 pilotes. En 9 ans, on passe de 1 à 85…”