En quittant le réceptif de Saintéloc Racing samedi soir vers 21 heures, la confiance était de mise dans le camp stéphanois quant au potentiel de l’Audi R8 LMS GT3 #26 de Pierre-Yves Pâque, Pierre-Alexandre Jean et Edouard Cauhaupé. « A la régulière, un podium en Pro-Am est envisageable », nous lâchait Fred Thalamy, directeur sportif de l’équipe, sûr de lui. On ne demandait qu’à le croire, mais quand on connaît le niveau de compétitivité de la Blancpain GT Series Endurance Cup, ce podium était plus facile à dire qu’à faire avec deux rookies GT3 dans l’auto. Moins de 20 heures plus tard, Pierre-Yves Pâque, Pierre-Alexandre Jean et Edouard Cauhaupé sont montés la plus haute marche du podium de la classe Pro-Am. Plutôt pas mal pour un équipage bouclé seulement quelques jours avant le début du meeting.
Des trois, Pierre-Yves Pâque était le plus expérimenté au volant de l’Audi R8 LMS GT3 en arrivant en Espagne. Le gentleman driver, classé Bronze par la FIA, est un habitué de l’écurie de Sébastien Chétail. « J’avais plusieurs options pour mettre deux pilotes avec Pierre-Yves », déclarait le patron d’équipe vendredi soir dans le paddock de Barcelone. « J’ai tenu à faire confiance à la jeunesse car elle est là, la relève en GT. Les deux ne demandent qu’à écouter et il aurait été dommage de s’en priver pour cette finale. »
Deux semaines avant de jouer le titre FFSA GT au Paul Ricard sur une Alpine A110 GT4/CMR en compagnie de Stéphane Lémeret, Pierre-Alexandre Jean découvrait l’Audi R8 LMS GT3 et Saintéloc Racing, l’équipe contre laquelle il va se battre au Paul Ricard dans quelques jours. Pour lui qui dispute sa deuxième année de GT4, cette expérience était bonne à prendre vu qu’elle avait aussi pour but de préparer 2020 avec l’envie de passer à l’échelon supérieur. Le talent et la pointe de vitesse ne lui font pas défaut, c’est une certitude. Mais avant de penser à 2020, il fallait encore réussir son entrée dans le grand bain du GT3 européen parmi 47 furieux. Mission accomplie sans la moindre fausse note avec des chronos qui n’ont cessé de s’améliorer au fil du meeting.
En discutant avec le jeune pilote à Magny-Cours, l’objectif était clairement de se focaliser sur la fin de saison GT4. « Je ne veux pas trop me disperser », nous expliquait Pierre-Alexandre Jean dans la Nièvre. « J’ai envie de rouler en GT3, mais chaque chose en son temps. » Deux semaines plus tard, l’ancien champion de ski, âgé de 18 ans, montait sur la plus haute marche du podium de la classe Pro-Am de la finale Blancpain GT Series Endurance.
Pour Edouard Cauhaupé, le deal s’est finalisé encore plus tard puisque l’annonce a eu lieu jeudi en fin de journée, soit après une journée d’essais des concurrents Blancpain où le jeune pilote de 17 ans n’était pas présent. Contrairement à son jeune coéquipier, le Toulousain ne compte que cinq meetings au volant d’une GT, sur une Mercedes-AMG GT4/CD Sport avec, à ses côtés, Arthur Rougier. Pour la petite histoire, Edouard devait rouler ce week-end en conduite accompagnée au volant de la Citroën 2CV de son grand-père pour un mariage. Vous auriez fait quoi à sa place ? La 2 CV ou l’Audi R8 LMS GT3 ? Pour Edouard, la décision a été facile à prendre. D’un plateau de 40 GT4 le reste de l’année, c’est tout de même 47 GT3 d’un plateau de pilotes professionnels qui l’attendait ce dimanche.
Après des essais rondement menés, Edouard Cauhaupé a été chargé du deuxième relais en course. Pas de bol pour lui, il a dû prendre la piste lorsque les leaders arrivaient sur lui. Voir Stolz, Caldarelli, Dumas, Marciello et Vanthoor fondre sur lui avait de quoi l’impressionner, mais le protégé d’Olivier Pla a parfaitement maîtrisé la situation.
Pour être tout à fait honnête, on a passé pas mal de temps chez Saintéloc Racing durant le week-end, et pas seulement pour y manger de très bons cakes aux fruits. On a voulu voir comment allaient progresser les deux jeunes pousses. On peut vous confirmer que les débriefings ont été longs tout le week-end. Simon Gachet et Christopher Haase, on a l’habitude de les voir le reste de la saison. Pour Dorian Boccolacci, qu’on a vu debrifer très longuement à Budapest avec Stéphane Ortelli, comme pour Pierre-Alexandre Jean et Edouard Cauhaupé, le travail est la clé du succès avec leurs aînés et les ingénieurs de l’équipe. Une chose est sûre, les trois avaient un sourire qui en disait long en descendant du camion Saintéloc Racing après chaque debriefing. On doit pouvoir vous confirmer sans se tromper qu’aussi bien Pierre-Alexandre Jean que Edouard Cauhaupé, les deux préfèrent tout de même les courbes d’une voiture de course à celles d’un cours de mathématiques.
Pour Pierre-Alexandre Jean, le baccalauréat est déjà dans la poche, ce qui n’est pas encore le cas d’Edouard Cauhaupé. Si le Toulousain devait rempiler en FFSA GT en 2020, il a déjà vu qu’il y aurait sans aucun doute un clash de date, pas avec une autre course mais bien avec le bac ! Et là, pas question d’expliquer le freinage dégressif sur la copie.
Pierre-Alexandre Jean, on savait déjà de quoi il était capable et il l’a encore prouvé à Barcelone. Avec Edouard Cauhaupé, on a retrouvé la même fraîcheur qu’avec un Thomas Laurent à Magny-Cours en 2015 lors de son premier test en LMP3. Humilité, gentillesse, décontraction apparente, bonne éducation. Thomas Laurent nous avait épaté par ces cinq traits de caractère. On retrouve la même chose chez Edouard Cauhaupé. Le premier avait 17 ans, le second en avait encore 16 à Nogaro en début de saison.
La catégorie GT4 sert plus que jamais de filière pour les catégories supérieures. Si on peut donner un conseil aux équipes, GT comme LMP, gardez un œil sur Pierre-Alexandre Jean et Edouard Cauhaupé car il serait dommage de s’en passer. Saintéloc Racing l’a bien compris…