Il y a un an quasiment jour pour jour, lors d’un déjeuner à Dubai, Pierre-Brice Mena nous détaillait le programme 2019 de GPX Racing qui allait passer par un engagement en Blancpain GT Series Endurance avec une Porsche 911 GT3-R. L’ancien pilote FIA-GT3, qui venait de prendre en charge l’équipe, savait que le défi serait de taille. Un an plus tard, à nouveau lors d’un déjeuner à Dubai, ‘PB’ a de quoi avoir le sourire vu la saison écoulée avec en point d’orgue la victoire aux Total 24 Heures de Spa au nez et à la barbe des équipes les plus rompues aux courses GT3.
N’oublions pas non plus la 2e place des 24 Heures de Portimao, les 3e places aux 24 Heures de Barcelone et 9 Heures de Kyalami, mais aussi la progression de l’équipage Silver au fil de la saison. En moins d’un an, GPX Racing s’est fait un nom sur la scène GT3 et l’aventure est loin d’être terminée. Avant d’aborder les 12 Heures d’Abu Dhabi où deux Porsche 911 GT3-R seront au départ, Pierre-Brice Mena a fait le point avec nous sur cette année 2019 un peu folle.
Surpris de cette première saison en GT3 à haut niveau ?
“Les investissements ont été faits pour faire les choses bien, aussi bien sur le plan humain que matériel. Cette belle saison est juste la récompense d’un gros travail effectué en amont. On a mis bout à bout un tas de petites choses. On peut comparer cela à de la cuisine où il faut les bons ingrédients pour un bon gâteau. C’est exactement ce qu’on a fait depuis le début du programme GT3. Lors de la Journée Test des 24 Heures de Spa, nos trois pilotes nous ont établi une liste de choses à faire, un peu comme une liste de courses. On a tout pris point par point. Avec Michael (Christensen), Richie (Lietz) et Kévin (Estre), nous avions les bons chefs. Il fallait juste savoir à quel moment ôter le gâteau du four.”
Vous avez conscience du chemin parcouru en un an ?
“Il y a un an, on se lançait en Blancpain GT Series Endurance. On savait que la marche serait importante et on nous avait limite découragé de nous lancer si tôt dans cette aventure. Nous somme arrivés à Monza sur la pointe de pieds, un peu à l’image du Petit Poucet. Tout le monde nous avait rabâché qu’on arrivait dans un milieu très professionnel. On a travaillé notre sujet en arrivant avec un package intéressant.”
Pourtant, Monza n’a pas été simple…
“Après Monza, on s’est demandé si on avait fait le bon choix. Le programme s’est finalisé assez tard, la première Porsche est arrivée juste avant les Essais Officiels, mais toute l’équipe était contente d’y aller. L’effectif technique est le même que celui qui nous suivait en Renault R.S.01. Là, on s’est dit qu’on allait en Champions League. Monza n’a pas répondu à nos attentes, mais Silverstone et le Paul Ricard nous ont permis de comprendre pas mal de choses.”
A ce moment-là, il n’était pas encore question d’aller aux Total 24 Heures de Spa avec une Porsche pour la gagne ?
“Les gens de chez Porsche sont venus nous voir au Paul Ricard dix minutes avant le départ de la course pour savoir si nous serions intéressés pour aligner une auto en Pro. Pour eux, c’était Spa avec trois Champions du Monde d’Endurance dans la voiture. Au début, on a même cru à une blague (rires).”
La préparation n’a pas été simple…
“On a manqué de temps car il a fallu gérer la Journée Test des 24 Heures de Spa et les 24 Heures de Portimão qui étaient la même semaine. Nos pilotes ont donc pu rouler une seule journée à Spa, mais on a écouté ce qu’ils nous ont fait comme retour. On voulait se servir de leur expérience pour aller de l’avant. Sans la confiance de Porsche et des pilotes, nous n’aurions pas pu le faire. A partir de là, il n’était pas permis de se louper. Les deux ingrédients de base sont la voiture et les pilotes.”
Vu le plateau à Spa, il était question de victoire ?
“Quand on prend le départ d’une course, quelle qu’elle soit, on espère faire un bon résultat. On avait tout de même trois champions du monde avec nous. La préparation était bonne, mais il fallait que toutes les étoiles s’alignent. Il faut aussi un brin de réussite, mais cela ne suffit pas. On gagne d’une manière incroyable avec 3 secondes d’avance. C’est tellement peu que nous n’avons même pu fêter cela sur le muret au damier tant nous étions scotchés sur les écrans dans le stand.”
J’ai le souvenir d’un café pris le dimanche matin dans le stand pendant le drapeau rouge où nous avions échangé sur une possible victoire…
“Même là, on ne pouvait pas y croire. On se dit qu’il peut encore arriver tant de choses…”
Vous avez été séduit par l’événement des Total 24 Heures de Spa dans son ensemble ?
“L’événement est incroyable et gagner cette course change beaucoup de choses. C’est comme si la même année tu gagnes la Coupe du Monde de Football et les Jeux Olympiques. Il y a plus de 70 autos au départ, toutes d’une même catégorie. Quand on rentre sur le circuit, c’est impressionnant. Tu as envie de prouver que tu n’es pas là par hasard. Gagner Spa offre de nouvelles opportunités comme celle de disputer Kyalami. Entre les deux, nous avons fait une belle saison en 24 Heures Series.”
GPX Racing est passé à deux doigts de rééditer l’exploit à Kyalami…
“L’équipe a dominé tout le week-end. On a juste confirmé que la victoire de Spa n’était pas le fruit du hasard. Pour nous, c’était important. On doit notre présence à Kyalami à la demande de Porsche et, de notre côté, on a poussé pour avoir le même trio qu’à Spa. Lors de la Night of Champions organisée le week-end dernier chez Porsche, on a compris qu’on faisait partie de la famille Porsche.”
Quel est l’avenir de GPX Racing ?
“On attend de voir, mais l’idée est d’être présent en GT World Challenge Europe Endurance Cup avec deux Porsche et l’envie de disputer l’Intercontinental GT Challenge est dans un coin de notre tête. Nous n’avons pas envie de nous arrêter là. Les premiers chapitres ont été écrits, mais il en reste d’autres. Les 24 Heures du Mans 2021 figurent sur l’agenda de GPX Racing.”